Les conseils pour éviter un cancer très dangereux

Au printemps se déroule la campagne de dépistage du cancer colorectal, l'un des plus meurtriers en France. Au nom de sa vocation sociétale, MProvence s'engage à informer largement sur ses réseaux et en organisant des conférences publiques dans six villes de la région. Le Pr Jean-François Seitz (CHU Timone, APHM), l'un des plus grands spécialistes de ce cancer, nous explique précisément comment il survient et quel mode de vie adopter pour tenter de l'éviter. Il invite tous les plus de 50 ans à se faire dépister... à la maison ! Ecoutez-le, il est très convaincant !

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Ce médecin est un combattant infatigable. A 70 ans, le professeur Jean-François Seitz ne lâche rien face au cancer du côlon et du rectum. Il a passé sa vie à affronter ce tueur implacable et aujourd’hui il savoure les victoires remportées sur la maladie.

Obésité, Covid, Netflix : cocktail explosif

Gastro-entérologue et oncologue à l’hôpital de la Timone, il a vu la révolution dans les traitements, avec l’amélioration notable des chimiothérapies, la précision accrue de la radiothérapie, ou l’arrivée de l’immunothérapie.

« Il y a quinze ans on était à 50% de patients guéris à 5 ans (c’est-à-dire 5 ans après le traitement du cancer), aujourd’hui nous sommes à 63% de guérison. C’est encore trop peu. Ce qui malgré tout m’inquiète, c’est qu’on observe depuis ces dix dernières années une épidémie de surpoids et d’obésité. Et la France n’y échappe pas. On est passé de 7 ou 8% à 17% de personnes obèses ou en surpoids en France. Et la crise Covid n’a pas eu un effet positif. On pantoufle, on reste chez soi, on regarde Netflix plutôt que de sortir pour aller au cinéma, on prend un peu d’embonpoint, on fait moins d’activité physique et ça, c’est pas bon. »

150 000 cancers évitables chaque année en France !

Pourtant, ce cancer est particulièrement sensible à notre mode de vie. « 40% des cancers en France sont évitables. Donc ça ferait un peu plus de 150 000 cancers qu’on pourrait théoriquement éviter. Pour le cancer du côlon, c’est la moitié ! Il y a 43 000 nouveaux cas par an, donc plus de 20 000 pourraient être évités en adaptant son hygiène de vie.

« On sait que l’alimentation joue un rôle important puisque les fibres alimentaires, qui accélèrent le transit, vont réduire le temps de contact entre les cancérogènes que nous avons dans notre tube digestif et la paroi intestinale. Donc consommez des légumes et des fruits ! L’activité physique accélère un peu le transit, à l’inverse de la sédentarité qui amène plutôt à la constipation. »

Gare à l’alcool et à la charcuterie

« S’abstenir de fumer est recommandé, car le tabac augmente aussi le risque de cancer du côlon, curieusement; et ne pas boire plus de deux verres d’alcool par jour et cinq jours par semaine seulement. »

Le professeur Seitz insiste sur un autre point : limiter la consommation de viande rouge, et fortement réduire celle de charcuterie en raison de la présence des nitrites ajoutés pour la conservation.

Le dépistage, moyen très sûr

Autre moyen fort sûr d’échapper à ce cancer : le dépistage. Et c’est là l’autre combat du médecin. Vice-président du Centre régional de dépistage des cancers, Jean-François Seitz est à l’origine – avec son équipe de la Timone – du mois de sensibilisation intitulé « Mars bleu » (le pendant d’Octobre rose pour le cancer du sein).

Chaque assuré social reçoit le jour de ses 50 ans – et tous les deux ans jusqu’à 74 ans – une lettre l’invitant à se faire dépister. Muni d’un numéro de code, il peut récupérer chez son médecin traitant et désormais chez certains pharmaciens, un test (très fiable) à réaliser chez soi : il suffit de tremper un bâtonnet dans ses selles puis de le poster. Quelques semaines plus tard, on reçoit le résultat. Si l’analyse a détecté du sang dans les matières fécales, la personne est invitée à passer une coloscopie (dans 96% des cas, le résultat est heureusement normal).

Age moyen : 72 à 75 ans

« L’intérêt du dépistage est d’éviter le cancer, souligne le Pr Seitz. Il détecte surtout les polypes – qui peuvent avoir la taille d’une cerise -, ces lésions précancéreuses que les gastro-entérologues savent facilement enlever au cours d’une coloscopie. Cela permet d’éviter l’apparition d’un cancer. »

Ce cancer est très rare avant 50 ans, seuls 5% des cas se développent avant cet âge. A partir de 50 ans, le risque double à chaque décennie. L’âge moyen d’apparition de ce cancer est de 72 à 75 ans.

Détecté à un stade peu évolué, un cancer colorectal se guérit dans 90% des cas. L’objectif est bien sûr d’intervenir avant qu’il n’envahisse le côlon et le rectum ou dissémine des métastases un peu partout, du foie aux os, en passant par les poumons. Car, alors, le risque mortel à courte échéance est démultiplié.

Constipation, saignements : jamais banal

Il est en outre important d’être attentif aux signaux d’alerte. Si après 50 ans vous êtes sujet à de la constipation, des diarrhées, des saignements, ce n’est jamais banal. Il ne s’agit peut-être pas d’un cancer, mais il est prudent de vérifier.

Egalement, si l’un de vos parents ou grands-parents a eu un cancer colorectal relativement jeune, par exemple vers 65 ans, il faut en parler à votre médecin qui vous conseillera peut-être de passer une coloscopie de contrôle.

« Plus Bleu le Printemps ! » dans 6 villes de la région

A travers la campagne « Plus Bleu le Printemps ! », MProvence propose durant les mois de mars et d’avril une série d’articles sur le cancer colorectal et le dépistage, en donnant la parole aux médecins de la région. Cette campagne est organisée en partenariat avec le Centre régional de dépistage des cancers (CRCDC) et la Fédération francophone de cancérologie digestive, avec le concours de l’Agence Régionale de Santé, de l’Assurance Maladie, de la Région Sud-Paca, d’Aix-Marseille Université, de France Bleu Provence et France Bleu Vaucluse, et le soutien institutionnel de Bayer.

Conférences avec les médecins des hôpitaux régionaux :  « Le dépistage peut vous sauver la vie », mercredi 1er mars à 18h à Avignon (Ligue contre le cancer, 285 rue Raoul Follereau, entrée libre). Le 20 mars à 18h à Toulon (Hôpital militaire Sainte-Anne), le 30 mars à 18h à Aix-en-Provence, le 6 avril à 18h à Nice (Centre universitaire méditerranéen, 65 Promenade des Anglais), le 12 avril à 18h à Marseille (Présidence d’Aix-Marseille Université, jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon), le 13 avril à 18h à Gap (amphithéâtre de l’IUT). Contact et inscription recommandée sur masanteprovence@gmail.com (en indiquant vos nom et prénom, votre numéro de téléphone et la ville choisie).

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