De la photographie au métier d’acteur
Cyril Lecomte est plutôt connu pour ses rôles dans des productions cinématographiques. Il a ainsi joué dans Bac Nord, Débarquement Immédiat, La French, No Pasaran, ou Les Collègues… mais aussi à la télévision, avec Caïn ou Engrenages, et au théâtre, où il s’est produit dans des mises en scène de Marcel Maréchal ou Roger Planchon. Mais sa première passion, c’est la photographie, qu’il pratique depuis son plus jeune âge. Ses clichés ont d’ailleurs été exposés à Marseille, Cannes ou Paris, avant même de goûter aux planches et aux plateaux de tournage.
« À 15 ans, j’étais « photo-grapheur » avant d’être acteur, raconte-t-il. Comme dit Beckett, bon qu’à ça ». C’est en se baladant seul avec son boîtier qu’il a commencé à faire de la photographie, travaillant ensuite le tirage argentique en laboratoire. Ce chemin l’a ensuite amené au théâtre, non pas pour jouer mais pour tirer le portrait de grands artistes comme Ariane Mnouchkine, jusqu’au jour où il s’est dit qu’il passerait bien de l’autre côté de l’objectif. Acteur plutôt que photographe.
Saisir l’instant pour le fixer dans l’éternité
« Pour moi, c’est le même terrain, le même lieu où l’accident poignant se produit, assure Cyril Lecomte. Jouer avec le temps, avec l’espace, une terre imaginaire inconnue où les formes de l’étrange apparaissent pour révéler le fond de l’inconscient. Le pays de l’esprit libre. De la photographie, je ne connais pas les règles, à part des règles de lumière et de cadre. En quelques fractions de seconde bien senties, il faut se jeter dans le vide, en espérant qu’un personnage inconnu, une forme, apparaissent en moi… en chair et en vous. »
L’instantanéité ou l’immanence fortuite d’une occurrence est ce qui motive son travail, et d’acteur et de photographe. Il fixe dans l’éternité cet instant saisi, lui conférant ainsi une autre réalité. « La photographie, c’est l’écriture de la lumière, rappelle-t-il. Le photographe a besoin de l’écrire quelque part, comme quand on a besoin d’écrire dans un carnet ou sur un ordinateur. Il faut que cet instant devienne éternel. »
Tant d’arrêts en 40 ans
L’exposition est composée d’une cinquantaine de photographies, essentiellement en noir et blanc, avec quelques incursions en couleur, la plupart prises en argentique. Paysages qu’il a visités, portraits d’hommes et de femmes, fragments d’instants volés, formes abstraites, jeux de lumières et de contrastes, mises en perspective…
« Dans cette exposition, il n’y a pas d’ordre chronologique, de thématique, précise l’artiste. Il y a des chapitres que nous avons « montés » comme un film, image par image, séquence par séquence. Ces « Tant d’arrêts » ont eu lieu depuis tant d’années, tant de jours, tant de nuits, tant de lieux, tant de situations improbables, tant de visions devant l’objectif, tant d’essais, tant de ratés, tant de réussis, tant de chances, tant de lumières, tant de signes, tant de matières, tant de mystères, tant de messages cryptés, tant de temps passé à arrêter… je ne sais quoi, je ne sais quand. »
La photographie au service de l’émotion
« J’aime cette idée que la photographie n’est pas là pour transmettre une vision personnelle, mais plutôt pour émouvoir, poursuit-il. J’imagine depuis longtemps déjà les images mises en scène sur les murs pour que nous découvrions leur esprit. Que cette magie des formes et des lumières apparaisse instantanément dans l’espace, surprenne, étonne, émeuve, claque dans les yeux et frappe le cœur de ceux qui les voient. »
Le vernissage de l’exposition se déroulera dans la galerie Espace Carte Blanche, 27 rue de Lodi à Marseille, le mardi 26 avril, de 18 heures à minuit.
Diane Vandermolina
Plus d’infos : http://espace-carteblanche.com
Photo de une : Dreaming by letters ©Cyril Lecomte
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