L’huile de noix, c’est du soleil en bouteille !

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Cultivé dans le Val d’Oule depuis l’Antiquité, le noyer suscite un regain d’intérêt dans les Hautes-Alpes. Exemple avec Gérard et Aurore Tenoux, qui transforment leurs noix en farine et en huile estampillées biologiques.

Le Val d’Oule est l’un des tré­sors cachés des Alpes du sud. Aux confins des Hautes-Alpes et de la Drôme, il porte le nom de la rivière qui se jette dans l’Eygues, affluent du Rhône. Cette attache rhôdanienne ne masque pas cepen­dant l’empreinte haut-alpine de son coeur et de son âme. Dans ce havre quelque peu caché, la famille Tenoux en est une composante affirmée. Elle est présente depuis d’innombrables années ou peu s’en faut, et elle est attachée à un fruit qui en est la substance même, la noix. À tel point que l’une des varié­tés présentes en France porte le nom du village où sont établis les Tenoux, la Ronde de Bruis, l’une des trois communes du val qui ont décidé en 2017 de se réunir pour n’en faire plus qu’une, Valdoule.

Cet esprit coopératif, Gérard Tenoux et sa fille Aurore l’ont chevillé au corps depuis qu’ils travaillent ensemble. « Nous sommes agriculteurs et éle­veurs de père en fils… et fille depuis cinq générations », souligne Gérard, par ailleurs maire de la commune et conseiller départemental. C’est lui qui a donné l’impulsion à la culture des noyers familiaux telle que nous la connaissons aujourd’hui. La noyeraie, composée de parcelles différentes, totalise 25 hectares sur un territoire qui en compte un peu plus de 100.

La noix locale a enfin son huile

Il manquait à la noix locale son huile. C’est désormais chose faite, précisément depuis le mois de février 2020. C’est Aurore qui a donné le jour au mou­lin, baptisé du joli nom de Valdinoix. La fille et le père ont avancé main dans la main dans le projet. « J’étais auparavant clerc de notaire, mais l’envie de plus de liberté et de travailler avec mon paternel m’a inci­tée à créer ce moulin », raconte la trentenaire désormais huilière, par ailleurs mère de 3 garçons. Il est vrai que l’entreprise était audacieuse.

Car investir 100 000 € sur un territoire méconnu de la plupart des Haut-Alpins ne coulait pas de source. Mais la Communauté de communes du Sisteronnais-Buëch en a rapidement compris l’intérêt, en soutenant les por­teurs du projet dans le cadre d’une aide de l’Union européenne (pro­gramme Leader).

Pari gagné en regardant l’huile dorée s’écouler. Avant la mise en bouteille, diverses étapes sont requises, décrites succinctement et chronologiquement : ramassage, lavage, séchage, tri, calibrage, cas­sage, avant de parvenir à l’embal­lage des cerneaux, et/ou à leur transformation selon le procédé estampillé agriculture biologique. « Nous proposons des cerneaux de noix en sachet, de la farine de noix, des noix caramélisées et de l’huile. Et je peux presser les noix de particuliers ou d’arboriculteurs », précise Aurore.

Aurore Tenoux écrase les cerneaux sous la meule de béton et d’inox avant de presser la pâte.

Le seul moulin à huile professionnel de la région

Ce moulin artisanal est d’ailleurs le seul en activité dans la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur. La bonne humeur et le sourire géné­reux de la jeune femme attestent des bienfaits de son nouveau métier. Tout comme la noix chargée de vertus. « C’est un antioxydant de grande qualité, offrant oméga 3 et vitamines E, riche en protéines. Stabilisateur de diabète et de cholesté­rol. » Vingt grammes de noix par jour auraient la même répercussion que la légendaire maxime « Une pomme le matin éloigne le médecin ! »

À cela s’ajoutent les conditions locales, propices à la culture du noyer. « Nous bénéficions ici d’un micro-climat, entre l’influence médi­terranéenne et celle de la vallée du Rhône. Et notre type d’agriculture est favorisante. Dans les vergers, nous mettons les troupeaux d’ovins et de bovins en pâture ; ils nettoient et lais­sent de la fumure bienvenue », détaille Gérard Tenoux. Il a encore une corde à son arc.

Afin de pérenniser la Ronde de Bruis, il est indispensable de renou­veler le verger. C’est chose faite en prélevant au mois de décembre des pousses de l’année sur les branches supérieures pour les confier à un pépiniériste. L’opération prochaine donnera naissance aux greffons qui seront plantés en 2023.

Maurice Fortoul pour L’Espace Alpin

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin

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