Le nouveau SAMU de Marseille sera encore plus puissant

861 000 appels par an, 17 000 interventions en ambulance médicalisée, 800 secours en hélicoptère. Et ça n'en finit plus de monter... L'APHM a lancé hier la reconstruction du 2e plus gros SAMU de France sur le site de la Timone. Objectif : offrir aux 300 soignants un lieu de travail adapté, faire face à l'accroissement des urgences et être paré à toutes les menaces. Ses équipes peuvent intervenir jusqu'en Corse et en Occitanie en cas de force majeure.

Santé

Monter des murs, c’est un boulot d’expert. Et manifestement le président de la Région Sud-PACA en connaît un rayon dans ce registre. Ni une ni deux, hier matin sur un terrain vague derrière l’hôpital de la Timone, Renaud Muselier s’est emparé d’un parpaing pour commencer à édifier l’enceinte du nouveau SAMU zonal de Marseille sous l’oeil amusé de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin. « Attention à la cravate! » lui a-t-elle lancé alors qu’il finissait le scellement à grands coups de truelle.

Ambiance radieuse, comme la météo, pour amorcer un projet immobilier stratégique pour la santé des Provençaux. Car le centre 15 de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (APHM) ne cesse de développer son activité. Une tendance nationale lourde, comme l’a rappelé la ministre : « En 30 ans, le nombre de passages aux urgences a doublé. »

 

Aller plus vite auprès des blessés

Cette inflation du recours aux ambulances médicalisées voire à l’hélicoptère est particulièrement prégnante dans les Bouches-du-Rhône : le SAMU 13 – qui est le 2e de France par sa taille – reçoit 2 360 appels par jour, organise la prise en charge par les secours locaux, dépêche 46 ambulances médicalisées et fait décoller l’hélico 2 à 3 fois chaque jour. Or, depuis des décennies, les équipes du SAMU sont contraintes dans un bâtiment vétuste et peu fonctionnel pour les 300 agents qui l’animent 365 jours par an et 24H/24. La circulation des véhicules – le nerf de la guerre, quand chaque seconde compte sur une crise cardiaque ou un accident de la route – sera ainsi accélérée.

Le Conseil régional a injecté 6 millions d’euros dans le chantier de 4 500 mètres carrés, soit un quart du budget total de 23 millions. « On n’était pas obligé de le faire », a rappelé Renaud Muselier, qui a glissé au passage que ce projet avait été amorcé… il y a six ans déjà. Il était donc temps d’aligner les moellons ! D’ailleurs, cet équipement vital pour la population lui tient particulièrement à coeur, lui qui a fait ses armes de jeune médecin en partie dans ce service.

Renaud Muselier : « J’y ai passé ma vie ! »

« J’ai passé ma vie aux Urgences ! Un médecin c’est : « diagnostic – traitement – résultat ». C’est le même métier qu’en politique ! Au SAMU on a cette pression et cette angoisse du résultat. Le SAMU zonal exerce un rôle régional pour les interventions en hélicoptère. Il peut aller jusqu’en Occitanie et en Corse à l’occasion de grands événements sanitaires comme des catastrophes ou des actes terroristes. »

L’autre volet mis en avant par le président de Région comme par la ministre de la Santé touche à la formation des personnels soignants. Parfois pénibles à exercer, souvent mal rétribuées, les professions médicales et paramédicales ne faisaient plus rêver les jeunes. Le Ségur de la Santé aurait permis d’inverser la tendance, les vocations seraient de retour alors que de nombreux services, à Marseille et partout, ferment des lits et même des blocs opératoires, faute de personnels ! Quant à la pénurie de médecins généralistes, elle confine à l’urgence sanitaire, notamment dans les zones rurales et certains quartiers urbains.

La ministre de la Santé Catherine Vautrin s’exprime en présence de Renaud Muselier, François Crémieux et Sabrina Agresti-Roubache.

Des collectivités aussi généreuses : unique en France

« On a réussi une belle campagne de recrutement« , a confirmé depuis le chantier du SAMU François Crémieux, directeur général de l’APHM, avant d’élargir son propos : « Le projet « Marseille en Grand » et la venue du Président de la République ont permis de compléter le budget pour rénover les bâtiments de grande hauteur » datant des années 60 et 70. Nulle part ailleurs en France on observe un tel engagement des collectivités territoriales. La Ville, le Département, la Métropole et la Région ont donné 120 millions d’euros. » Les élus présents, dont Martine Vassal, présidente du Conseil départemental 13 et de la Métropole Aix-Marseille, pouvaient savourer.

Le SAMU représente une (grosse) brique dans la vaste rénovation des hôpitaux marseillais passablement délabrés (et lourdement endettés) que pilote François Crémieux. Le projet intitulé « Cap sur 2030 » dépasse les 600 millions d’euros (M€) grâce à une dotation de l’Etat de 479 M€ – l’effet « Marseille en Grand » joue à plein – et touche tous les sites de l’APHM (Hôpital Nord, La Conception, Sainte-Marguerite et Salvator au Sud, et bien sûr la Timone qui emporte le gros du morceau avec la livraison en 2028 d’un pôle Femmes-Parents-Enfants pour 268 M€, la rénovation à l’horizon 2030 du paquebot historique de 13 étages pour 180 M€ ou la réalisation déjà effective du Biogénopôle moyennant 46 M€).

Le nouveau SAMU sera installé à l’extrémité du site de la Timone, en contrebas de la voie ferrée.

Des « preuves d’amour » signées Emmanuel Macron !

Commentaire de la secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville et du plan « Marseille en Grand », Sabrina Agresti-Roubache, se félicitant du soutien de l’Etat : « L’amour c’est bien, les preuves d’amour c’est mieux, et le Président de la République nous en fait tous les jours. » Native de Félix-Pyat dans le 3e arrondissement, elle sait bien qu’à « Marseille, les hôpitaux sont plus qu’une infrastructure médicale. » En effet, l’Assistance Publique est de loin le premier employeur de la ville et de la région. La Timone, Nord ou Conception sont carrément des lieux de vie, et de brassage social car les services d’excellence attirent les patients de tous les quartiers. Ce sont des lieux de recours qui assurent, et qui rassurent.

Livraison fin 2025

Le bâtiment du SAMU devrait être livré fin 2025. Sa nouvelle et jeune directrice, l’urgentiste Fouzia Heireche, qui a détaillé le chantier à venir aux élus, va devoir accomplir une tâche immense. L’avantage est qu’elle connaît bien la maison, puisqu’elle y a passé dix ans, comme s’en amusait hier une de ses mentors, la Dr Brigitte Morosoff, vice-présidente du Conseil régional de l’Ordre des médecins. « Et je compte bien continuer à m’occuper des patients ! » confiait la docteur Heireche, pour qui la blouse blanche n’est visiblement jamais loin du tailleur-pantalon noir. Le nouveau SAMU abritera également le centre anti-poison.

Et comme si cette activité de bétonnage ne suffisait pas aux élus, ils s’en sont allés gaiment inaugurer, à deux pas de là, le Centre d’essais de phases précoces en cancérologie de Marseille, qui inclut chaque année 400 à 450 patients adultes et 65 enfants. « Il leur permet de bénéficier d’un accès précoce aux essais cliniques en cancérologie« , précisait Mme Vautrin. On notait dans l’aréopage la présence de l’amiral du Bataillon des marins-pompiers, du directeur général de l’ARS (sur le départ) Denis Robin, du doyen de la faculté des sciences médicales et paramédicales Georges Léonetti, du Pr Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale de l’APHM, des professeurs Patrick Villani, Frédéric Collard, Jean-Claude Deharo ou Jean-Michel Bartoli.

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