Un art plus fort que la guerre
Il ne reste pas beaucoup de temps pour visiter l’exposition « Ce que les femmes afghanes ont à nous dire », à la mairie des 1er et 7e arrondissements de Marseille. Co-organisée par le Collectif 13 droit des femmes, Femmes d’ici et d’ailleurs et le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme, elle rassemble les clichés de cinq photographes afghanes qui ont fui leur pays après le retour des Talibans.
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Ici, pas de burqa bleue, mais des clichés de femmes libres, à l’image de la photographie de Roya Heydari, « femme, couleurs d’un pays », réalisée en 2019 à Bamiyan, à des milliers d’années-lumière de l’image que nous, occidentaux, avons de ce pays. Ces photographies sont « très sensibles et très belles », estime Sophie Camard, maire du 1/7, présente à l’occasion du vernissage de l’exposition.
« Ces femmes, dans leur combat, nous donnent une leçon de courage », souligne pour sa part Djamila Ben Habib, journaliste, écrivaine et militante politique canadienne d’origine algérienne. Séduite elle aussi par la beauté des photographies, elle se bat contre le fondamentalisme islamiste. elle a d’ailleurs reçu le prix de la laïcité 2012, décerné par le Comité laïcité république.
Le témoignage vibrant d’une photographe réfugiée
Fatimah Hossaini, jeune femme de 29 ans, ingénieure en génie civil, également enseignante, rappelle que de 2001 à 2021, l’Afghanistan était un pays où les femmes pouvaient librement aller à l’école et se vêtir à peu près comme elles l’entendaient. Dans ses cours, elle comptait d’ailleurs une majorité de jeunes femmes. Le retour des talibans au pouvoir, en août dernier, l’a projetée subitement dans l’enfer des bombes qu’elle avait connue enfant, avant l’avènement de la démocratie. « Un terrible retour en arrière, constate-t-elle, navrée que les talibans ne changent pas ». Elle a dû fuir son pays. « J’ai quitté mes rêves et mes espoirs, confie-t-elle, mais je suis partie pour entretenir le feu de mon pays », insiste-t-elle. Fatimah veut montrer la beauté des femmes afghanes, leur résilience et leur résistance. « J’espère que mes photos vont changer le regard sur les femmes afghanes », s’avance-t-elle, rappelant à l’occasion une anecdote où l’organisateur d’une exposition à Berlin s’étonnait des couleurs chatoyantes de ses habits et sa chevelure de jais non recouverte d’un voile, aux antipodes de nos représentations. On la trouvait trop chic pour une réfugiée.
Féministe dans l’âme, Fatimah veut montrer que les femmes dans son pays ne sont pas des victimes, dans le sens où elles résistent à l’oppression des talibans. « Elles restent debout » envers et contre les talibans, se félicite-t-elle, lasse de cette victimisation des femmes. D’autant qu’à ses yeux, la jeunesse reste une ressource inestimable pour son pays. « L’Afghanistan, avec ses 4000 ans d’histoire, est une terre riche, rappelle-t-elle. Je suis la femme de la Terre de Bouddha, pas seulement de la Terre de Durrani », du nom du premier empereur d’Afghanistan, ndlr.
La projection du film d’animation « Ma famille afghane », réalisé par Michaela Pavlatova, au cinéma Variétés, vient compléter cette exposition qui fera ensuite le tour de France jusqu’à l’automne, avec un arrêt prévu à Berlin.
Diane Vandermolina
Plus d’infos sur https://mpctasso.fr/
https://lesvarietes-marseille.com/FR/fiche-film-cinema/MO6YWP/ma-famille-afghane.html
Photo de une, Exposition « Ce que les femmes afghanes ont à nous dire » Roya Heydari ©DVDM
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