L’Onu donne une semaine aux rivaux libyens pour s’entendre sur un cadre électoral

Alors que débute, au Caire, la troisième et dernière séance de négociations des rivaux libyens pour fixer un cadre constitutionnel permettant la tenue d'élections, l'Onu exige un accord avant le dimanche 19 juin 2022.

Economie

Alors que se déroule au Caire, jusqu’au 19 juin, la troisième et dernière séance de négociations des rivaux libyens, l’Onu tape du poing sur la table. « Ce dernier cycle intervient à un moment critique pour votre pays. Après onze longues années de divisions, de dysfonctionnements, de conflits et de chaos, le peuple libyen est épuisé« , affirme Stephanie Williams. La conseillère spéciale des Nations unies pour la Libye a donné aux délégués présents de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État un délai d’une semaine « pour obtenir le meilleur résultat positif possible« , afin de fixer un cadre constitutionnel permettant, enfin, d’organiser des élections, en l’occurrence une présidentielle et des législatives. Les participants tentent d’y parvenir depuis leur première réunion,  le 13 avril 2022.

Programmée le 24 décembre 2021, puis repoussée au 24 janvier 2022, le scrutin présidentiel n’a jamais pu se tenir. En cause, la non-compatibilité de deux textes de lois les encadrant et la difficulté de valider certaines candidatures. Au total, 2,8 millions de Libyens sont inscrits sur les listes électorales.

« Mon message est clair pour les obstructionnistes et ceux qui veulent perturber ce processus politique délicat par l’usage de la force, vous devez cesser et vous devez baisser vos armes et cesser de terroriser les populations civiles … assez c’est assez« , lance Stephanie Williams.

Une Constitution pour surmonter l’impasse politique

En février 2022, un nouveau Premier ministre, Fathi Bashagha, ancien ministre de l’Intérieur, confirmé en mars, a été désigné par la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk. Mais l’actuel Premier ministre, Abdelhamid Dbeibeh, à la tête d’un gouvernement d’unité nationale depuis mars 2021, refuse de quitter son poste. Il exige pour partir que son successeur soit nommé par un Parlement issu de nouvelles législatives.

Samedi 11 juin 2022, Abdelhamid Dbeibeh rappelait, lors d’une discours à l’Université de Misrata, que  » il n’est possible de surmonter cette impasse politique qu’à travers une Constitution aux contours clairs et des élections (…) la communauté internationale rejette toute autre solution et est plus encline désormais à la tenue d’élections considérées comme étant une option unique et saine. » Le Premier ministre s’est dit « prêt pour l’organisation du scrutin« , au point d’affirmer que des dates détaillées et fixes seront prochainement proposées.

L’autre Premier ministre, Fathi Bashagha a répondu par voie de tweets que «  il n’est pas possible de faire confiance à une bande de hors-la-loi qui usurpe une identité autre que la sienne, pour garantir la tenue d’élections dans la mesure où elle est incapable d’assurer la sécurité et la sûreté des citoyens. » En ajoutant avoir « privilégié la paix aux combats » et « tendu (nos) mains à l’ensemble des protagonistes, tout en obtenant un consensus libo-libyen entre la Chambre des députés et le Haut Conseil d’État« , il assure vouloir « veiller à protéger les civils et à garantir la sacralité du sang libyen. La vie d’innocents est devenue menacée à cause de l’anarchie. »

Reprise du conflit armé

Cette situation d’instabilité politique dure depuis trois mois. Les deux parties en conflit ont même repris les armes, renvoyant à la période sombre de la guerre civile et à la partition du pays entre l’est et l’ouest. Des affrontements se sont encore déroulés dans la capitale lybienne entre deux milices, l’une favorable à Fathi Bashagha et l’autre à Abdelhamid Dbeibeh, dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 juin.

Demandant aux belligérants de déposer les armes, Stephanie Williams accuse « certains fauteurs de trouble » de vouloir déstabiliser les pourparlers en cours. « Vos compatriotes libyens vous observent, attendant avec impatience des résultats tangibles : une base constitutionnelle ferme et consensuelle qui ouvrira la voie à la tenue d’élections transparentes dans les délais les plus courts possibles« , insiste la conseillère spéciale.

« La sécurité ne peut être rétablie et la paix ne peut être stabilisée sans la présence d’un État, dont les autorités bénéficient de la légalité constitutionnelle et juridique et cela nous incite à aller de l’avant sur la voie de l’organisation d’élections parlementaires et présidentielle« , précisait, samedi 11 juin, Fathi Bashagha.

Photo de une : Stephanie Williams veut désormais des résultats ©UNSMIL

Frédéric Dubessy

Econostrum

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