Nathan Pozmentier : « Mon rêve est de disputer un jour les 24 Heures du Mans ! »

Nathan Pozmentier, 18 ans, en terminale au lycée international de Luynes (Bouches-du-Rhône), a en tête de pratiquer sa passion, le sport auto, au plus haut niveau. Après avoir sillonné plusieurs pays africains en suivant le parcours professionnel de ses parents, il a décidé il y a deux ans de rester dans le sud. C’est dans un kart à vitesse qu’il s’est révélé depuis un an, avec un titre national décroché en « IAME Série », avec des victoires dont la précocité interpelle l’ensemble du paddock. Il se confie sur sa passion, comme sur les difficultés financières rencontrées pour atteindre le plus haut niveau en sport auto.

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Nathan, comment d’abord résumer votre parcours d’enfance en suivant vos parents en Afrique ?

Je suis né à Marseille, suis un vrai marseillais, mais dès l’âge de trois-quatre mois, j’ai rejoint mes parents en Algérie. Nous sommes partis ensuite au Cameroun, pendant trois ans, puis au Burkina-Faso durant treize années. C’est dans ce dernier pays que j’ai grandi et dont j’ai même pris la nationalité. Je suis rentré en France et dans le sud pour reprendre mes études il y a tout juste deux ans, à mes 16 ans, en classe de seconde. Mais je suis venu tous les étés depuis petit dans le sud pour me rendre sur le circuit du Castellet et découvrir, année après année, le kart. Je me suis mis au kart de compétition, avant de vouloir, fin 2019, rester ici dans la région, pour ne plus repartir avec mes parents en Afrique. Car j’aspirais à me frotter au kart de haut niveau. Début 2020, j’ai commencé la compétition.

Comment est née cette passion pour les voitures, la course automobile ?

Mon père a toujours aimé la course auto, mais sans plus, on va dire. Celui qui a toujours aimé cet univers, et je pense qu’il est celui qui m’a marqué depuis tout jeune, c’est mon grand-père maternel. J’ai passé ma vie lors de chaque vacance ici avec mes parents dans son garage automobile, à la maison familiale d’Auriol. Mon grand-père a toujours eu un garage chez lui. Il m’a donné le virus du karting et du sport auto. En Afrique, il n’y avait rien pour découvrir cette passion auto. Après l’école, là-bas, je faisais du football, du rugby, du judo. Mais très jeune, déjà, je voulais conduire, cela m’a toujours attiré. Je me rappelle lorsque j’étais en âge de tenir sur les jambes de ma maman : je voulais avoir un volant entre les mains, je mimais déjà le geste ! J’ai toujours préféré le volant au ballon, pour résumer. Par la suite, la vitesse, l’adrénaline de la course auto sur un circuit ont toujours été mon univers.

Sébastien Loeb comme première idole

Un pilote automobile vous-a-t-il aussi donné cette passion ?

Quand j’étais petit, j’étais à fond sur Sébastien Loeb, et je désirais faire du rallye, comme lui, très tôt. Je suis aujourd’hui sur un circuit, mais Loeb a été ma première idole. Je le regardais tout le temps à la télévision. J’ai un grand souvenir : à l’âge de quatre ans, lorsque mes grands-parents, pour me faire plaisir tellement ils constataient que j’étais déjà un mordu de sport auto, m’ont emmené en Allemagne, sur le célèbre circuit du Nürburgring, pour assister à une course de Ferrari… Inoubliable !

Vous n’avez jamais été attiré par la Formule 1 ?

Petit, je n’aimais pas regarder la F1 à la télé. Par contre, je ne manquais pas les courses de rallye ou de GT (Grand Tourisme). Depuis les trois-quatre dernières années, je me suis davantage intéressé à la F1. Je suis beaucoup Charles Leclerc et Lewis Hamilton depuis les dernières saisons. Il faut avoir un but pour réussir et persévérer vers le plus haut niveau. J’aimerais devenir un Leclerc ou un Hamilton, mais pas forcément en F1. Je préférerais faire de la GT. Jeune, ce que je voulais était de regarder les voitures rouler dans la brousse. Car cela me rappelait où je vivais, c’est pour cela que j’ai voulu faire du rallye. J’étais petit à l’époque du Paris-Dakar en Afrique, mais je me souviens très bien quand je voyais Sébastien Loeb en tête. C’était à la fois du rallye et sur la terre, j’avais cinq ans et demi, j’étais fan absolu !

Vous parlez d’un but à avoir pour réussir, quel est le vôtre ?

 Je dois vous avouer que mon rêve est de disputer un jour les 24 Heures du Mans ! Après, le sport automobile est une activité qui coûte beaucoup, beaucoup d’argent… Nous sommes avec mes parents à la recherche de sponsors-partenaires pour pouvoir financer la suite de ma carrière. Car tout ce qui est : Formule, en sport auto : de F4 à F1, coûte énormément d’argent pour pouvoir pratiquer au plus haut niveau. La GT demande également beaucoup d’investissements financiers, mais on voit davantage de pilotes en GT qu’en F4, la GT est plus accessible.

Podium pour Nathan Pozmentier

Une distance vraiment difficile à vivre

Qu’en est-il de votre parcours scolaire à côté de votre passion sportive ?

Je suis au lycée international à Luynes depuis deux ans. Il possède un département en sport-étude, mais n’accueillait à mon arrivée que des footeux, basketteurs, tennismen, cavaliers. J’y ai en quelque sorte amené le sport auto, puisque depuis un an nous sommes cinq à faire du karting ou de la monoplace. On nous donne du temps libre dans la semaine pour effectuer sur place de la préparation physique. J’effectue entre trois à quatre heures de sport à l’école, du lundi au vendredi. Le week-end, je roule sur le circuit du Castellet, de 8 heures à 18 heures tous les samedis, excepté lorsqu’on est en trêve hivernale entre les saisons, comme en ce moment. Je vis à l’internat durant la semaine, et tous les week-ends j’ai la chance de pouvoir aller chez mes grands-parents à Auriol. Plusieurs au lycée, originaires de Russie ou des USA, n’ont le choix que de rester le week-end à l’internat. Je me considère donc comme un privilégié.

Vous avez participé en fin d’année à vos premiers championnats du monde de kart en Italie, que retenez-vous de cette expérience ?

J’ai terminé à la neuvième place, c’est un bon résultat pour une première participation après une seule année en kart. Je me suis frotté à des pilotes qui avaient dix ans d’expérience. Autant vous dire qu’au départ, j’étais perdu, et puis au fur et à mesure je me suis senti de mieux en mieux sur le circuit. Il faut savoir que les courses sont toutes retransmises sur YouTube en Italie. Mes parents, toujours à Madagascar pour leur travail, ont ainsi pu suivre la course à distance, pour une fois, c’était bien. Car la distance avec eux pendant l’année, et davantage quand je suis en compétition, n’est pas facile à vivre, des deux côtés.

Une décision difficile à prendre pour l’avenir

Que comptez-vous faire l’année prochaine en sport auto ?

 C’est un peu à moi de choisir, dans le sens où il va falloir bien réfléchir pour voir ce qui est faisable, possible ? Il va falloir se décider pour soit refaire du karting pendant un an, soit passer directement à la voiture ? Nous allons en discuter tranquillement pendant les fêtes de fin d’année avec mes parents qui rentrent en France, avec mon club du Castellet Kart Racing, avec mon coach. Ce dernier m’a toujours bien conseillé pour m’orienter dans les bons choix. C’est lui qui m’avait poussé à vite changer de catégorie pour passer du X30, qui ne me convenait pas du tout, au KZ. Je sais pouvoir compter sur lui. Il peut aussi m’ouvrir des portes. J’aimerais rester ici, à côté du circuit Paul-Ricard, à proximité de ma famille, près aussi d’Aix-en-Provence où j’ai en tête de poursuivre mes études. J’ai déjà bien réfléchi au sujet pour la suite. Croisons les doigts !

Propos recueillis par Célestin Barraud et Bruno Angelica

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