Quels sont les sportifs qui ont accès à vos soins ?
On a des sportifs pros, la crème de la crème, mais aussi beaucoup de sportifs amateurs, motivés, qui ont envie d’améliorer leur état, et leurs performances par la suite.
Si je suis un sportif du dimanche, sérieusement blessé après une chute à vélo, un combat de judo ou un choc lors d’un match de foot, je peux moi aussi bénéficier de vos soins au même titre qu’un Dimitri Payet ?
Evidemment. Il faut que la pathologie nécessite une prise en charge chez nous et que vous ayez de la motivation et l’envie de reprendre ensuite, pas forcément la compétition, mais le sport que vous pratiquiez avant.
« Le sport à haut niveau n’est jamais bon pour la santé »
Quelles sont les pratiques sportives les plus délétères pour le corps, et quelles sont les parties les plus impactées ?
Toutes les pratiques sportives sont délétères, le sport à haut niveau ce n’est jamais bon pour la santé malgré tout ce que l’on peut dire. On a des sports portés, comme le vélo, la natation, où l’on a moins de pathologies aiguës. Ce sont plus des pathologies chroniques, de répétition, d’usure, on pense aux épaules des nageurs par exemple. Au vélo on va avoir beaucoup de pathologies aiguës à la chute, sinon ce sont des pathologies d’usure type tendinopathies. Les sports les plus délétères sont les sports de contact essentiellement. Quand on parle de rugby, de judo, de sports de combat, il y a beaucoup plus de blessures que dans la natation !
Quelles sont les parties du corps les plus impactées ? Arrivez-vous à le quantifier parmi vos patients ?
On a à peu près 70% de membres inférieurs – genoux, chevilles, un peu de hanche. Après on a de l’épaule, des luxations notamment, et un peu de tronc mais ce sont des pathologies chroniques.
La répétition use les articulations
Le corps n’est pas fait pour le sport à haut niveau ?
Il n’est pas fait pour de la répétition d’efforts. Une articulation est faite pour fonctionner x milliers de fois. Si on la sollicite beaucoup, beaucoup, il y a une usure plus importante et derrière des risques d’arthrose plus importants.
La prise en charge du blessé doit-elle être la plus urgente possible ?
J’aurais tendance à dire oui, surtout dans le sport professionnel. Car il y a des enjeux économiques et autres qui font qu’il faut reprendre rapidement. Mais pas toujours. Pour certaines pathologies – on parle de ligamentoplastie de genou, de ruptures de ligaments croisés – quand on va devoir opérer la personne on ne peut pas l’opérer tout de suite. Elle a besoin de soins en amont, de récupérer des amplitudes, diminuer les douleurs, pour que le chirurgien puisse opérer derrière. Donc ce n’est pas toujours une urgence absolue même si dans la plupart du temps il faut la prendre en charge tout de suite.
Une rééducation intense de 15h par semaine
Quel est le parcours du blessé et combien de temps va-t-il passer à la clinique Saint-Martin Sport ?
A partir du moment où son dossier aura été accepté par le collège des médecins, il va y avoir une prise en charge pluridisciplinaire avec des médecins du sport, des kinés bien sûr, et un préparateur physique qui va s’occuper de tout ce qui est non pathologique. Le kiné, pour un genou, va s’occuper des membres inférieurs, et le préparateur physique de ce qui est sain, donc le tronc, les membres supérieurs. Ceci pour faire en sorte qu’à la sortie de la clinique et quand la blessure sera guérie, on ne soit pas complétement déconditionné à l’effort.
Le temps passé ici est estimé entre 2 et 8 semaines. Moins que cela n’a pas vraiment d’effet, et plus que ça, il y a une espèce d’usure psychologique et une fatigue physique. C’est quand même très intense ! On voit les patients 15 heures par semaine. Autant pour des sportifs professionnels, c’est à peu près la charge de travail qu’ils ont normalement, mais pour des sportifs amateurs ça peut être un peu intense.
Il faut donc une grosse motivation pour être pris en charge ici, parce qu’on va en baver…
Exactement ! Il faut une grosse motivation. Nos patients viennent tous les jours du lundi au vendredi, 3 heures par jour. Sans une bonne motivation, on peut vite baisser les bras parce que c’est assez intense. Et puis on est dans un environnement avec d’autres sportifs qui crée une émulation. Il faut être en forme effectivement.
La blessure est aussi psychologique
Travaillez-vous également le soutien psychologique, sachant qu’une incapacité à faire du sport à haute intensité peut être un drame pour de nombreux pratiquants amateurs ?
C’est un gros point d’évolution de la clinique. On aimerait beaucoup travailler avec des psychologues du sport. Effectivement, quand il y a traumatisme, un arrêt sportif, même chez un sportif qui n’est pas professionnel, c’est un peu la catastrophe. Il y a une prise en charge physique et une prise en charge psychologique d’acceptation de la blessure et de reprise du sport en toute sécurité. On s’est rendu compte que quelqu’un qui avait été blessé, quand il va retourner sur le terrain dans la situation dans laquelle il s’était blessé, il y a un trauma qui va être là. Pour le moment on gère cela avec notre expérience de kinés, et de sportifs confirmés ou d’anciens sportifs. On a une expérience de blessures comme patients et comme kinés.
Les conseils pour limiter les blessures, malheureusement inévitables…
Quelles sont les blessures éventuellement évitables, celles que l’on contracte faute de précautions, d’échauffement ou de préparation suffisante ?
Pour éviter les blessures, quand on fait du sport, c’est un peu compliqué. J’ai tendance à dire aux patients que, le sportif, c’est quelqu’un qui est un blessé en sursis. On sait qu’on va se blesser, plus ou moins gravement, on ne sait pas quand. Personne ne connaît un sportif qui n’a jamais été blessé. Au moins, ce que l’on peut faire pour éviter les blessures, c’est de la prévention : une bonne hygiène de vie, une hydratation, du sommeil, un bon équipement. Souvent on a tendance à partir avec des vieilles baskets et à aller courir. Faire du sport, ça se prépare. Ce n’est pas quelque chose d’inné. Il ne faut pas hésiter à changer régulièrement de matériel, qui évolue, et n’est peut-être plus adapté.
On doit éviter de faire du sport quand il y a beaucoup de fatigue, un mauvais sommeil, quand on a mal mangé. Très important aussi : le manque de progressivité. N’est pas athlète qui veut ! Quelqu’un qui va commencer la course à pied doit le faire progressivement, sans pour autant faire un marathon du jour au lendemain. C’est la progressivité qui va permettre d’aller le plus loin possible, sans se blesser.
cet article vous a plu ?
Donnez nous votre avis
Average rating / 5. Vote count:
No votes so far! Be the first to rate this post.