Le Sud, place financière : Les jeunes prennent en main la finance 1/5

Les étudiants de la commission bourse finance (Cobfi) organisent un « Salon de la finance », ce vendredi 25 novembre à Kedge Business School.

enquêtes

« Mon ennemi, c’est la finance…! »

Qui a oublié cette phrase prononcée par François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, dans son célèbre discours du Bourget ? Une saillie qui n’avait pas manqué sa cible et contribué en partie à la défaite de Nicolas Sarkozy.

C’était il y a dix ans

L’internationalisation  des transactions financières à marche forcée, dont le rythme effréné s’illustre par le célèbre trading à haute fréquence, n’était en effet appréciée que par quelques professionnels. Pour le reste, politiques, économistes, entrepreneurs, tout le monde y allait joyeusement de sa critique d’un monde complexe mais bien évidemment nécessaire à l’économie. François Hollande ne cessera d’ailleurs de s’en apercevoir tout au long de son mandat…Autant dire que la finance n’avait pas bonne presse auprès des jeunes et des étudiants. Celles et ceux qui se préparaient à entrer dans une carrière liée au métier de l’argent faisaient plutôt profil bas…

Un plateau prestigieux 

En 2022, le paysage a fondamentalement changé.Il est désormais évident pour tous qu’il n’y aura pas d’évolution du monde, de facilitation des transitions écologiques, énergétiques, numériques, sans le concours des financiers. Et ceux-ci sortent de leur tour d’ivoire, s’adaptent, modifient leurs process et même leur titre à l’instar de Jérôme Vuillemot, directeur financier du Crédit Agricole Alpes-Provence, dont les fonctions ont évolué et qui se présente désormais comme directeur des transitions.

C’est ainsi qu’il interviendra ce vendredi 25 novembre au salon de la finance organisé par les étudiants de la COBFI (commission bourse finance) à Kedge sur le campus de Luminy au sein d’un prestigieux panel composé notamment  d’Artem Sinyakin, cofondateur de Oak Invest ; Mathieu Charet, cofondateur de Mon Livret C ; Phillipe Zaouti, CEO de Mirova et Yves Chouelfaty, Président Tobam, Ancien CEO du Crédit Lyonnais asset management

C’est donc un sacré plateau qu’a constitué la Cobfi association d’étudiants transversale puisque elle concerne plusieurs formations. La Cobfi n’a pas émergé récemment. Elle existe depuis 1989 ! Mais jamais peut-être la finance n’aura été autant au centre du jeu. Dans une période où on considère que la mobilisation d’une épargne surabondante pourrait être une chance  pour l’économie française et où paradoxalement les grands salons patrimoniaux qui orientaient  les épargnants vers les placements à risque, notamment boursiers, ont disparu, il est très intéressant de voir que ce sont les jeunes qui prennent le relais, sur des thématiques d’actualité bien sûr…

Blockchain et actifs numériques 

Ainsi, dans un monde qui a été dématérialisé dès le début des années 80, quelques années donc seulement avant la création de la Cobfi, dans lequel les anciens titres de propriété représentatifs des actions françaises ne passionnent plus que des collectionneurs, des antiquaires et certains historiens, l’accent est désormais mis sur les actifs financiers immatériels.Leur possession ne tient qu’à une ligne virtuelle dans un grand registre mondial plus ou moins autogéré. C’est le principe de la blockchain qui soulève d’ailleurs nombre de questions environnementales.

Cette nouvelle donne ne manque pas d’interpeller sinon t’inquiéter les financiers classiques. Comment aujourd’hui des épargnants ou des opérateurs sérieux peuvent-ils s’orienter vers les monnaies virtuelles dont les cours sont quand même sérieusement erratiques ( cf le bitcoin) et des achats d’actifs dont la preuve de détention et la sécurité de la conservation semblent tout de même assez ténus…

Il est notable  que des étudiants se saisissent de la question et accueillent à Marseille des spécialistes de cette transition financière dont on parle peut-être moins que d’autres évolutions économiques et sociétales mais qui n’en demeure pas moins au cœur du jeu.

La finance à impact 

Évidemment, et c’est peut-être un autre paradoxe de la situation, cette nouvelle façon de faire de la finance s’inscrit dans une demande de responsabilité et de durabilité. Qu’on la dise à impact, responsable, durable, peu importent les termes, la finance fait sa mue.

Les grands emprunts publics et privés comportent de plus en plus souvent des critères liés à la responsabilité sociale. C’est notamment vrai pour les entreprises y compris celles de notre région. Ainsi, le grand groupe de BTP NGE (prés de 3 milliards de CA) dont le siège est à Saint-Étienne-du-Grès, 13) a émis un emprunt dont le taux varie en fonction de l’atteinte d’objectifs liés à la responsabilité sociétale et environnementale…

Dans la plupart des portefeuilles des fonds, des secteurs sont désormais sur liste noire. C’était déjà le cas pour des activités liées à l’armement ou aux casinos,  désormais ce sont  des actifs liés à des énergies polluantes  comme le charbon qui, malgré la crise énergétique lié à la guerre en Ukraine, ne font plus partie des secteurs dans lesquels investissent les grands établissements financiers mondiaux.

Pas étonnant donc que les mutations d’une finance internationale au cœur des enjeux planétaires trouvent donc un écho auprès des jeunes et qu’ils se placent en organisateurs du débat. On ne peut que les en féliciter. En prenant en main les cordons de la bourse, ils ont les meilleures chances d’assurer leur avenir et celui de leur planète.

Yves Blisson

 

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.