Hôpital Saint-Joseph, un centenaire plus solide que jamais

C'est la plus grande maternité de la région avec 5 000 naissances par an. Et le premier hôpital privé à but non lucratif de France. Fondé en 1919 par un abbé pour secourir les blessés de guerre et les plus nécessiteux, l'Hôpital Saint-Joseph est un maillon essentiel à l'équilibre sanitaire et social de Marseille. Avec trois ans de retard, on célébrait hier son centième anniversaire. L'occasion de se projeter vers le... 22e siècle !

Santé

Il est grand le mystère de la foi, comme aurait pu le dire l’abbé Jean-Baptiste Fouque lorsqu’il fonda cet hôpital en 1919 pour secourir les blessés de guerre et les hommes et femmes les plus nécessiteux dans un port alors parmi les plus flamboyants d’Europe, mais dont la puissance le disputait à la misère des bas-fonds. Ce curé parti de rien, dont la maxime était « Tout est possible à celui qui croit« , serait étonné de voir où son énergie sans concession et sa croyance sans borne ont porté sa création. Très haut.

En ce mois de décembre 2022, ses descendants – les 2000 personnels et finalement les dizaines de milliers de patients – fêtent un siècle de soins, de joie, de peine parfois, mais toujours de solidarité, sans distinction de race ni de religion. Enfin, on a dépassé le siècle de 3 ans… Car, Covid oblige, ces festivités avaient dû être reportées. Mais qu’importe, le moment est beau, une formidable (et très originale) exposition se déploie sur un cube en bois géant dans le hall central et tout le monde peut aller s’en nourrir. Car l’hôpital demeure un lieu de vie à 360 degrés.

1 Marseillais sur 3 est né ici

Qu’on se le dise, le centenaire est alerte ! Tellement d’ailleurs que ses abords sont un chantier permanent d’extension et de restructuration des services. Et à la Salette-Montval, dans le 9e arrondissement, se prépare une antenne de 300 lits, qui jouxtera la maison de retraite médicalisée, elle aussi fondé par l’abbé volcanique. Il était le héraut de ce fameux catholicisme social typique de Marseille encore aujourd’hui.

103 ans donc, et des projets qui propulsent Saint-Joseph pour les décennies à venir, comme s’est plu à le rappeler hier soir devant une foule compacte Antoine Dubout, son président. Soulignant que « Un Marseillais sur 3 est né à Saint-Joseph » – c’est colossal ! – au sein de la plus grande maternité de la région qui voit défiler 5 000 bébés par an, M. Dubout a insisté sur l’attention portée à tout individu, quelles que soient ses origines ou sa fortune. D’ailleurs, des centaines de personnes totalement démunies sont prises en charge gratuitement grâce à l’action des donateurs réunis au sein de la Fondation Hôpital Saint-Joseph, qui finance également des actions de recherche.

Les dernières urgences des quartiers Sud

« C’est un hôpital majeur pour recoudre la ville« , a insisté Olivia Fortin, adjointe au maire de Marseille et dont une aïeule a donné à l’abbé Fouque le terrain pour y édifier la structure de soins. « Ici on est accompagné, on s’y sent bien« , a ajouté Martine Vassal, présidente du Département et de la Métropole Aix-Marseille Provence, se confiant sur les moments de joie mais aussi d’angoisse et parfois de douleur traversés auprès de sa fille hospitalisée puis de sa maman, et rappelant une vérité salutaire : « Les dernières urgences des quartiers Sud de Marseille sont ici« . On pourrait ajouter que ce sont peut-être les plus accessibles, où la prise en charge reste généralement rapide.

Ce qu’ont voulu dire les deux élues peut se résumer dans une question : qui n’est pas passé par Saint-Joseph un jour ? Pour y naître donc pour un tiers des Marseillais, s’y faire soigner, opérer, visiter un proche, accompagner un mourant. Cet hôpital, qui n’a rien de clinquant ni de grandiose, assure un service de proximité pour des centaines de milliers d’habitants et des soins d’excellence ouverts à tous. La réputation des service de cardiologie, de chirurgie cardiaque, de pneumologie, d’ophtalmologie ou de pédiatrie n’est plus à démontrer.

« Nous ne serons plus là dans 100 ans, mais l’hôpital, si ! »

L’équipe emmenée par l’énergique directrice Sophie Dostert et le président de la commission des médecins, le Dr Nicolas Valério, avec Antoine Dubout en soutien, trace une route pour un nouveau bail de cent ans. Hier soir, Mesdames Vassal et Fortin l’ont répété à l’unisson et avec la foi du charbonnier : « Nous ne serons peut-être plus là dans un siècle pour le voir, mais l’hôpital, lui, y sera toujours ».

Au-delà de l’adhésion religieuse qui est affaire privée, perdure fermement la croyance dans la permanence d’une mission d’excellence certes, mais toujours au service du plus petit. Et c’est vrai, malgré les palissades des chantiers quasi incessants, les patients et leurs familles se sentent bien à Saint-Joseph. Comme tout Marseillais, l’auteur de ces lignes peut simplement en témoigner. Quand survient la vie de notre enfant, quand sonne l’heure de la mort de notre père. Nous avons tous en nous quelque chose de Saint-Joseph.

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