Le Frac veut sortir de sa coquille

La nouvelle direction du Fonds régional d’art contemporain (Frac) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont le siège est à Marseille, entend davantage faire rayonner sa collection, composée de 1300 œuvres de 600 artistes, dans les six départements du territoire. Immersion dans le nouveau bâtiment du Frac, implanté depuis 2013 à la Joliette, avec Caroline Pozmentier-Sportich, la nouvelle présidente, et Muriel Enjalran, la nouvelle directrice

culture

Muriel Enjalran, la nouvelle directrice du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, a de nobles ambitions pour l’institution qu’elle dirige. Après avoir rappelé que « l’ADN des Frac est de constituer des collections publiques d’art contemporain pour pouvoir les diffuser au plus large public possible, elle assure qu’en dépit de sa relative discrétion, le réseau des Frac est présent tout au long de l’année dans les écoles, les prisons, les centres sociaux, les établissements pénitenciers, afin d’animer différentes opérations. Peu de gens connaissent tout ce que nous faisons. Notre volonté à Marseille et dans sa région est de davantage ouvrir le Frac et de mieux le faire connaître. »

Le bâtiment du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille. © JC Lett – Agence-Kuma & Associates – Agence-Toury-Vallet

Les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) fêteront leurs 40 ans en 2023, mais ces institutions créées en 1982 sur la base d’un partenariat entre l’Etat et les Régions restent encore méconnues.

L’entrée du Frac à Marseille, rue de Dunkerque. © Bruno Angelica

La volonté de pousser toujours plus une politique : « hors-les-murs »

« Mon ambition est de lui donner plus de visibilité, explique Caroline Pozmentier-Sportich, sa nouvelle présidente élue pour trois ans. Il doit être une vraie tête de réseau, un objet monde, un lieu totem. Car le Frac possède un contenu de documentation considérable. »

Organisés sous forme d’association, les Frac sont le fruit des politiques de décentralisation mises en place à partir de 1982, avec mission pour eux de démocratiser l’art contemporain. Notamment en constituant des fonds à l’échelle régionale, afin non seulement de soutenir les artistes, mais aussi de diffuser l’art contemporain partout, notamment dans les zones dites « blanches », les plus éloignées de la culture. « Notre volonté est de pousser toujours plus cette politique hors-les-murs », assure Caroline Pozmentier-Sportich.

Caroline Pozmentier-Sportich, la présidente du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. © Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur / François Deladerrière

Une forte orientation originelle tournée vers la mission éducative et pédagogique

Installé depuis 2013 dans le quartier de La Joliette, à Marseille, où la collectivité régionale a fait sortir de terre le haut bâtiment blanc conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma, le Frac est à la fois un lieu d’exposition de l’art contemporain régional, mais aussi un lieu de conservation, avec une collection en perpétuelle évolution et qui entre et sort de l’édifice à la demande.

Muriel Enjalran, la directrice du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. © Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur/Laurent Lecat

« Dans les écoles, les autres musées de la région, les musées nationaux et même internationaux, nous dénombrions en moyenne 800 diffusions par an avant le Covid », souligne la présidente du Frac Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur. Selon elle, « il faudra à l’avenir savoir trouver le juste milieu pour orchestrer nos différentes missions. A la fois soutenir les artistes, participer au développement économique de l’art contemporain et maintenir le cap de la forte orientation originelle des Frac, tournée vers les missions éducative et pédagogique. »

La terrasse du bâtiment du Frac à Marseille qui s’ouvre sur les Docks et le nouveau quartier de la Joliette. © Bruno Angelica

Un partenariat renouvelé avec Aix-Marseille Université

Les écoles ont toujours constitué le premier public des Frac, au même titre que les grandes universités. Le Frac régional doit d’ailleurs renouveler ce vendredi 18 mars son partenariat avec Aix-Marseille Université (AMU), afin de faciliter notamment l’accueil et l’accès des doctorants et des chercheurs à son centre de documentation.

Permettre une meilleure identification du bâtiment du Frac régional sera l’un des principaux challenges à relever pour sa nouvelle directrice, qui entend multiplier les échanges et améliorer la circulation avec les autres musées à proximité que sont le Mucem, Regards de Provence et le futur Cosquer Méditerranée. Autre challenge: attirer un nouveau public dans les expositions temporaires programmées tous les 4 à 6 mois. « Dans les écoles, nous avons su former un jeune public qui a su revenir plus tard » observe Muriel Enjalran. « Nous devons maintenant réussir à faire venir les parents ! »

Le Frac entend plus que jamais pousser sa politique « hors-les-murs ».  © Bruno Angelica

Réflexion sur le nom et la gratuité

Le manque de visibilité du bâtiment à Marseille pourrait être bientôt atténué par un nouveau nom et une communication plus cohérente. La gratuité de l’entrée est également étudiée, pour motiver un plus grand nombre de personnes à franchir les portes. L’art contemporain peut en effet intimider le public non averti.

Et c’est là tout l’enjeu de ces réflexions : permettre à ces personnes de surmonter leur appréhension en les accompagnant durant leur découverte. Le défi de la nouvelle équipe sera de mener à bien cette mission et de prouver que le « fonds » de la riche collection conservée à la Joliette constitue la vraie richesse du Frac, davantage que la forme moderne et très verticale de son nouveau bâtiment.

Crédit vidéo : Bruno Angelica pour MProvence

Informations pratiques

Ouverture tous publics du mercredi au samedi de 12h à 19h, le dimanche de 14h à 18h. Les mardis hors-champ : journée hebdomadaire dédiée à la découverte du Frac par de nouveaux publics et groupes. Ouvert uniquement aux groupes et sur rendez-vous : reservation@frac-provence-alpes-cotedazur.org

Fermé les lundis et jours fériés. Entrée : 5 € (plein tarif) et 2,50 € (tarif réduit) pour les moins de 25 ans et plus de 60 ans, étudiants, titulaires de la carte « city pass » (sur présentation d’un justificatif en cours de validité). Entrée gratuite les dimanches.

Photo de Une : Le bâtiment du Frac régional à Marseille qui s’élève vers le ciel à la Joliette. © Bruno Angelica

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