Sylvain Cano Clémente, directeur du théâtre du Rempart, et Harold David, à la tête de l’Atypik, de l’Archipel théâtre et du Rouge-gorge, ont présenté ce nouvel événement initié par la FTIA. Pendant un mois, jusqu’au 14 mai, quatorze théâtres ouvrent leurs portes aux artistes et compagnies, pour un temps de résidence de création et une présentation en amont de leur spectacle.
La FTIA
Née à la suite de l’annulation du off 2020, la FTIA, coprésidée par Sylvain Cano Clémente, Harold David, Fabienne Govaerts (du verbe fou) et Anthéa Sogno (de la condition des soies), regroupe une cinquantaine de théâtres avignonnais.
Son objectif est de porter la voix des théâtres privés, pour la plupart non subventionnés, dont le gros de la programmation se fait pendant le festival, même si certains sont ouverts à l’année, à l’image du verbe fou ou de la condition des soies.
Une ambition : développer une nouvelle dynamique de territoire
Depuis sa création, la jeune association réfléchit à deux temps forts, l’un en automne, indépendance(s), annulé en octobre pour raisons sanitaires, l’autre au printemps, le printemps du off.
« L’idée est simple, explique Sylvain Cano-Clémente. Elle est née du constat que nos lieux accueillent pendant l’année des compagnies en résidence. Nous avons souhaité mettre en place des temps forts en dehors du festival pour monter leur travail. C’est une volonté forte que d’accompagner les compagnies pour qu’elles se préparent au festival ».
L’association a également pour objectif de s’impliquer dans la vie culturelle de la cité tout au long de l’année, grâce à ces deux événements. « Nous avons l’ambition de faire d’Avignon une pépinière de création toute l’année, poursuit-il, nous en avons les outils et les moyens techniques. D’autant plus qu’Avignon est déjà réputée ville de théâtre : nous souhaitons l’inscrire dans la durée ».
Un temps fort au service des compagnies
Selon Harold David, « cela nous permet de présenter des spectacles programmés au off en avant-première aux journalistes et aux programmateurs. C’est un temps de découverte qui offrira la possibilité aux compagnies d’avoir un article en amont du festival ou juste avant son ouverture. Les compagnies ne louent pas les salles, il n’y a pas de minimum garanti. Nous avons choisi un modèle différent du off. » Car la réalité est là : « sur 1600 spectacles, il y en a 1300 qui ne voient pas un journaliste, rappelle Sylvain. Grâce à ce printemps du off, nous espérons augmenter à 500 ou 600 le nombre de spectacles couverts ».
Une seconde raison pointe son nez : séduire les Avignonnais, « qui fuient le off l’été pour se réapproprier le festival », mais aussi « les saisonniers qui travaillent pendant le festival et n’ont pas le temps de voir des spectacles. »
Un pari risqué
Au total, ce sont 25 spectacles tous publics, du classique au contemporain en passant par le théâtre musical ou le stand-up, qui sont proposés dans les théâtres participants. Parmi eux, citons le Verbe fou, l’Adresse, l’Albatros, l’Alizée, l’Archipel, Le franco-anglais chapeau Rouge, le vieux Balancier, le théâtre des Lilas, le Pixel ou encore le théâtre de la porte Saint Michel.
Pour la directrice de l’Alizée théâtre, Isabel Patinha, « c’est une première que d’ouvrir pendant l’année » mais elle se réjouit de ce projet tout comme Nancy Maréchal dont le théâtre l’Albatros va fêter sa 43ème participation au off ou encore Claude Couffin, dont ce sera la seconde année d’ouverture, hors période estivale, pour des résidences dans son théâtre des Lilas.
Jérôme Tomray du Pixel alerte sur l’accessibilité des spectacles, les tarifs n’excédant pas 15 euros
Zoom sur trois créations
Après l’ouverture par la marraine Judith Magre, le printemps du Off se poursuit au théâtre de la porte Saint-Michel. On y joue Pitchipoï, une création qui raconte l’histoire d’une survivante à la barbarie nazie, celle d’une petite fille juive déportée à Auschwitz qui, avec sa mère, réussira à s’enfuir du camp. Adapté du livre « Refus de témoigner », de Ruth Klüger, le spectacle met en scène Fabienne Babe, qui incarne ici le texte avec sobriété. Ce sera les 22 (à 20h) et 23 avril (à 16h30).
Ce printemps du off est également l’occasion de découvrir une jeune artiste, Maïmouna Coulibaly, dont le livre, « Je me relève », relate le parcours de résilience, grâce au théâtre et à la danse, après avoir subi de terribles violences. Dans le seul en scène mâtiné de stand-up, où le rire se mêle aux larmes, Hot Pussy Show, présenté le 30 avril et le 1 er mai, aborde des sujets tabous tels que le viol, les agressions sexuelles, la masturbation féminine, le body positivisme, l’excision, la maternité… Mêlant musique, danse et témoignages, elle propose une expérience inattendue qui ne laissera personne indifférent.
Mahalia et moi
Spectacle musical en hommage à Mahalia Jackson, il sera présenté en avant-première à Marseille, le 6 mai à 20h30 en l’église Saint-Laurent. Surnommée « la reine du Gospel », la chanteuse originaire de Louisiane, militante pour les droits civiques, a inspiré à Martin Luther King son célèbre discours, « I have a dream », en 1963.
In fine, des tables rondes et des temps de réflexion sur les enjeux du spectacle vivant aujourd’hui viendront conclure ce temps fort ambitieux. Une bonne nouvelle pour les amateurs de spectacles que la jungle du off et la chaleur estivale tendent à rebuter.
Diane Vandermolina
Programme complet ici : https://printempsduoff.fr/
Photo de une, Sylvain Cano Clémente, directeur du Théâtre du Rempart, et Harold David à la tête de l’Atypik, de l’Archipel Théâtre et du Rouge Gorge ©FTIA
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