La chambre d’agriculture des Hautes-Alpes privilégie les toits agricoles pour développer le photovoltaïque

Environ 3000 bâtiments agricoles vierges de panneaux photovoltaïques ont été dénombrés dans les Alpes du sud. Amiantées ou trop petites pour intéresser les opérateurs privés, ces toitures constituent en revanche une cible de choix pour la chambre d’agriculture et le SyMÉnergie 05, l’autorité qui organise la distribution d’électricité dans les communes adhérentes du département. L’idée est de mettre en place une filière locale et d'impulser une dynamique d’investissement sur le long terme pour le monde agricole

Economie

Quel parti peut-on tirer des toitures de quelque 3000 bâtiments agricoles des Hautes-Alpes, trop petits ou trop amiantés pour intéresser les développeurs privés ?

C’est la question que se sont posée la chambre départementale d’agriculture (CA) et le SyMÉnergie 05 (SyME 05), autorité organisatrice de la distribution d’électricité dans le département pour les communes adhérentes (1). Ensemble, les deux entités ont travaillé à l’élaboration d’une stratégie pour faire face aux nouvelles conditions de développement du photovoltaïque et notamment l’interdiction du cumul des aides. L’idée est donc de mettre en place une dynamique d’investissement sur le long terme pour le monde agricole.

 

Renouveler les toitures vétustes et les rendre productives

« Les développeurs privés cherchent des bâtiments existants de plus 500 m², ou proposent des bâtiments neufs standardisés sans rapport avec les besoins. Nous avons donc eu l’idée de reprendre les dossiers compliqués avec de l’amiante. La centrale est payée par le tarif d’achat et des subventions peuvent être touchées pour le désamiantage, explique Stéphane Raizin, directeur du SyME 05, qui table sur un amortissement des coûts sur 20 ans. Selon lui, cela va permettre de ne plus avoir de souci d’amiante sur les projets de reprise d’exploitations et de renouveler ces toitures vétustes, qui sont nombreuses dans nos territoires de montagnes. »

 

©GM

 

Préserver les terres cultivables

Une volonté qui s’accompagne d’une grande prudence du côté des élus consulaires. « Nous sommes opposés au photovoltaïque au sol sur les terres agricoles, rappelle ainsi Eric Lions, président de la CA 05, qui a souhaité trouver une alternative en utilisant les toits existants, amiantés ou non, pour le photovoltaïque. En travaillant à grande échelle, insiste-t-il, nous pouvons mettre en place une véritable économie circulaire, avec des acteurs locaux et non pas des investisseurs extérieurs. Nous sommes là pour commencer le travail, plaide ainsi Eric Lions. Et si, après, il fait des petits, c’est très bien ! »

 

Alimenter les véhicules électriques

L’électricité issue de ces toitures, verte et locale, doit d’abord servir à alimenter les véhicules électriques du SyME 05, qui a d’ailleurs prévu de privilégier cette énergie pour ses déplacement dans les prochaines années. Il n’y a donc pas de recherche de profit.

Le projet a été soumis à la Région, qui a son propre plan de développement du solaire, mais aucune stratégie établie pour pallier la perte du cumul des aides. Un partenariat financier semble est en cours de discussion et l’idée est de mettre également l’État dans la boucle a germé, les chambres d’agriculture étant placée sous sa tutelle et l’amiante étant une matière polluante qu’il a la responsabilité d’éliminer depuis son interdiction, en 1997.

 

Mettre en place une filière locale

Outre la production électrique, l’objectif de ce partenariat est de permettre à une filière locale de désamiantage d’émerger, en sollicitant des entreprises locales pour le stockage et l’évacuation de l’amiante. L’outil qui naitra de cette association prendra la forme d’une Société d’économie mixte (SEM), dont le nom de travail est AgriDev05. Elle sera chargée de lancer tous les ans des appels à manifestations d’intérêt (AMI) auprès des agriculteurs, pour construire des centrales de production sur des bâtiments existants ou neufs. Elle aura également pour mission d’assurer les études de faisabilité, de rechercher les financements complémentaires en cas de désamiantage, d’initier la professionnalisation d’une filière de démantèlement et de traitement de l’amiante, de massifier annuellement les commandes de désamiantage pour réduire les coûts, de contractualiser avec les propriétaires « sans rechercher de gains financiers outranciers » et, enfin, de se positionner comme acteur local de proximité pour assurer l’exploitation et la maintenance de ces petites centrales en toiture.

  • (1) : Toutes sauf Gap, Briançon et Saint-Martin-de-Queyrières

Alexandra Gelber

 

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin.fr

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