La navette, star du patrimoine marseillais
Si pour beaucoup, Chandeleur rime avec crêpes, pour les Marseillais, ce sont les navettes, biscuits secs parfumés à la fleur d’oranger qui sont célébrés le 2 février. Entouré de légendes, ce drôle de gâteau en forme de barque serait apparu en 1781, sous le savoir-faire du boulanger Aveyrous, fondateur du Four des navettes de Saint-Victor. Si sa recette est tenue secrète, les spéculations qui l’entourent sont en revanche bien connues des Phocéens. On lui prête d’abord la signification de barque, qui aurait transporté les Saintes Marie Salomé, Marie Jacobé et leur servante Sara, chrétiennes persécutées fuyant la Palestine, sur les côtes provençales. Mais pour certains, la navette serait symbole de fécondité, sa forme évoquant cette fois un sexe féminin.
Les navettes : une tradition porte-bonheur
Tout commence en fin de nuit sur le quai des Belges (Vieux-Port) pour remonter vers l’abbaye Saint-Victor (7e arrondissement). Dès 5 h du matin, les festivités débutent avec la procession de la vierge noire qui, le restant de l’année, trône dans les cryptes de l’abbaye. En présence du maire, l’archevêque bénit ensuite la ville, les cierges et la mer. Après la messe de la Chandeleur à 6h15, l’archevêque se rend au Four des Navettes. Il y bénit dans une cohue indescriptible les fameux biscuits, les fours, le personnel, puis les mangeurs. Dehors, la queue des gourmands s’étire sur des dizaines de mètres dans les effluves enivrants de fleur d’oranger.
Mais alors pourquoi bénir les navettes ? Fortement ancrée dans le patrimoine marseillais, cette tradition est perçue comme porte-bonheur. Il suffit de conserver une navette bénie par l’archevêque, ainsi qu’un cierge vert, une chandelle, jusqu’à la prochaine Chandeleur, fête associée à la lumière. Et soyez rassurés, le biscuit peut se conserver toute une année !
Deux rives, deux navettes
Fort du succès de ses célèbres barquettes, le Four n’est pas le seul à produire ses navettes dans la ville. De l’autre côté du Vieux-Port, José Orsoni les confectionne lui aussi, ses Navettes des Accoules. Deux savoir-faire, et une recette que le pâtissier révèle : à base d’oeufs, eau, sucre, beurre et farine. Une histoire de famille, puisant à la fois dans des origines corses et provençales. De la rue Sainte au Panier, une chose est sûre, les navettes de Marseille ont le vent en poupe.
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