L’UE va se fournir en gaz naturel auprès d’Israël via l’Égypte

Face à la nouvelle réalité géopolitique, l'Union européenne signe un accord tripartite avec Israël et l’Égypte pour augmenter les approvisionnements en gaz naturel israélien depuis l’Égypte, après liquéfaction sur place.

Economie

Dans un discours prononcé lors de sa visite à Jérusalem mardi 15 juin 2022, Ursula von der Leyen avait déclaré « souhaiter renforcer sa coopération énergétique avec Israël. » La présidente de la Commission européenne soulignait, en s’adressant à Naftali Bennett, Premier ministre israélien, « avec le déclenchement de cette guerre et la tentative de la Russie d’utiliser l’énergie comme levier contre nous, en interrompant délibérément l’approvisionnement en énergie, nous avons décidé de mettre fin à notre dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes et de nous éloigner de la Russie en nous dotant de fournisseurs supplémentaires dignes de confiance. »

C’est aujourd’hui officiel. L’Union européenne a signé, mercredi 15 juin 2022 au Caire, un protocole d’accord trilatéral avec Israël et l’Égypte pour favoriser l’exportation de gaz naturel vers l’UE en marge d’une réunion du Forum du gaz du Moyen-Orient.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’UE cherche des solutions pour réduire sa dépendance énergétique à la Russie, dont elle est le principal et le plus important client dans ce domaine, et donc entend diversifier ses approvisionnements.

L’Égypte pourrait devenir un centre énergétique régional

L’accord paraphé en marge de la Conférence régionale sur l’énergie prévoit qu’Israël et l’Égypte accroissent les exportations de gaz naturel vers l’UE. Le gaz naturel israélien sera expédié par gazoduc vers des usines égyptiennes de liquéfaction. Puis, une fois transformé en GNL (gaz naturel liquéfié), il sera acheminé jusqu’au marché européen.

« Cette étape nous permettra d’augmenter les livraisons d’énergie à destination de l’Europe. Ainsi, vous enverrez, par l’intermédiaire d’un gazoduc – peut-être un jour un gazoduc adapté à l’hydrogène –, du gaz israélien vers l’Égypte, où il sera transformé en GNL puis transporté vers l’Union européenne« , précisait Ursula Von der Leyen. La présidente de la Commission européenne « estime qu’il s’agit là d’un projet très important. Toutefois, nous savons qu’il conviendra, avec le temps, d’envisager conjointement l’utilisation d’infrastructures dédiées aux énergies renouvelables. C’est là l’énergie du futur. » Pour elle, « c’est un grand pas en avant dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe, mais aussi pour que l’Égypte devienne un centre énergétique régional. »

En 2021, l’Égypte a réalisé un record d’exportation de GNL avec cinq millions de tonnes livrées. « Ces dernières années, Israël est passé d’un pays importateur à un pays d’exportateur de gaz. Nous œuvrons actuellement à produire plus de gaz naturel« , commentait le Premier ministre israélien.

S’orienter vers des fournisseurs plus fiables

L’UE va de son côté encourager les entreprises européennes à participer à des appels d’offres israéliens et égyptiens en matière d’exploration. L’accord-cadre sera le premier à permettre des exportations « significatives » de gaz israélien vers l’Europe, selon le ministre israélien de l’énergie. Naftali Bennett, l’a qualifié de « trajectoire très solide, positive, dans les relations d’Israël avec l’UE. »

« Nous commençons à exploiter pleinement les possibilités qu’offrent les relations entre l’UE et l’Égypte, en plaçant au cœur de notre partenariat la transition vers une énergie propre et la lutte contre le changement climatique », indiquait Ursula von der Leyen au Caire. « L’Égypte est aussi un partenaire essentiel de nos efforts pour abandonner les combustibles fossiles russes et nous orienter vers des fournisseurs plus fiables« , poursuivait-t-elle.

Selon un communiqué de la Commission européenne publié mercredi 15 juin 2022, l’UE et l’Égypte vont « nouer un partenariat méditerranéen pour l’hydrogène afin de promouvoir les investissements dans la production d’électricité renouvelable, le renforcement et l’extension des réseaux électriques, y compris les interconnexions transméditerranéennes, la production d’énergies renouvelables et d’hydrogène bas carbone, ainsi que la construction d’infrastructures de stockage, de transport et de distribution ». Ce partenariat sur l’hydrogène sera signé lors de la COP27 qui se déroulera du 7 au 8 novembre 2022 à Charm El Cheikh. « L’Égypte a le potentiel pour devenir un leader dans la production et l’exportation d’énergies renouvelables« , affirmait Ursula von der Leyen devant le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

La zone économique du canal de Suez mise sur l’hydrogène vert

La zone économique du canal de Suez multiplie depuis quelques mois les signatures avec des industriels pour devenir une vitrine de l’énergie verte. Fin avril 2022, elle signait notamment un engagements avec l’émirati Masdar pour l’implantation d’une usine de production d’hydrogène vert.

Selon une enquête Eurobaromètre, réalisée auprès de 26 578 citoyens dans les vingt-sept États membres et rendue publique mercredi 15 juin 2022, 87% des répondants indiquent que l’UE devrait réduire dès que possible sa dépendance à l’égard des sources d’énergie russes. Et, 80% pensent qu’il est important pour notre sécurité globale de réduire les importations de pétrole et de gaz et d’investir dans les énergies renouvelables.

Frédéric Dubessy

Econostrum

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