Les secrets cachés des abysses et des fonds marins

Le domaine maritime regorge de trésors oubliés. Ces derniers nous renseignent sur l’évolution de notre environnement et de notre rapport à ce dernier ; les modes de vie et pratiques commerciales de nos aïeux entre autres. Appelés « biens culturels maritimes » et protégés en France par tout un arsenal législatif et institutionnel, les sites sous-marins et leurs vestiges sont une vraie mine d’or pour les archéologues subaquatiques et n’ont pas encore révélés tous leurs secrets. Une exposition intitulée « Trésors du fond des mers » présentée jusqu’au 23 février 2023 au Musée Départemental d’Arles Antique (MDAA) leur est consacrée.

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Les trésors du fond des mers au MDAA

Étalée sur 400 mètres carrés et divisée en quatre grandes sections balayant l’ensemble de la thématique des trésors des fonds marins, l’exposition temporaire du Musée Départemental d’Arles Antique (MDAA) s’accompagne d’une pléiade de rendez-vous gratuits et de rencontres, projections et spectacles (Programme complet des activités ici).

Un jeu pour les enfants autour des Trésors du fond des mers ©C.Rombi/CD13

Sont présentés une quarantaine de sites archéologiques sous-marins de la Manche jusqu’à la Vendée et du Languedoc jusqu’à Monaco en passant par Saint-Pierre-et-Miquelon ou la Martinique. Le public peut y découvrir plus de 300 objets provenant du domaine public maritime français, sur une période allant de la Préhistoire à la Seconde Guerre Mondiale.

Avec Michel L’Hour (membre de l’Académie de Marine, conservateur général du patrimoine honoraire et ancien Directeur du DRASSM), Sabrina Marlier (attachée de conservation du patrimoine au Musée départemental Arles antique) est l’un des commissaires de l’exposition.

L’archéologie sous-marine, une discipline récente en perpétuelle évolution

Plongeuse et passionnée des fonds marins, Sabrina Marlier s’est très tôt intéressée à l’archéologie sous-marine, se spécialisant plus particulièrement dans l’étude des navires de l’Antiquité, notamment à l’époque grecque et romaine. Sa thèse porte sur les techniques de construction navale antique méditerranéenne. Elle a intégré le staff du Musée Départemental d’Arles Antique en 2011 pour coordonner et diriger le chantier de fouilles de relevage du Chaland Rhône 3.

Plongée en eaux semi-profondes ©C.Rombi/CD13

Elle nous confie que la discipline est récente. « L’archéologie sous-marine est un domaine d’investigation qui date des années 50. Aujourd’hui, les grandes découvertes viennent des recherches en eaux profondes, où le patrimoine est bien mieux préservé. Plus on va en profondeur, moins il y a d’oxygène et d’altération, notamment du fait de l’absence d’animaux lithophages et xylophages. Dans les mers froides, on a des vestiges extrêmement bien conservés » souligne notre interlocutrice.

Robot humanoide Ocean One K © F. Osada Drassm Stanford University. Le robot humanoïde Ocean One K en intervention sur l’épave du paquebot italien Francesco Crispi coulé par 500 m de fond en avril 1943 au large de Bastia (Corse). Opération F. Cibecchini, M. L’Hour (Drassm), O. Khatib (Stanford) 2022

« Néanmoins, même si on peut plonger jusqu’à 120 mètres, ça reste très technique et requiert un matériel très couteux. Les fouilles sont plus souvent réalisées à l’aide de robots. Ce type d’archéologie est en état d’expérimentation : de nombreux chantiers sont en cours pour la documentation et la remontée d’objets » précise-t-elle.

Une mise en œuvre de longue haleine

Pour en revenir à l’exposition, elle est le fruit de 2 ans et demi de « un travail passionnant et collaboratif, avec beaucoup d’intervenants. L’essentiel de ces objets sont ce qu’on appelle des biens culturels maritimes (selon la dénomination donnée par le code du Patrimoine, article L532-1, ndlr), ils appartiennent à l’État et sont sous la gestion du département des recherches archéologiques subaquatiques sous-marines (DRASSM), même s’ils sont mis en dépôt dans des musées. »

L’Alfred Merlin ©F. Osada Drassm Stanford University. L’Alfred Merlin, navire du Drassm, sur l’opération Ocean One K, Corse. Opération F. Cibecchini, M. L’Hour (Drassm) 2022.

Le DRASSM est effectivement le premier partenaire de l’exposition. « Il a donné son accord pour que les objets puissent venir et être présentés au sein de notre exposition. Pour les musées prêteurs (une bonne quinzaine du territoire français), ça leur permet de faire voyager leurs collections, de les faire connaître et valoriser leur fond. Mais c’est une grosse logistique en termes de conditionnement des objets et de leur transport » développe-t-elle avant de poursuivre.

« Pour le catalogue de l’expo, on est une cinquantaine de contributeurs, il a fallu coordonner tout ça : c’est extrêmement riche et en même temps, complexe. Il fallait aussi réussir à traduire dans des panneaux qui doivent être assez courts, simples et compréhensibles, les différentes thématiques abordées dans l’exposition. C’est un exercice de vulgarisation qui relève d’un jeu d’équilibre qui n’est pas aisé » explicite-t-elle.

Vue d’ensemble ©C.Rombi/CD13

Qui plus est, « le montage de l’exposition a pris trois bonnes semaines parce que c’est un travail de menuiserie et ensuite de soclage. Pour les objets, une équipe de trois, quatre personnes ont soclé chaque objet, installé toute la signalétique, les œuvres etc. Toutes les équipes du Musée ont été mobilisées sur ce projet : on a la chance d’avoir toutes les compétences en interne pour suivre toute la chaine opératoire de la fouille à la valorisation des objets en passant par la restauration, ce qui est unique en France. »

« Au musée, notre force, c’est qu’on a aussi un service de médiation avec lequel on travaille en étroite collaboration pour proposer des conférences, des tables rondes, des mallettes pédagogiques pour les enfants par exemple : ce sont des médiateurs qui travaillent là-dessus mais on les accompagne et on répond à leurs sollicitations » se réjouit-elle avant de nous présenter les axes forts de l’exposition.

Casser le mythe d’un trésor de pirates niché aux fonds des mers

Un modeste trésor précieux pour la compréhension des habitudes de vie et de consommation de nos ancêtres ©C.Rombi/CD13

« C’est une expo de sensibilisation qui répond à deux objectifs principaux. Le premier, c’est de casser le côté fantasme du trésor sous-marin. Quand on parle d’archéologie sous-marine, tout de suite on pense aux statues en bronze de l’Antiquité ou aux pièces d’or des galions espagnols. L’objectif est de montrer véritablement ce qu’est la réalité du patrimoine immergé, c’est à dire pas forcément des œuvres d’art, pas forcément des coffres remplis de trésors : ça peut être des témoignages très modestes. Par exemple, on présente une souche d’arbre d’une forêt du néolithique qui est aujourd’hui noyée : la souche ne ressemble pas à du Vinci. Mais ceci étant dit, c’est un objet qui est extrêmement important pour reconstituer l’environnement dans lequel habitait l’homme il y a 8000 ans » insiste l’archéologue.

L’Ephèbe d’Agde, une pièce rare en bronze de l’époque hellénistique ©C.Rombi/CD13

La première section de l’exposition répond ainsi à ce fantasme de trésor sous-marin « en essayant de montrer ce qui relève du fantasme véhiculé par la littérature, le cinéma, la bande dessinée et ce qui relève de la réalité. Comme on trouve quand même des très belles pièces en milieu sous-marin, on présente quatre très belles œuvres ou quatre « trésors » dont l’Ephèbe d’Agde, le seul bronze hellénistique découvert dans les eaux françaises. On a aussi un trésor monétaire et des coffres découverts dans le Rhône et un petit arbre emblématique. C’est un panneau de mosaïque qui ornait les villas romaines » dévoile-t-elle avant d’enchainer.

Présentation des sites sous-marins pour mieux en saisir les enjeux

« Dans la deuxième section, on présente une typologie de dix sites différents : épaves de bateaux, épaves d’avions, épaves de sous-marin, site de pêcheries, dépotoir portuaire qui montrent la déclinaison des types qu’on peut découvrir en milieu sous-marin et associés à ces sites, on y présente des objets très modestes comme une souche d’arbre ou des restes de poissons. Dans cette section, on a deux grands sites phares : une épave de l’Antiquité qui s’appelle la Madrague de Giens, et une épave de corsaires de l’époque moderne qui s’appelle les Etapes de la Nature, remplie de mobilier ».    

Épave romaine de la Madrague de Giens © A. Chéné CNRS Aix Marseille Univ CCJ. Vue de l’épave romaine de la Madrague de Giens (Var) en cours de fouille. Opération A. Tchernia, P. Pomey, A. Hesnard (IAM) 1975.

L’intérêt de présenter une typologie de la diversité des sites, à travers ses objets et les sites, est de pouvoir « donner des informations au public sur les échanges commerciaux à une époque ancienne, en l’occurrence en présentant le site portuaire de Fos sur Mer qui correspond à l’avant-port maritime d’Arles à l’époque romaine ».

Prenant l’exemple d’un sous-marin allemand de la deuxième Guerre mondiale ayant fait naufrage sur les côtes bretonnes, « on va présenter des objets, comme un lance torpilles et un élément d’un gilet qu’on gonflait pour évacuer le sous-marin et qui a permis de sauver la vie à une vingtaine de sous-mariniers. » On retrouve aussi dans un film un morceau de l’avion P 38 de Saint-Exupéry.

Sous-marin allemand U-171 © P. Collins / Plongée Anges. Le kiosque du sous-marin allemand U-171, naufragé au large de Groix (Morbihan) le 9 octobre 1942, surgi des eaux de l’Atlantique.

La raison pour laquelle cette exposition évoque la deuxième guerre mondiale est que « très peu de gens savent que tout ce qui date des années quarante fait également partie du patrimoine. Pourtant ça fait partie du patrimoine au même titre que l’Antiquité. Ce sont des sites et des objets qu’il faut protéger, étudier, préserver. On n’y pense pas forcément et c’est aussi le message qu’on veut faire passer dans cette exposition » martèle-t-elle avant d’exposer les nombreuses menaces auxquelles sont confrontés les biens culturels maritimes et le patrimoine sous-marin.

Sensibiliser aux menaces naturelles et environnementales

« L’autre grand volet de l’exposition, c’est de sensibiliser aux dangers qui pèsent sur ce patrimoine, qui ne sont pas uniquement de l’ordre du pillage. En fait, on a trois grands types de menaces. Les premières menaces, c’est ce qu’on appelle « les menaces naturelles ». Ça va être : qu’est ce qui se passe quand un objet ou un bateau se trouve enfoui et se transforme en épave ? Pour le métal, c’est la corrosion. Pour le bois, il va être attaqué par les animaux xylophages ; la pierre, par des animaux lithophages. C’est une dégradation qu’on peut qualifier de « naturelle » détaille l’experte.

Étude des fonds marins et de la dégradation des épaves ©C.Rombi/CD13

« Ensuite, il y a un deuxième type de menaces. Ce sont les menaces environnementales avec le réchauffement climatique qui voit la remontée du niveau marin, l’accélération de l’érosion de nos côtes et la multiplication des tempêtes, et qui mettent à mal les sites archéologiques, essentiellement ceux qui se trouvent sur le littoral et qui font partie de ce qu’on appelle les patrimoines immergés. »

Dans cette troisième section, on retrouve des objets mais aussi beaucoup d’éléments visuels : « on a quelques objets issus de sites qui subissent l’érosion, mais on a surtout des photos comparatives qui montrent par exemple une épave. Elles permettent de voir ce qui se passe quand une épave s’échoue sur le littoral à vingt, trente, quarante années d’écart. Pour une épave métallique, on voit vraiment le processus de dégradation. On a également des dispositifs multimédias : extraits de films, documentaires, interviews. »

A la recherche de l’Amphore perdue ©C.Rombi/CD13

« On a notamment une archive de l’INA, datant de la fin des années quarante qui s’appelle ‘la course aux amphores’ : elle montre un concours organisé à la fin des années quarante pour des femmes qui se trouvent en vacances sur la Côte d’Azur pour aller pêcher des amphores. » Une anecdote qui en dit long sur les menaces qui pèsent sur les sites archéologiques, en particulier la dégradation des sites par la main de l’homme.

Sensibiliser aux menaces anthropiques dont le pillage n’est que la partie la plus visible de l’iceberg

« Enfin, le troisième type de menaces, ce sont les menaces anthropiques dans lesquelles, on va trouver le pillage. Soit le pillage à des fins de collections privées, parce qu’il y a des plongeurs qui vont ramasser « un souvenir » pour l’exposer chez eux, soit le pillage à des fins de trafic illicite. Ça veut dire que derrière il va y avoir revente, il va y avoir des enjeux financiers, comme c’est le cas par exemple pour le Trésor de Lava en Corse. C’est une histoire qui dure depuis les années 80 (quand ont été découvertes des pièces d’or romaines lors d’une pêche aux oursins, ndlr) : encore aujourd’hui, un certain nombre de monnaies en or circule à l’échelle planétaire » assure-t-elle.

Plat issu du Trésor de Lava © T. Seguin. Plat en or du trésor de Lava (Corse). Le plat s’est ovalisé sous l’effet des coups de mer qui ont au fil des siècles frappé et pénétré la cache sous-marine où se trouvait le trésor. Le plat a été récupéré en 2010 par les enquêteurs de l’OCBC en gare de Roissy TGV dans les bagages d’un des pilleurs.

Soulignons ici que le pillage et le trafic frauduleux des biens culturels se placent au troisième rang des activités criminelles internationales, après les trafics de stupéfiants et d’armes.

L’épave du Liban © F. Osada / Images Explorations Drassm. Dans le cadre du projet SOS Épaves, on y voit un plongeur scientifique à l’approche de la plaque de coupons à la proue du Liban coulé au large de Marseille (Bouches-du-Rhône). Opération L. Reboul (Drassm) 2020.

« On présente deux épaves provenant de la rade de Marseille. La première, l’épave du Dalton, a été l’objet de prélèvements d’objets dans les années quarante, à une période où les épaves dites modernes, contemporaines en fait, ne représentaient pas un patrimoine et n’étaient pas protégées. Il n’y avait pas encore de législation bien établie sur les étals et les biens culturels maritimes. La seconde, l’épave du Liban, est présentée dans le cadre d’un programme d’étude et de préservation des épaves métalliques. C’est une épave qui date du début du vingtième siècle » constate-t-elle avant d’ajouter :

« Sachant qu’il y a eu beaucoup de pillages dans le Rhône au milieu des années deux mille, on présente un salon de pilleur reconstitué à partir de deux saisies. Pour une de ces saisies, on a pas mal d’objets qui proviennent du littoral, des Bouches-du-Rhône et du Rhône ».

Intérieur du salon d’un pilleur d’épaves ©C.Rombi/CD13

« On a l’exemple d’une épave qui a été fouillée et pillée dans le Languedoc en 2006/2007, ce qui a saccagé le site et donné lieu à des reventes d’objets. On présente alors l’affaire de la Jeanne-Elisabeth, du nom de l’épave. Les pilleurs ont été jugés et ont eu pour la première fois de la prison ferme. Mais « le pillage, c’est vraiment une toute petite partie de l’exposition » soutient-elle.

Objets de l’épave de la Jeanne Elisabeth © L. Roux CNRS Aix Marseille Univ CCJ. Quelques-uns des quelque 1 150 objets ou lots d’objets pillés sur l’épave de la Jeanne-Élisabeth et mis sous scellés lors d’une saisie réalisée en 2007 au domicile du pilleur.

Dans les menaces anthropiques, « on a également tout ce qui relève de la zone d’estran, c’est à dire le littoral découvert à marée basse, les destructions par des détectoristes qui sillonnent les plages, pas seulement pour retrouver des objets perdus, mais aussi des sites. On a des destructions et des enlèvements par des collectivités qui, pour des raisons de sécurité, vont enlever les sites mais sans forcément les avoir documentés au préalable. On a aussi des dangers qui relèvent de travaux industriels qui vont abîmer la baie, par exemple, la pose d’un cadre d’éoliennes en mer. Aujourd’hui, ces menaces sont de plus en plus encadrées parce qu’avec l’archéologie préventive, on peut prévenir ces risques » observe-t-elle.

Les épaves au fil de temps ©C.Rombi/CD13

« Le dernier risque, c’est le chalutage. Parce que, on va dire, de la même façon que les chaluts raclent tout sur leur passage et ramassent toutes les espèces marines, les sites archéologiques peuvent, avec le passage des chaluts jusqu’à grande profondeur, être détruis en quelques secondes » achève-t-elle.

Une législation pour la préservation et la valorisation du patrimoine sous-marin

L’exposition « consiste à montrer toute la fragilité du patrimoine subaquatique et ce qui est fait actuellement pour le préserver. » Pour cette raison, une dernière grande partie, la quatrième section, est consacrée aux moyens « dont on dispose pour lutter contre ces menaces, à savoir avec des institutions comme le DRASSM. Ce dernier est un service délocalisé du ministère de la Culture qui s’occupe exclusivement de la gestion et de la protection des patrimoines immergés ».

Souche d’arbre Carnon © L. Roux CNRS Aix Marseille Univ CCJ. Vue d’une des souches d’arbre de la forêt immergée de Carnon (Hérault) datant du VIIe millénaire avant notre ère.Opération M.-P. Jézégou (Drassm) 2021.

« On bénéficie d’une législation qui définit ces patrimoines comme des biens culturels maritimes et les protègent : comme ces biens appartiennent à l’État, on n’a pas le droit d’y toucher, on n’a pas le droit de prélever, on n’a certainement pas le droit de les revendre. » Cette législation encadre « la fouille et la sauvegarde par l’étude. Et comme on est dans l’étude et la restitution, on a plutôt des supports multimédias, par exemple un Atlas de Méditerranée ou un Atlas de Bretagne. On peut accéder à des fiches de sites archéologiques et visionner des petits films. »

Les nouvelles technologies au secours d’un patrimoine en voie de disparition

Afin d’éviter, lors de la découverte d’une épave, tout impact sur l’écosystème sous-marin qui peut se détériorer si elle est prélevée de son milieu, également la préserver sachant qu’en la sortant de la mer, elle risque de s’abîmer plus rapidement « l’UNESCO, qui a rédigé en 2001 une convention sur la protection du patrimoine immergé, préconise, que, si les vestiges ne sont pas menacés ou si on n’a pas les moyens de restaurer et présenter ce patrimoine, de les laisser en place. Et sauf dans des cas précis, comme par exemple au musée d’Arles en 2011 : on a sorti une épave du Rhône, mais on avait les moyens de la restaurer, de la présenter au public et donc de valoriser un patrimoine qui est invisible pour une grande partie des gens qui ne sont pas plongeurs ou qui ne peuvent pas accéder à ce site » rappelle-t-elle avant de confirmer :

« Effectivement, le mot d’ordre généralement, c’est de laisser les sites où ils sont in situ, de ne pas y toucher et de favoriser l’accès avec du numérique ou la restitution 3D. C’est ce qui s’est passé avec la Grotte Cosquer, vouée à disparaître en raison de la remontée des eaux et dont le relevé 3D a été fait. Il y a le fac similé qui vient d’ouvrir à Marseille et permet de restituer au public cette grotte. » Une façon de préserver le patrimoine grâce aux nouvelles technologies.

Opération ch. Lima © T. Seguin Drassm. Vérification d’une anomalie magnétique et documentation d’une ancre par un photographe. Évaluation archéologique, projet EMYN. Opération Ch. Lima (Drassm) 2019.

Elle rappelle que « L’UNESCO estime à 3 millions le nombre d’épaves qui se trouvent dans toutes les mers et les océans du globe. Et malgré la diversité des patrimoines qui sont rarement des coffres au trésor et malgré l’importance quantitative de ce patrimoine, c’est un patrimoine fragile et menacé. C’est vraiment ce qu’on met en évidence, avec ces trois grandes menaces que j’ai énoncées tout à l’heure, déclinées en une diversité de menaces qui peuvent mettre en péril ce patrimoine. On a essayé de traiter le sujet sur tous les angles envisagés » conclut-elle.

Le plus de l’exposition

Sabrina Marlier nous confie que le Musée a travaillé cette année avec l’école d’animation MOPA d’Arles. Chaque année, les étudiants en deuxième année ont un exercice pédagogique imposé. « Ils doivent s’emparer d’un thème et développer une dizaine de petits films. Cette année, c’était sur l’exposition. Je les ai accompagnés pour leur présenter l’expo et proposer des sujets. Ensuite je les ai suivis pour que le fond soit correct. Au final, ils ont produit dix petits films d’animation qui fait qu’en deux, trois minutes, ils parlent de la diversité du patrimoine immergé et de la problématique du pillage etc. On présente ces films au public avec des QR code qui renvoient aux films pour valoriser leur travail. C’est hyper enrichissant des deux côtés. »

L’exposition a été déclarée d’intérêt national par le ministère de la Culture et bénéficie du patronage de la Commission nationale française de l’UNESCO. De quoi réjouir l’équipe du Musée, récemment récompensé par le Prix Histoire et Patrimoine de l’Académie de Marine de Paris pour l’ensemble du travail effectué. Un événement à découvrir dans la belle ville d’Arelate. Diane Vandermolina

Port romain Anse St Gervais © L. Roux CNRS Aix Marseille Univ CCJ. Restes d’une construction monumentale d’un port romain au centre de l’anse Saint-Gervais (Fos-sur-Mer, Bouches-du-Rhône). Opération L. Borel (CNRS, Aix Marseille Univ, CCJ) 2019.

Pour aller plus loin sur la question du pillage et les expositions d’intérêt national

A Marseille, le musée d’histoire présente une exposition « Le pillage archéologique et le trafic des biens culturels en France et dans le bassin méditerranéen » jusqu’en septembre 2023.

https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Musees/Les-musees-en-France/Les-politiques-des-musees-de-France/

https://www.culture.gouv.fr/Actualites/Expositions-d-interet-national-1-territoires-publics-innovation

https://www.culture.gouv.fr/Actualites/Expositions-d-interet-national-2-une-offre-attractive-et-diversifiee

Informations pratiques

Adresse: Musée départemental Arles antique Presqu’île du Cirque-Romain 13635 Arles

Tél. 04 13 31 51 03 / info.mdaa@departement13.fr / www.arlesantique.fr

Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi (Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre).

TARIFS : Collections permanentes + exposition : 8 €- 5 €*

* TARIF RÉDUIT : Groupes (+10 personnes), + de 65 ans, détenteurs des cartes : Entraide solidarité 13 – familles nombreuses – adulte accompagnant le titulaire de la carte “Collégien de Provence” – détenteurs du billet Provence Prestige pendant la durée du salon.

GRATUITÉ : Moins de 18 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, personnes en situation de handicap, personnes invalides, étudiants, enseignants Pass éducation, journalistes, conservateurs de musées, carte ICOM, personnel du ministère de la Culture, guides de la Caisse nationale des Monuments historiques, ambassadeurs Pass my Provence, Adhérents “Les Amis du Vieil Arles”.

Entrée gratuite les premiers dimanches du mois.

En une, l’Éphèbe d’Agde ©C.Rombi/CD13

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