Giovanni Privitera refait le match du 26 mai 1993

26 mai 1993. Une date mythique dans l’histoire de France. L’Olympique de Marseille remporte ce jour-là la Ligue des champions. Une première dans le foot français. Vingt-neuf ans que ça dure. Dans son nouveau livre, Giovanni Privitera refait le match avec une famille de supporters du cru.

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Lire le nouveau livre de Giovanni Privitera, 26 mai 1993, quand on est une supportrice invétérée de l’OM depuis son enfance, c’est forcément un cadeau. On sourit en regardant la couverture et le coup de tête de Basile Boli dans un téléviseur Panasonic à antennes métalliques…

L’un de ces deux enfants de dos, les yeux rivés sur l’écran, c’est moi ! Le bleu OM du titre se détache et fait briller l’étoile incrustée sous le sous-titre : « chronique enflammée ». Ce détail subtil illumine les yeux des fans. La première et la dernière pages du livre sont bleu OM, elles aussi. Elles donnent la sensation d’enfiler le maillot aux couleurs du club. Sur ces pages vierges, l’histoire s’écrit en bleu et blanc. Respect à l’éditeur pour ce choix qui donne le frisson.

Une feuille de match de 161 pages

En 90 minutes, on avale les 161 pages de cette feuille de match racontée par un garçon de 12 ans. Ce mercredi 26 mai 1993, la journée télé commence avec le Club Dorothée… rue Sainte-Barbe, dans le quartier de la Belle-de-Mai, à Marseille, comme à La Racineuse, petit village de Saône-et-Loire. Pas d’exception culturelle à ce rituel, si ce n’est que les animateurs portent une écharpe de l’OM. Moi aussi d’ailleurs. J’ai dormi avec elle. Mais je ne porte pas mon maillot Panasonic aux trois bandes, il est posé sur mon lit. Il verra le match sur la couette, sans un pli, entouré de quelques grigris alignés en 3-4-3. Interdiction de changer de poste.

Mulet ou amulette ?

Dans la famille marseillaise que nous raconte Giovanni Privitera, on retrouve ces superstitions de supporters. Le fauteuil du papa en plein milieu de la pièce, la tenue de vainqueur de Momo, les Gauloises brunes sans filtre du paquet bleu. On est dans le « vécu Coco ». C’est si vrai qu’on ne lit pas les phrases avec ses yeux, mais avec son cœur. Les mots de l’auteur font sortir les souvenirs de leur boîte… Plus les chapitres passent, plus l’ouvrage devient autobiographique. Et c’est là, la magie de ce récit. Chacun se dit que c’est son histoire.
Que Chris Waddle est parti mais qu’il nous fait encore rêver. D’ailleurs, on porte sa coupe de cheveux. Le mulet ou l’amulette de la victoire ? On connaît la fin de l’histoire.

L’histoire de la fierté marseillaise

La tête de Basile Boli n’enlève rien au suspense, au stress et à l’émotion distillés dans ce livre. Le Milan AC presse. L’OM se défend avec ses guerriers. La victoire ne peut pas lui échapper cette fois. On oublie les larmes de Bari – encore l’Italie, décidément – et on « Jump » de joie. A jamais les premiers pour l’éternité et l’unité du peuple marseillais. Bien au-delà de la cité phocéenne. Ce livre, cette date, ce match, cette équipe, cet entraîneur sorcier belge, ce boss de président, construisent aujourd’hui encore la fierté d’être Marseillais.

Une force phocéenne qui élève, dans le ciel de Munich, la coupe aux grandes oreilles. On comprend alors qu’elle est universelle en refermant le livre sur ce bleu OM.

26 mai 1993, de Giovanni Privitera, éditions Melmac ; 12 € ; https://www.themelmaccat.com

Livre 26 mai 93

Questions à… Giovanni Privitera, un écrivain qui tourne rond

Giovanni Privitera, 37 ans, enseigne à Sciences Po Aix-en Provence et à la faculté de Droit d’Aix-Marseille Université. Passionné de football, 26 mai 1993 est le quatrième livre de ce sociologue. Il le dédicacera jeudi 26 mai, de 11 h à 13 h, à la Maison Montgrand, à Marseille (35 rue Montgrand, 6e arrondissement).

D’où vous vient votre amour du foot ?

Enfant, je rêvais d’être footballeur professionnel et je pensais sincèrement le devenir. A 15 ans, j’ai compris que mon niveau ne suffirait pas. J’ai gardé la passion, transmise par mon père et mes trois grands frères. Tous supporters de la sélection nationale italienne et de Palerme.

Comment avez-vous écrit ce livre qui fait date, 26 mai 1993 ?

J’avais la trame du récit avant de choisir le match. Guidé par mes souvenirs de supporter de l’équipe d’Italie. Des moments de ferveur partagés avec mon père. Avec un éditeur marseillais (Melmac), le choix était une évidence. Marseille est la ville la plus latine de France. L’OM est le club le plus populaire de l’Hexagone. Et puis 1993, c’est ma génération. J’avais 8 ans à l’époque. Les premiers matches de foot, ce sont ceux de la Coupe du monde 90 en Italie.

Cette fiction de terrain est-elle autobiographique ?

Le narrateur a 12 ans. Je peux être lui. Ce livre est d’abord un récit de supporter. N’importe quel passionné de foot peut s’y retrouver. Il parle des rituels et de la peur de perdre, qui peut faire oublier que la victoire est belle. C’est un portrait autobiographique du fan. En décrivant ses manies, ses envies, ses habitudes, ses colères, ses joies, il devient, à mon sens, universel. C’est l’intention.

Que vous a apporté votre passion du ballon rond ?

Une ouverture sur le monde. Une soif de culture. Dans le livre, je parle des douze tomes rouges de l’encyclopédie Tout l’Univers, achetés à un vendeur qui faisait du porte-à-porte. Le narrateur l’utilise pour en savoir plus sur les villes où se jouent les matches. Le foot peut amener à la culture. C’est mon cas et c’est formidable.

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