Le Bleu du Queyras va avoir son Appellation d’origine protégée

Alain Chaix, vice-président de la caisse régionale Alpes Provence du Crédit Agricole, et Éric Barreau, cadre de ladite caisse, ont remis le chèque de 5000 € qui complète l’aide déjà accordée à l'association interprofessionnelle du Bleu du Queyras

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L’association interprofessionnelle du Bleu du Queyras ne manque pas d’ambition. Elle vient en effet d’initier une demande, en vue d’obtenir une appellation d’origine protégée (AOP) pour son fromage, et valoriser ainsi une production ciblée et l’ensemble de la filière. Au côté de la structure associative, la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes apporte ses services et ses expertises.

La Région, le Département et le Crédit Agricole Alpes Provence soutiennent financièrement le projet. En plus de l’aide déjà accordée, la banque verte a d’ailleurs remis un chèque de 5000 € supplémentaire à l’association, lors de son assemblée générale, fin janvier à Embrun. Une aide cruciale pour la filière, qui a besoin de concours financiers extérieurs pour mener son projet à bien. A titre d’exemple, l’achat des moules nécessaires à la fabrication des fromages dans les divers ateliers représente à lui seul 40 000 €. C’est pourquoi d’autres financement ont été sollicités, notamment via le programme européen Leader.

La cave d’affinage de la Coopérative Laitière des Alpes du Sud à Montdauphin ©DVDM

2021, année charnière

« L’année 2021 a été une étape majeure pour l’association, souligne Alexandre Lagier, son président. Nous avons retenu l’étiquette qui sera apposée sur les fromages, fait l’acquisition d’une cuve pour la fabrication de fromages au Salon de l’agriculture et au Salon du fromage, et fait le point régulièrement avec l’Inao (1), qui nous aide dans la démarche d’AOP ».

Une douzaine de producteurs de lait et trois fromageries – La Durance, Fontantie et la coopérative laitière Alpes du Sud – adhèrent à ce jour à l’interprofession Bleu du Queyras. Le potentiel de développement est plutôt bon, puisque 69 producteurs sont présents sur la zone. Tous ne sont pas éligibles au regard des critères requis, mais les perspectives de développement du nombre d’adhérents, donc de la production, sont réelles.

La zone délimitée pour la future AOP inclut le Queyras-Guillestrois, le Briançonnais, l’Embrunais et le Champsaur-Valgaudemar. Une précision dans la limite géographique sera apportée par l’Inao pour ce qui concerne le secteur du col Bayard, à cheval sur le Champsaur et la commune de Gap. Autant d’éléments qui forment le cahier des charges, fruit d’une réflexion qui a mûri ces quatre dernières années. On notera également au passage que la tome du Champsaur pourrait elle aussi faire l’objet d’une demande de même nature pour obtenir à moyen terme un signe de qualité spécifique.

Afin de définir l’aire géographique de production et de transformation du lait, deux critères ont été particulièrement étudiés : le milieu naturel et les usages historiques constants. Pour ces derniers, beaucoup de participants ont découvert avec étonnement que 91 fruitières « historiques » étaient présentes sur le territoire concerné il y a des décennies. Des producteurs de lait faisaient déjà du Bleu du Queyras sans le savoir !

 

Bleu doux du Queyras de la Ferme de Chagne ©DVDM

 Un beau potentiel

Freiner la baisse du nombre de producteurs de lait sur le département et consolider une filière laitière fragilisée ont été à l’origine de l’association interprofessionnelle. La chambre consulaire, les conseils départemental et régional y ont vu l’opportunité d’oeuvrer en faveur de l’agriculture de qualité et, au-delà de son maintien en zone de montagne, d’un développement raisonné, ainsi que du pacte alimentaire territorial.

Laurent Medori, ingénieur territorial de l’Inao, confirme qu’il y avait lieu « de reconnaître un savoir-faire et qu’il convient de le rendre opérationnellement rentable car il y a un beau potentiel. Et le marché est là ! »

Christian Hubaud, conseiller départemental, précise que « le Département veut aider la filière laitière davantage qu’il ne le fait à l’heure actuelle ». Le Bleu du Queyras, projet déjà abouti puisque la production effective sera lancée au cours de l’été prochain, connaîtra de nouveaux développements en 2022. Quant à l’obtention de l’AOP, elle interviendra au terme du processus habituel, qui suscitera sans doute une certaine impatience, mais qui récompensera une action de premier ordre.

  • (1): institut national des appellations d’origine

Maurice Fortoul

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin.fr

 

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