L’agrivoltaïsme dynamique fait ses preuves à La Pugère

Sun’Agri a publié les derniers résultats de son expérimentation conduite à La Pugère, dans les Bouches-du-Rhône, en partenariat avec l’Inrae. Constat encourageant avec des arbres fruitiers qui consomment moins d'eau, souffrent moins de la chaleur et du gel sous les persiennes photovoltaïques qui produisent de l'électricité

Economie

Lancée il y a 3 ans à la station d’expérimentation arboricole de La Pugère, à Mallemort (Bouches-du-Rhône), le procédé développé par Sun’Agri pour produire à la fois de l’électricité verte et des fruits commence à livrer des résultats probants. A l’inverse des toitures recouvertes de panneaux fixes, ce système permet de moduler l’ombrage apporté aux cultures, grâce à des panneaux photovoltaïques mobiles montés sur trackers, en fonction des besoins physiologiques des plantes. L’ensemble est piloté par des algorithmes construits pour privilégier la production agricole avant la production électrique. Selon les résultats enregistrés par les scientifiques, ce procédé d’agrivoltaïsme dynamique permet de réduire l’impact d’un excès de rayonnement solaire et de fortes chaleurs sur le pommier. Ils révèlent également que « grâce à la protection agrivoltaïque, les pertes peuvent être fortement diminuées, voire totalement évitées ». Comme en 2019, l’Inrae constate également une réduction des températures foliaires journalières maximales (jusqu’à -4°C en 2019, -3°C en 2020) sous les persiennes agrivoltaïques. Les mesures ont été effectuées par les capteurs infrarouges dirigés vers la canopée. Une protection des plantes face aux phénomènes de gel printaniers tardifs a aussi été mise en évidence.

Les panneaux du dispositif agrivoltaïque s’orientent horizontalement, parallèles au sol, couvrent près de 40 % de la surface projetée au sol lorsque les températures deviennent trop faibles. La chaleur du sol emmagasinée durant la journée peut ainsi être mieux conservée la nuit jusqu’à l’aube. Ces quelques degrés supplémentaires sous le dispositif par rapport à la zone témoin sont particulièrement bénéfiques lorsque la température approche le 0°C, afin d’éviter le gel et protéger notamment les organes les plus sensibles de l’arbre, comme les bourgeons et les fleurs.

Les chercheurs constatent par ailleurs que les fruitiers plantés sous les persiennes ont perdu moins d’eau eau par évaporation et par transpiration des feuilles que ceux qui poussent en plein champ. Leurs réserves hydriques sont restées plus élevées que celle du verger témoin sur toute la période estivale irriguée, en dépit de quantités d’eau apportées inférieures. Il a ainsi été constaté une économie d’eau sensible sous persiennes, avec des apports en irrigation jusqu’à 30 % inférieurs par rapport à la zone témoin en 2019. Concernant la qualité de production cette année là, fermeté, couleur, teneur en sucre et en amidon, calibre et poids répondaient aux indicateurs de commercialisation. Les expérimentations de 2020 ont permis de mettre en évidence un effet de l’ombrage sur le retour à fleur et la chute physiologique sur fleurs/jeunes fruits.

L’hypothèse est donc qu’un ombrage à certaines périodes clés de l’induction florale et du développement précoce du fruit pourrait permettre potentiellement de s’émanciper des interventions d’éclaircissage très chronophages et/ou consommatrices de produits chimiques.

Alexandra Gelber

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin.

 

 

 

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