Pr Leonetti : « La santé et l’accès aux soins restent des priorités pour la Région »

125 maisons de santé créées pour offrir des soins de proximité aux populations éloignées, lancement d'un "mammo bus" pour dépister les cancers du sein, soutien à la recherche et à l'achat d'équipements médicaux : la Région Sud affirme que les restrictions budgétaires imposées par l'Etat n'affecteront pas sa politique en matière de santé. Interview du Pr Georges Leonetti, conseiller régional en charge de la santé.

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La santé est devenue un axe majeur de l’action de la Région Sud, bien que cela ne fasse pas partie des compétences obligatoires de la collectivité. Qu’est-ce qui motive cet engagement ?

Pr Georges Leonetti : Ce qui motive cet engagement, c’est avant tout répondre aux besoins de la population. En matière de santé, ces besoins sont cruciaux, notamment dans certaines zones de notre région qui rencontrent des difficultés en termes de démographie médicale et d’accès aux soins. Bien que cela ne soit pas une compétence régionale obligatoire, le Président Renaud Muselier et la majorité régionale ont voulu agir pour garantir un meilleur accès aux soins de proximité.

125 maisons de santé accueillent les professionnels

Quelles sont vos priorités en matière de santé, et en quoi ces priorités sont-elles déterminantes pour la région ?

Notre priorité principale est d’améliorer l’accès aux soins pour les habitants de Provence, des Alpes et de la Côte d’Azur. Pour ce faire, nous avons mis en place un partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS) pour développer les maisons régionales de santé. Au terme de la dernière assemblée plénière (25 octobre 2024), nous en aurons créé 125. Cela répond aux attentes des jeunes professionnels de santé et correspond à leur manière moderne d’exercer la médecine.

La question des déserts médicaux est un sujet brûlant. Dans certains départements mais également dans des quartiers de Marseille, comme les quartiers Nord, il est difficile de trouver des généralistes, et encore plus des spécialistes comme les cardiologues, les dermatologues ou les psychiatres. Que proposez-vous pour remédier à ce problème ?

Nous avons plusieurs actions en cours. Les maisons régionales de santé, qui regroupent souvent des médecins généralistes, des paramédicaux et parfois des spécialistes, en font partie. Nous avons également mis en place des dispositifs, comme des bourses, qui incitent les jeunes médecins à découvrir les territoires. Cela leur permet de mieux connaître ces zones et les encourage à s’y installer.

« Il n’y aura pas de pénurie de médecins »

Vous êtes également médecin et doyen de la faculté de médecine de Marseille. Comment faites-vous pour encourager vos étudiants à s’intéresser à ces territoires éloignés ?

Nous avons ouvert des stages dans ces zones pour les internes, principalement en troisième cycle. En associant cette ouverture de stages à des aides financières sous forme de bourses, nous incitons les jeunes médecins à découvrir ces territoires et, souvent, à s’y installer par la suite.

Pouvez-vous rassurer la population et lui dire que dans deux, cinq, voire dix ans, elle ne manquera pas de médecins ?

Avec la fin du numerus clausus, nous formons plus de médecins qu’auparavant, donc non, il n’y aura pas de pénurie de médecins. Cependant, il faut que la population comprenne que la manière d’accéder aux soins va évoluer. Les médecins généralistes ne seront plus forcément disponibles tout seuls dans leurs cabinets du matin au soir. L’organisation de l’accès aux soins évolue, notamment avec la télémédecine et l’intelligence artificielle.

Renforcer le dépistage des cancers

Depuis 2018, la Région a massivement investi dans la lutte contre le cancer. Quels sont les résultats ?

Le cancer est une priorité nationale, et le Président Muselier a souhaité renforcer les actions au niveau régional avec des plans cancer. Nous en sommes actuellement à notre deuxième plan, doté de près de 40 millions d’euros. Nous nous concentrons sur le dépistage, la prévention, et le soutien à la recherche pour améliorer la prise en charge du cancer dans notre région.

Les chiffres du dépistage des cancers dans la région ne sont pas très encourageants. Que peut-on faire pour améliorer cela ?

Il faut sensibiliser la population via des campagnes d’information et développer des actions pour aller directement vers les citoyens. Par exemple, le « Mammo Bus », mis en place avec l’ARS et la Caisse d’assurance maladie, va directement vers les femmes pour dépister le cancer du sein. Ce genre d’initiative permet d’atteindre des populations qui ne se rendent pas spontanément chez le médecin pour ces dépistages.

Pas de restrictions budgétaires sur la santé

Il vous reste trois ans et demi de mandat. Quels sont vos projets prioritaires pour cette période ?

Nous devons d’abord suivre et évaluer les projets actuels, comme le plan cancer et les initiatives visant à améliorer l’accès aux soins de proximité. Il est essentiel de rester à l’écoute et d’être réactifs aux besoins du terrain, comme nous l’a montré la crise du Covid-19.

Au regard de la crise des finances publiques, le gouvernement prévoit de demander un effort important aux collectivités locales pour réduire le déficit. La Région Sud sera-t-elle impactée, notamment dans sa politique de santé ?

Oui, la Région sera impactée. Le Président Muselier a annoncé récemment que la Région devra contribuer à hauteur de 120 millions d’euros. Toutefois, des sujets essentiels, comme la santé et l’accès aux soins, resteront prioritaires et ne seront pas affectés par des restrictions budgétaires.

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