Le combat contre la précarité au féminin : l’exemple innovant de You go Girls

Des chiffres sans appel. Le constat est terrible et accablant : dans les quartiers prioritaires des villes de la région et notamment à Marseille, une femme sur deux est « en dehors » de l’emploi. Cette situation n’est pas forcément connue, alors que ces territoires comptent 25 % de mères isolées contre 15% dans les autres quartiers et qu’une femme sur six y est en sous-emploi, contre 1 sur 10 ailleurs.

société

Innover socialement

La réponse ne peut être que dans l’innovation sociale, pour lutter contre un fléau le plus souvent invisible, car les femmes concernées sont hors des radars traditionnels, notamment ceux  des services publics de l’emploi. Le projet You go Girls qui répond à l’appel à projets, lancé par le plan d’investissement dans les compétences de l’État a été lancé à Marseille, à La Penne-sur-Huveaune et à Aubagne. La mobilisation d’un nombre considérable d’acteurs vise d’abord à sécuriser les femmes de 18 à 30 ans en situation de précarité, et qui ont souvent subi des violences psychologiques voire physiques.

C’est donc par le logement que commence ce parcours  très rythmé, avec quatre mois de reconstruction en résidence, suivi d’un accompagnement  d’une année qui doit permettre aux participantes de prendre ou de reprendre pied dans une vie « normale » Le point initial, c’est de redonner confiance à ces jeunes femmes, afin qu’elles trouvent  dans de multiples et diverses activités un équilibre et des perspectives d’avenir.

Un process rapide et original

Entre janvier et septembre 2022, deux promotions de 15 participantes sont accueillies discrètement dans une résidence gérée par SOLIHA PROVENCE, où une prise en charge globale leur est consacrée. Ensuite, les jeunes femmes, libérées d’un certain nombre de contraintes sociales, y compris celle concernant leurs enfants, participent à des activités dans des domaines qui peuvent être liés ou non à leur emploi futur, comme la culture avec le Festival d’Aix et l’opéra, ou le sport avec le Cercle des Nageurs de Marseille.

L’accompagnement, clef de l’opération

Accompagnées par de véritables coachs, dont certains formés par l’association Massajobs, qui suivent les parcours de ces personnes en reconstruction, ces jeunes femmes en rupture partent à la rencontre de différents acteurs et entreprises susceptibles de leur proposer des projets, et de faciliter leur inclusion professionnelle. Les participantes du programme You go Girls découvrent  ainsi une multiplicité de secteurs, d’actions, de missions qui doivent les amener à des certifications de compétences dites douces (les fameuses soft skills), pour simplifier les règles de savoir-être indispensables pour reprendre pied dans la société.

Un collectif de partenaires

Plusieurs grandes entreprises du territoire, la SNCF, AG2R La Mondiale, SOLIHA sont partenaires de You go Girls, associées à La Cité des Métiers, la Cité de l’Agriculture,  le MUCEM, le Parc national des Calanques, le festival d’Aix et le Cercle des Nageurs de Marseille.

Le chef d’orchestre de You go Girls est Evolio, un incubateur d’innovations sociales et environnementales, une filiale du groupe LA VARAPPE fondé par Laurent Laik. Evolio, présidé par Marc Low, porte dans la région des projets innovants à fort impact, notamment dans le cadre d’ateliers et de chantiers d’insertion. Son expérience est essentielle dans le projet avec, pour les jeunes femmes qui y participent, une évolution du parcours professionnel garantissant un cadre de travail structurant, des programmes de formation et un suivi renforcé de leur retour à l’emploi.

Aller-vers….

Le Ministère du Travail finance l’opération You go Girl, par le Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC), dénommé « repérage des invisibles », une terminologie  qui prend tout son sens quand on connaît le quotidien de ces femmes exposées à la précarité sous toutes ses formes.

Le combat est loin d’être gagné, mais la volonté, selon l’expression consacrée aujourd’hui, d’aller-vers, de tous les partenaires de You go Girls , et l’innovation sociale déployée, laissent espérer un avenir meilleur pour les jeunes participantes.

Yves BLISSON

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