Veolia ouvre son Écopôle de l’Étoile à Septèmes-les-Vallons

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Contraint de se conformer aux exigences de la loi de transition énergétique de 2015, Veolia rénove son site de traitement des déchets de Septèmes-les-Vallons de manière ambitieuse et durable.

Bientôt, nous ne verrons plus l’Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) de Septèmes-les-Vallons. Place à l’Écopôle de l’Étoile, projet novateur de longue date, symbole de la transition énergétique que souhaite incarnée l’entreprise Veolia. Situé entre le Massif de l’Étoile et le nord du 15ème arrondissement de Marseille, le site d’enfouissement et de revalorisation des déchets va faire peau neuve. Une transformation nécessaire au regard de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTE), promulguée en 2015. 

Le cadre légal concernant la gestion des déchets, déjà très normé, se voit donc renforcé. Les producteurs sont dans l’obligation de valoriser les bio déchets d’ici 2023 et la loi impose le tri de ceux-ci et leur valorisation par compostage ou bio méthanisation. Au niveau régional, les contraintes sont portées par le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (Sraddet). Par exemple, la quantité de déchets enfouis, qui sont des déchets dits ultimes, c’est-à-dire les déchets qui ne sont pas valorisables ni par recyclage ni par via l’incinération, doit être réduite de moitié dans les sites d’ici 2025. 

Plus d’un tiers de déchets en moins

Un objectif immense quand on connait la situation actuelle sur le bassin de vie provençal. En 2018, vingt-quatre millions de tonnes de déchets étaient produits dans la région Sud. Par an, chaque habitant produit sept cent trente-sept kilogrammes de déchets ménagers et assimilés, alors que la moyenne française se situe à cinq cent cinquante kg par habitant et par an, soit 26% de moins. Dans le pays, chaque habitant trie en moyenne soixante kilogrammes de déchets chaque année. En PACA, on n’en est qu’à quarante. C’est le constat d’un retard considérable dont Veolia prend la mesure. Les objectifs fixés par le Sraddet sont d’ailleurs loin d’être respectés. Deux cent mille tonnes de déchets par an sont en trop, d’où une saturation rapide des installations de stockage. 

Le site de Septèmes-les-Vallons, l’un des plus importants de la région, va donc muter. L’année dernière, le bassin de vie provençal avait une capacité de traitement des déchets de neuf cent quatre-vingt-dix mille tonnes. 25% de ce total était traité sur le site du nord de Marseille. Une capacité impressionnante dont le volume exige une organisation précise et continue.

Les contraintes de la LTE ont donc apporté une nouvelle feuille de route à l’entreprise. D’ici 2025, Veolia ambitionne ainsi de passer de deux cent cinquante mille tonnes de déchets enfouis par an à non pas cent vingt-cinq mille comme préconisé, mais cent mille. C’est le projet phare du renouvellement du site, un projet très ambitieux mais qui ne peut pas se faire seul. Veolia espère une meilleure prise de conscience des citoyens sur la gestion de leurs déchets, et met en place des actions pour soutenir cette transition. Le site est en grande partie réaménagé pour permettre aux habitants d’avoir plus de possibilités pour le tri. 

Des projets ambitieux pour l’environnement

La déchèterie est harmonisée afin de fluidifier la circulation et améliorer le recyclage. Une ressourcerie sera créée et permettra ainsi de réduire la quantité de déchets et de soutenir l’idée d’un mode de vie durable. Une installation maraîchère et fruitière est aussi prévue dans l’Écopôle sur une taille d’un hectare et demi avec cinq mille mètres carrés de serres chauffées, six mille mètres carrés consacrés à la culture maraîchère et aux plantes aromatiques et enfin une production fruitière de la même taille. Toutes les récoltes de cet aménagement seront réutilisées afin de couvrir les besoins de trois cantines. Un appel à candidature a été déposé pour la mise en place de cette installation. La plateforme de compostage va aussi faire peau neuve. Le site va passer de vingt-deux mille cinq cents tonnes de déchets verts réceptionnés par an au double en 2025. 

À savoir, le compost est revendu aux collectivités, aux particuliers, aux professionnels des espaces verts et aux agriculteurs locaux. Par ailleurs, la fermentation de ces déchets organiques produit du biogaz, capté afin de produire trois mégawatts d’électricité, ce qui correspond à la consommation électrique de neuf mille habitants. Le site est d’ailleurs autosuffisant. L’idée d’une centrale photovoltaïque a aussi germé. En partenariat avec la mairie, cette centrale permettrait de générer sept mille mégawatts et donc de couvrir les besoins en consommation de deux mille huit cents foyers. 

Ces nombreuses initiatives offrent au site de Veolia une allure plus neuve et dans l’air du temps, entre la production d’énergie et la valorisation des déchets en électricité. Mais Veolia ne s’arrête pas là et pense aussi aux nuisances créées aux alentours. Pour éviter la surabondance de camions à proximité de la ville, la logistique de la gestion du trafic a été reconsidérée. Aujourd’hui, quatre-vingts camions font les allers-retours quotidiennement. Ce chiffre devrait être réduit de moitié d’ici quelques années. 

Ces camions sont systématiquement devancés par un convoi les limitant à une allure de trente kilomètres par heure pour sécuriser la circulation. Le trafic est arrêté au moment des entrées et sorties de l’École de la Solidarité proche de la route de transit. À cet endroit, la voirie a d’ailleurs été réaménagée par Veolia pour assurer des convois plus sûrs sans risquer d’accidents avec les enfants. 

Une dimension économique importante

Enfin, l’entreprise est ancrée dans la réalité sociale de Marseille. L’installation de la ressourcerie nécessitera trois postes à pourvoir, de même que la ferme urbaine. Ces postes à la réinsertion des personnes éloignées de l’emploi et favorisent l’insertion sociale. Le nombre d’emplois augmentera de 30% par rapport au nombre actuel. 

Ce projet a un coût, évidemment : environ dix millions d’euros. Mais il ne pourra exister que si l’autorisation préfectorale pour l’exploitation est renouvelée d’ici mars 2022. Si cette autorisation n’est pas acquise, il va falloir pour la région trouver un autre site de stockage des déchets ultimes. Ce qui allongerait fortement le délai de traitement des déchets de Marseille et risquerait de créer des décharges sauvages nocives pour l’environnement. Une fermeture du site provoquerait aussi des problèmes économiques pour les entreprises partenaires dont la gestion des déchets devra être modifiée. Et les trente emplois actuels seraient certainement menacés.

L’Écopôle de l’Étoile est donc un plan qui a mis du temps à se décider et qui mettra du temps à se concrétiser. Mais le renouvellement du site est nécessaire, et les apports s’inscrivent dans une démarche durable de valorisation des déchets, dans l’espoir qu’il y en ait de moins en moins au fil des ans. 

Célestin Barraud

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