Prévenir et traiter les infections urinaires, ce calvaire féminin

Difficile d'y échapper notamment au début de la vie sexuelle et au moment de la ménopause. Les infections urinaires à répétition gâchent la vie de nombreuses femmes. Le docteur Véronique Delaporte, chirurgien urologue à l'hôpital de La Conception (APHM), recommande de les traiter sous peine de complications, et donne des conseils pour les éviter. Messieurs, vous êtes également concernés via votre prostate et vos testicules. Même si c'est moins fréquent.

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Nous abordons aujourd’hui une pathologie qui se transforme parfois en un véritable calvaire, essentiellement pour les femmes : ce sont les infections urinaires. De quoi s’agit-il précisément ?

Docteur Véronique Delaporte : On distingue les infections urinaires simples des infections urinaires à risque de complications. Tout d’abord, il faut savoir que les urines sont normalement stériles, c’est-à-dire dépourvues de germes. Parfois, il peut y avoir une contamination de ses urines par des germes et donc c’est ce que l’on appelle une infection urinaire. Les infections urinaires simples se traduisent par des brûlures à la miction – quand on va faire pipi – en fin de miction, par un besoin d’uriner plus fréquent, par éventuellement des urgenteries, c’est-à-dire un besoin très pressant d’aller uriner, des douleurs pelviennes. Et puis on peut avoir aussi du sang dans les urines de façon visible.

Chez l’homme, des risques de complications

Quels sont les âges auxquels ces affections surviennent le plus fréquemment ?

Chez la femme, on note essentiellement des pics : un pic au début du de l’activité sexuelle et un autre pic au moment de la ménopause. En sachant que, évidemment, ces infections urinaires peuvent revenir à d’autres moments de la vie. Chez les hommes, elles surviennent soit chez les hommes jeunes quand elles sont liées à des infections sexuellement transmissibles, soit plus tardivement à cause d’un obstacle prostatique par exemple.

On parle souvent d’infection urinaire en y associant les femmes. Donc les hommes sont également concernés ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on distingue bien les infections urinaires simples. C’est-à-dire des infections où il n’y a pas de signes généraux : pas de fièvre, pas de frissons, pas de syndrome grippal. Ces infections urinaires sont essentiellement l’apanage de la femme, elles sont très rares chez l’homme. Chez l’homme, on est plus souvent sur des infections urinaires à risque de complications puisqu’elles touchent à ce moment-là la prostate, le testicule, l’épididyme ou le rein. Quand elle touche le rein, elles peuvent toucher le rein chez la femme et chez les hommes évidemment.

Des traitements antibiotiques efficaces

Des traitements existent, quels sont-ils et sont-ils vraiment efficaces ?

Le traitement de l’infection urinaire est un traitement antibiotique. L’infection urinaire simple se traite par un traitement le plus souvent mono dose donc chez la femme. Et le traitement antibiotique des infections urinaires à risque de complications reposera sur un traitement antibiotique de plus longue durée.

Y a-t-il une différence entre les traitements concernant les femmes et ceux pour les hommes ?

Oui. Comme l’infection urinaire simple est plus fréquente chez les femmes, on est plus souvent sur un traitement mono dose, c’est-à-dire en une seule prise, ou sur un traitement un peu plus classique sur 5 jours. Alors que chez les hommes, comme on est le plus souvent face à des infections urinaires à risque de complications, on est sur des traitements antibiotiques qui sont plus longs d’une dizaine de jours.

Messieurs, l’infection se niche dans votre prostate ou vos testicules

Est-il dangereux de ne pas traiter ces infections urinaires ?

Il faut les traiter pour éviter qu’elles deviennent compliquées. Si vous ne traitez pas une cystite simple, elle peut se compliquer d’une pyélonéphrite chez la femme. Chez l’homme, on traite toutes les infections urinaires également, puisque ce sont des infections urinaires qui touchent souvent un organe comme la prostate ou le testicule.

On tolère de temps en temps ce qu’on appelle des colonisations bactériennes, c’est-à-dire des germes qui sont présents dans les urines mais qui n’entraînent pas de symptômes et pour lesquels on a déjà essayé de stériliser les urines sans succès. A ce moment-là on se réserve l’anti biothérapie uniquement pour le cas où cette infection urinaire deviendrait symptomatique ou avant un geste urologique.

Recherche de tumeurs cancéreuses

Des infections urinaires à répétition peuvent-elles être le signe d’une pathologie plus grave ?

Oui. Il faut comprendre que les cystites simples sont souvent prises en charge par les médecins généralistes. Nous, les urologues, on est souvent amenés à prendre en charge les femmes qui ont des infections urinaires à répétition ou les infections urinaires à risque de complications. Face à des infections urinaires à répétition, on va être amené à faire un bilan de façon à déterminer qu’il n’y ait pas un calcul, un résidu post-mictionnel, c’est-à-dire une stagnation des urines après être allé uriner et qui signerait un obstacle sous-vésical ou la recherche d’une tumeur de vessie.

On peut être amené à faire un bilan en fonction des facteurs de risques et de l’âge qui peut être une échographie de l’appareil urinaire. Ca peut aller jusqu’à une cystoscopie pour vérifier l’absence de tumeurs, jusqu’à un bilan urodynamique pour vérifier un problème de vidange vésicale.

L’angoisse du week-end et des vacances

On le disait au début de cet entretien, les infections urinaires seront parfois un véritable calvaire pour les femmes. Est-ce qu’on peut les soigner définitivement ?

C’est un calvaire pour les femmes quand elles récidivent pour plusieurs raisons. C’est vraiment un problème qui peut être très stressant pour ces femmes que d’avoir des infections urinaires de façon inopinée. Je pense notamment aux week-ends ou aux vacances où elles vont avoir des difficultés à joindre un médecin généraliste et à être prises en charge.

Quand on prend en charge ces infections urinaires récidivantes, en fonction de la récurrence, on peut être amené à introduire un traitement antibiotique au long cours. C’est-à-dire une prise d’antibiotique systématique une fois par semaine, voire une fois par jour, à des doses évidemment un peu plus faibles qu’en traitement thérapeutique. On associe ce traitement à la prise de canneberge qui est une baie canadienne et à la prise de D-Mannose. Ce sont deux produits qui ont montré leur efficacité dans la prévention des infections urinaires et qui évitent aux bactéries de s’accrocher à la paroi vésicale.

Le traitement définitif pas toujours possible

Alors, arrive-t-on à traiter définitivement ces infections urinaires ? Pas toujours. Ce n’est pas toujours parfait. Néanmoins, quand on arrive à diminuer la récurrence, c’est quand même un soulagement pour ces patientes. Ce qui est important aussi, c’est de leur remettre une ordonnance qui leur permet de gérer le problème parce qu’elles connaissent bien leurs symptômes. Si elles sont en urgence touchées par une infection urinaire, j’ai tendance à leur donner une antibiothérapie probabiliste qu’elles peuvent utiliser en cas d’urgence, le week-end ou quand elles ont des difficultés à joindre un médecin pour pouvoir traiter cette infection urinaire.

Quand on a des infections urinaires, il faut donc les traiter et ne pas laisser filer ?

Oui, il faut traiter les infections urinaires symptomatiques.

Boire toute la journée, uriner après un rapport sexuel

Peut-on prévenir les infections urinaires ? Quels conseils donner au quotidien ?

On peut prévenir par un ensemble de règles hygiéno-diététiques, qu’en général les patientes qui ont des récidives connaissent bien mais qu’il est toujours important de rappeler. C’est en premier lieu d’avoir une hygiène hydrique correcte, c’est-à-dire de boire correctement tout au long de la journée en petite quantité et ne pas boire un demi-litre le matin, à midi et le soir. Il faut boire tout au long de la journée.

Il faut aller uriner régulièrement, prendre le temps d’aller uriner et vidanger cette vessie. Il faut aller uriner après les rapports sexuels de façon systématique parce qu’une des causes des infections urinaires, c’est les infections urinaires qui sont liées aux rapports sexuels. Il faut éviter la constipation. Et il faut traiter les patientes qui sont ménopausées. La période péri-ménopausique est une période où les femmes vont faire plus d’infections urinaires. Il est donc important de traiter ces patientes sur le plan périnéal parce que c’est un facteur de risque.

Prenez le temps d’aller aux toilettes !

Sur le plan de l’hygiène, notamment de la toilette, il y a des choses à faire particulièrement ?

Il faut avoir une hygiène correcte. En revanche il faut éviter de trop se laver. Il y a notamment des patientes qui se lavent systématiquement après le passage aux toilettes. Ce n’est pas recommandé puisque ça décape en fait la flore vaginale, qui intervient dans la lutte des infections urinaires par la patiente elle-même en fait.

Une dernière petite précision concernant les hommes : est-ce qu’il y a également des conseils à leur donner au quotidien ?

Les conseils sont similaires à ceux des femmes pour certains : avoir une hygiène hydrique correcte, prendre le temps d’aller uriner. Il y a trop de gens qui urinent deux fois par jour, tout simplement parce qu’on n’a pas le temps, parce qu’on ne prend pas le temps d’aller aux toilettes. Ou parce que les conditions ne sont pas idéales. Notamment je pense aux jeunes filles qui sont étudiantes et qui souvent sont gênées par le fait que les toilettes soit ne sont pas accessibles, soit sont d’une propreté douteuse.

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