Porter la moustache, c’est bon pour la santé !

Un mort du cancer de la prostate chaque heure en France. Que faire face à ce fléau, sinon dire à tous les hommes de se faire dépister dès 50 ans ? Il y a bien une autre solution : se faire pousser la moustache en novembre. C'est un signe de solidarité avec les maladies masculines, et un symbole qui interpelle : tout le monde va vous interroger "Tiens, tu portes la moustache ?" Ainsi l'info sur le dépistage passe crème... Le docteur David Barriol (notre photo, qui sera moustachu en novembre !) participe à la campagne d'information "Soyez Prostache!" initiée par MProvence. Il rappelle le danger de ce cancer et comment on peut le guérir s'il est dépisté tôt. Nous sommes plus de 10 millions d'hommes concernés.

Prostache 2022

Drue, noire, rousse, poivre et sel, fine, tombante… qu’importe ! Messieurs, payez-vous la gaufre, portez donc une  moustache en ce mois de novembre. Non seulement il paraît que c’est tendance, mais en l’occurrence vous manifesterez votre soutien à une grande cause masculine : la prévention du cancer de la prostate.

50.000 nouveaux cas par an

C’est le cancer le plus fréquent chez l’homme, avec 50.000 nouveaux cas détectés chaque année en France (pour des dizaines de milliers d’autres qui s’ignorent, par inadvertance, méconnaissance ou tabou autour de cette petite glande reproductrice grosse comme une châtaigne). Il occasionne 8.100 morts dans notre pays, un chiffre qui pourrait être fortement réduit si les hommes prenaient soin d’eux à partir de 50 ans. Ce cancer, qui touchera un homme sur 7, survient en moyenne autour de 65 ans. Et parfois dès 50 ou 55 ans.

Chirurgien urologue à l’Hôpital Privé de Provence, à Aix-en-Provence, le docteur David Barriol se désole de voir tant de patients arriver quand le mal a flambé et généré des métastases difficiles à traiter et causes de grandes souffrances. « Ce cancer se soigne très bien mais, le problème, c’est qu’il est silencieux, rappelle-t-il. Donc il peut se développer sans que le malade ne s’en rende compte. Quand un cancer de la prostate devient symptomatique, il peut se manifester par des métastases osseuses douloureuses. Il peut bloquer la vessie ou les reins quand la tumeur a grossi et qu’elle envahit tout. »

Prise de sang + toucher rectal = tranquillité

C’est pour éviter cette spirale infernale, et vous mettre à l’abri d’un diagnostic incurable (dans ce cas il ne vous restera que 4 ans d’espérance de vie), qu’il est recommandé de se faire dépister à partir de 50 ans et tous les deux ans (1). Le médecin traitant préconisera une simple prise de sang dosant le taux de PSA – qui doit être inférieur à 3-4 nanogrammes par millilitre de sang – et effectuera un toucher rectal pour détecter un éventuel nodule engendré par une tumeur de la prostate. Désagréable peut-être, indolore sûrement, et rassurant la plupart du temps.

Si l’examen clinique et la prise de sang pointent cependant un résultat anormal, on réalise une IRM. Si elle est normale, l’urologue décidera de revoir le patient dans un ou deux ans. « Si l’IRM révèle une image anormale, on pratique des biopsies dans la prostate, généralement sous anesthésie générale, précise le Dr Barriol. Sur notre hôpital on fait une fusion des images de l’IRM et de celles de l’échographie endorectale afin d’avoir des biopsies guidées, pour être sûr de taper dans la lésion. »

Surveiller le petit cancer, sans intervenir

Le recours relativement récent à l’IRM, que pratiquent tous les urologues et dans tous les hôpitaux, permet de mieux cibler et parfois de limiter les biopsies. L’expérience a montré que lorsque le cancer est tout petit et bien différencié, on peut le surveiller sans intervenir avec la chirurgie ou la radiothérapie, sans augmenter le risque qu’il ne dégénère subitement.

« Avant cela, on surtraitait 40% des gens, note le professeur Georges Fournier, président de l’Association Française d’Urologie. Avec dix années de recul, il y aura 30% des patients sous surveillance qui seront finalement traités. C’est un gain considérable car on retarde les conséquences sur la vie sexuelle (l’impuissance ou a minima des érections bien moins vigoureuses, et l’incontinence urinaire). »

Peu d’effets secondaires en cas de cancer localisé

Les thérapies ont nettement évolué, elles aussi. « On a de nouvelles thérapies, se réjouit le Dr Barriol. La chirurgie robotique et la radiothérapie diminuent les effets secondaires comme les fuites urinaires et les problèmes d’érection. Ce sont des thérapies pour des cancers de faible risque et bien localisés à la prostate. Voilà pourquoi il ne faut pas hésiter à se faire dépister. Car on peut guérir ce cancer sans trop d’effets secondaires. »

Au stade des métastases ganglionnaires ou osseuses, donc quand il a essaimé au-delà de la glande reproductrice, « le traitement est du ressort de la chimiothérapie et de l’hormonothérapie de deuxième génération, qui bloque la sécrétion de testostérone. Ainsi tu arrêtes de fournir le charbon qui alimente le cancer. Arrive également l’immunothérapie. » Certaines de ces thérapies permettent de compenser des déficits en gènes, en particulier le BRCA. Bref, les progrès de la médecine sont incessants.

L’activité sexuelle recommandée…

Est-il possible toutefois d’éviter la survenue du cancer ? Difficile d’être péremptoire face à une part importante d’inconnues. Voici néanmoins un conseil réjouissant : « Une activité sexuelle régulière et fréquente permettrait une réduction du risque de cancer« , note le Dr Barriol.

Sur le plan alimentaire, il évoque une polémique sur l’impact de la consommation de laitages et l’hyperconsommation de viande. « La pollution joue sans doute également un rôle. Et certains pesticides seraient facteurs de risque de développer un cancer, notamment de la prostate. Avec l’emploi du chlordécone dans les Caraïbes, un pesticide pour la culture de la banane, on a vu un taux monstrueux de cancers de la prostate. »

Rejoignez le Clan des Moustachu(e)s

Voilà pourquoi, face à l’importance de la menace, il ne sert à rien de faire l’autruche, Messieurs. Les femmes sont d’ailleurs appelées à la rescousse de leur mari, fils, frère ou père, souvent négligents quant à leur santé. Habituées depuis l’adolescence à un suivi gynécologique, elles sont bien plus attentives. Les urologues réclament leur implication pour inciter les hommes de leur entourage à se faire dépister.

Elles peuvent elles aussi en ce mois de novembre porter une moustache (évidemment factice…) pour poser sur notre site et faire partie du Clan des Moustachu(e)s. Il s’enrichira des contributions de nos lecteurs durant tout le mois afin de témoigner de leur solidarité. « Nous organisons dimanche 20 novembre à Aix-en-Provence, au coeur de la ville, la course des Bacchantes pour informer sur ce cancer. Il y autant d’hommes que de femmes qui courent, se réjouit le chirurgien aixois, et tout le monde porte une moustache ! » (2)

Pour rejoindre le Clan des Moustachu(e)s, rien de plus simple. Envoyez, hommes ou femmes, votre plus beau sourire et surtout VOTRE PLUS BELLE MOUSTACHE ! Sur notre compte Instagram (mprovence13) ou bien en utilisant le Hashtag #clanmoustachus et en nous identifiant @mprovence13.

« Soyez Prostache » fédère les énergies !

Lancée par MProvence et soutenue par la Ligue contre le cancer, l’Association Française d’Urologie, la Ville de Nice, la Ville d’Aix-en-Provence, la Chambre de Commerce et d’Industrie métropolitaine Aix-Marseille Provence, France Bleu Provence, les associations Gims et Caire mais aussi des clubs comme le Cercle des Nageurs de Marseille, les hockeyeurs des Spartiates de Marseille ou Fos-Basket, et avec le concours des laboratoires Viatris et Bayer, la campagne d’information « Soyez Prostache ! » (contraction de « prostate » et « moustache ») se poursuivra jusqu’en décembre.

Elle donne lieu à des publications, des émissions, et des conférences ouvertes au public sur le cancer de la prostate, les soins et le dépistage : à Aix le 24 novembre (3), Nice le 7 décembre (4) et Marseille le 13 décembre (5). A noter l’implication des étudiants en master 2 (Cosan) de l’Ecole de journalisme et de communication d’Aix-Marseille Université.

A partir de demain, Messieurs et Mesdames, vous savez ce qu’il vous reste à faire : être solidaires ! Et donc porter la moustache. C’est bon pour la prévention. C’est bon pour la santé !

Philippe Schmit

PROSTACHE BANNIÈRE BASSE ARTICLE

 

(1) L’AFU recommande le dépistage (prise de sang + toucher rectal) dès 45 ans si vous présentez un risque génétique (votre père, mon oncle… a eu un tel cancer) ou si vous avez une origine ethnique avec une ascendance africaine ou afro-antillaise. Sinon dès 50 ans puis tous les deux ans.

(2) Course des Bacchantes d’Aix-en-Provence, dimanche 20 novembre, 8 km, départ 9h30 du stade Carcassonne. Inscription sur lesbacchantes.org; 20€, recette intégralement reversée à l’Association Française d’Urologie pour le financement de postes de jeunes chercheurs.

(3) Conférence à Aix-en-Provence, à l’Hôpital Privé de Provence (235 allée Nicolas de Staël), jeudi 24 novembre à 18h, avec les docteurs David Barriol, David Coeffic et Elisabeth Bossi. Nombre de places limité. Inscription gratuite mais obligatoire sur contact@dstmedition.com avec vos nom, prénom et numéro de téléphone

(4) Conférence à Nice, avec le CHU de Nice, au Centre Universitaire Méditerranéen (65, Promenade des Anglais) mercredi 7 décembre à 15h30, avec le professeur Matthieu Durand. Nombre de places limité. Inscription gratuite mais obligatoire sur contact@dstmedition.com avec vos nom, prénom et numéro de téléphone

(5) Conférence à Marseille au Palais de la Bourse (9, La Canebière), mardi 13 décembre à 17h, avec les professeurs Eric Lechevallier et Cyrille Bastide (APHM), le docteur Géraldine Pignot (Institut Paoli-Calmettes), les docteurs Jean-Laurent Deville et Xavier Muracciole (APHM). Nombre de places limité. Inscription gratuite mais obligatoire sur contact@dstmedition.com avec vos nom, prénom et numéro de téléphone

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