Selon un rapport intitulé « Réformes fiscales internationales et investissement durable » de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), publié jeudi 9 juin 2022, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) ont progressé de 134% dans les économies développées, mais seulement de 30% dans celles en développement. Même si elles représentent, avec 837 mrds$ (788 mrds€), le niveau le plus élevé jamais enregistré. La majeure contribution vient de l’Asie, mais aussi d’une reprise partielle en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu’un regain d’activité en Afrique.
« L’année dernière, les flux mondiaux d’investissements directs étrangers ont retrouvé leur niveau pré-pandémique, atteignant 1 600 mrds$ (NDLR: 1507 mrds€). Les transactions transfrontalières et le financement de projets internationaux ont été particulièrement forts, encouragés par des conditions de financement souples et des mesures de relance des infrastructures. Toutefois, la reprise des investissements nouveaux dans l’industrie reste fragile, en particulier dans les pays en développement« , commente Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. Le rapport de la Cnuced de 244 pages souligne en effet « il est peu probable que cette tendance se poursuive en 2022 ».
En cause évidemment, la guerre en Ukraine qui a entraîné des prix élevés des denrées alimentaires et des carburants et un resserrement des financements. « Parmi les autres facteurs qui assombrissent l’horizon des IDE, citons les nouveaux impacts des pandémies, la probabilité de nouvelles hausses des taux d’intérêt dans les grandes économies, le sentiment négatif sur les marchés financiers et une récession potentielle », précise le rapport. Au premier trimestre 2022, les IDE ont d’ailleurs baissé de 21% au niveau mondial.
Les IDE en baisse de 5% pour l’Afrique du Nord
Dans les pays africains les IDE ont atteint les 83 mrds$ (78 mrds€) en 2021. Un chiffre record à relativiser cependant. Cette somme ne correspond qu’à 5,2% des IDE dans le monde, contre toutefois 4,1% en 2020. De plus, elle « a été considérablement affectée par une seule transaction financière intra-entreprise en Afrique du Sud au second semestre 2021 » qui représente 45% du total, indique la Cnuced. En faisant abstraction de cet échange d’actions entre les groupes internet Naspers et Prosus au troisième trimestre 2021, l’augmentation en Afrique est modérée et plus conforme à celle des autres régions en développement.
Le continent a vu les flux augmenter dans la plupart de ses sous-régions (Afrique australe, Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest), rester stable mais baisser en Afrique du Nord de 5% à 9,3 mrds$ (8,76 mrds€).
La situation reste disparate dans cette partie du monde avec une progression de 52% des IDE au Maroc en 2021 (2,2 mrds$ – 2,07 mrds€) et une chute de 12% en Égypte à cause de la non répétition de gros investissements dans les accords d’exploration et de production dans les industries extractive.
Mais avec 5,12 mrds (4,82 mrds€) récoltés, ce dernier pays demeure le deuxième plus grand bénéficiaire d’IDE en Afrique (talonnée par le Mozambique avec 5,10 mrds$) très loin derrière l’Afrique du Sud et ses 40,88 mrds$ (38,51 mrds€) estimés. L’avenir de l’Égypte semble s’éclaircir avec l’annonce de projets entièrement nouveaux pour 5,6 mrds$ (5,28 mrds€) en 2021, soit le triple de 2020. D’autant plus qu’elle enregistre plusieurs promesses d’États du Golfe pour des investissements d’environ 22 mrds$ (20,72 mrds€) au total dans divers secteurs économiques. Avec, par exemple, un projet immobilier de 1,5 mrd$ ‘1,41 mrd€) conduit par Reportage Properties (Émirats arabes unis).
L’Égypte rassemble 25% des projets de développement hôteliers du continent africain.
La France, second investisseur en Afrique
En Afrique, les projets nouveaux internationaux annoncés en 2021 n’arrivent qu’à 39 mrds$ contre 32 mrds$ en 2020, en pleine période de pandémie. Ils étaient de 77 mrds$ (72,53 mrds€) en 2019.
Ceux dans les énergies renouvelables progressent significativement passant de trente-six en 2011 à soixante-et-onze en 2021.
Au Maroc, le Britannique Xlinks va ainsi engager 20 mrds$ (18,84 mrds€) dans une ligne d’une capacité de 3,6 GW pour la fourniture par le Maroc d’énergie solaire et éolienne au Royaume-Uni via 3 800 km de câbles sous-marins.
« A long terme, le continent africain présente un grand potentiel pour attirer les investissements internationaux dans les économies verte et bleue, ainsi que dans les infrastructures « , souligne James Zhan. Pour le directeur de la division de l’investissement et des entreprises de la Cnuced, « le défi consiste à améliorer encore le climat des affaires et à renforcer la capacité de l’Afrique à absorber ces investissements durables. »
Les plus gros détenteurs d’actifs étrangers en Afrique sont européens, avec en tête des investisseurs le Royaume-Uni (65 mrds$ – 61,23 mrds€) et la France (60 mrds$ – 56,52 mrds€).
Lire le rapport « Réformes fiscales internationales et investissement durable » de la Cnuced.
Frédéric Dubessy
Photo de une : Les IDE ont progressé de 52% au Maroc ©F.Dubessy
Pays | IDE 2021 (en M$) |
Albanie | 1234 |
Algérie | 870 |
Bosnie-Herzégovine | 519 |
Croatie | 569 |
Chypre | 463 |
Egypte | 5 122 |
Espagne | 9 777 |
France | 14 193 |
Grèce | 5 732 |
Italie | 8 487 |
Israël | 3 000 |
Jordanie | 622 |
Liban | 273 (estimation) |
Libye | nc |
Macédoine du Nord | 606 |
Malte | 4 005 |
Maroc | 2 153 |
Monténégro | 664 |
Palestine | 256 |
Portugal | 8020 |
Serbie | 4 563 |
Slovénie | 1 517 |
Syrie | nc |
Tunisie | 660 |
Turquie | 12 530 |
Source: Rapport 2022 « Réformes fiscales internationales et investissement durable » de la Cnuced
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