Le cancer colorectal touche plus de 40 000 nouvelles personnes chaque année en France, et des centaines de milliers d’autres sont en traitement ou sous surveillance après avoir été soignées. Dans quelle mesure peut-on espérer s’en sortir quand on a un cancer aussi redoutable ?
Docteur Caroline Prieux-Klotz : C’est justement un cancer qui se soigne très bien, dans 80% des cas, surtout quand il a été diagnostiqué au stade précoce. C’est là tout l’enjeu du dépistage! La majorité des patients sont opérés sans nécessité de traitement complémentaire avec seulement une surveillance. Du sang dans les selles : vite, chez le médecin !Combien de cancers sont-ils opérables ? Et dans ce cas, sont-ils toujours accompagnés d’un traitement médical ?
Actuellement un peu plus de la moitié des cancers du côlon sont diagnostiqués à un stade précoce. La chimiothérapie post-opératoire n’est pas du tout systématique et correspond au traitement d’un risque en fonction de l’atteinte des ganglions sur la pièce opératoire qui a été enlevée. Nous pouvons diagnostiquer ces cancers plus tôt, notamment en sensibilisant les patients aux symptômes qui doivent faire consulter (ne pas banaliser le sang dans les selles par exemple, ce n’est pas toujours des hémorroïdes !) et en incitant au dépistage. On peut être en chimio et travailler…Dans le public, la chimiothérapie a parfois mauvaise presse, elle traîne l’image d’un traitement global et peu ciblé, très fatigant. Est-ce toujours le cas ?
Des décennies de traitements toxiques ont malheureusement contribué à cette image. Nous avons beaucoup amélioré les protocoles de chimiothérapie et les traitements pour parer aux effets secondaires. Nous adaptons chaque cure de traitement à la tolérance du patient et plusieurs de mes patients travaillent encore en cours de chimio, car ils le souhaitent! Et cela montre bien que les effets indésirables ne sont pas systématiques. Des thérapies ciblées sur les anomalies moléculaires de la tumeur associées à la chimiothérapie permettent également d’en améliorer l’efficacité. L’heure des traitements personnalisésLe taux de survie à 5 ans a gagné 14 points en quelques années (on est passé en gros de 50% à 64%). Quels sont les principaux progrès des traitements médicaux qui ont permis ce gain ?
Le cancer du côlon est une maladie où la discussion pluridisciplinaire a toute sa place. Pour chaque patient, nous tentons de trouver le meilleur traitement personnalisé en combinant des traitements médicaux de chimiothérapie, de thérapies ciblées, parfois de chimiothérapie ciblée sur un organe (par exemple directement dans le foie), de chirurgie, de radiologie interventionnelle et de radiothérapie. C’est, je pense, l’optimisation de l’ensemble de ces traitements qui nous rend chaque année meilleurs. Nous avons la chance à l’hôpital Sainte Anne (à Toulon) d’avoir une excellente équipe dans ces spécialités et l’accès à ces techniques innovantes. Nous collaborons également avec les centres de référence régionaux.
« On avance à pas de géant tous les ans »Où se situeront les progrès à l’avenir ? Peut-on espérer encore épargner des vies touchées par le cancer colorectal ?
Absolument ! On y croit! A chaque publication, la communauté médicale avance, c’est la beauté de notre métier. Nous sommes tous unis dans la communauté scientifique pour avancer. En quelques années, le paysage thérapeutique a changé dans le cancer du côlon mais aussi dans l’ensemble des cancers digestifs. Les progrès sont actuellement majoritairement dans la médecine moléculaire et les thérapies ciblées, ainsi que dans l’immunothérapie qui offre des résultats exceptionnels, mais elle est pour l’instant utilisable dans seulement 5% des cancers du côlon. Le but est d’arriver à rendre les traitements totalement sur mesure en fonction du portrait moléculaire de la tumeur. On avance à pas de géant tous les ans là-dessus. La coloscopie vous évitera peut-être un cancerN’y a-t-il pas finalement meilleur « traitement » que le dépistage, puisqu’un cancer détecté tôt se guérit généralement plus facilement ?
Mais si! Et on compte sur vous pour en parler. C’est vraiment important de communiquer sur l’importance du dépistage précoce, exactement comme pour le cancer du sein. En l’absence de facteur de risque familial ou de symptôme, le test FIT dans les selles est à réaliser à partir de 50 ans, tous les deux ans. Il est rapide et sans rendez vous, dans vos toilettes !
Par contre, en cas de symptômes digestifs ou notamment de sang dans les selles, on consulte pour faire pratiquer une coloscopie; ça permettra peut être d’enlever le polype qui évitera le cancer plusieurs années après, ou de découvrir une tumeur à un stade précoce.
Pour réduire votre risque de cancer, venez lundi !En quoi la conférence du 20 mars à Toulon peut-elle vraiment aider le public à prévenir le cancer colorectal, ou bien à savoir comment être pris en charge de façon optimale si on vient à être malade ? Nous avons réuni chirurgiens, endoscopistes et oncologues pour aborder de manière complète tous les aspects de cette maladie. Au cours d’un moment de discussion et de partage convivial, nous allons vous exposer les progrès de la médecine, de la chirurgie, les indications du dépistage, et les moyens prouvés pour diminuer votre risque de cancer. Nous vous attendons nombreux ! Inscrivez-vous, c’est gratuitConférence « Cancer colorectal : prévention, dépistage et nouvelles approches thérapeutiques ». Lundi 20 mars à 18h, Hôpital Sainte-Anne, Base Vie, amphithéâtre Robinet, 2 boulevard Sainte-Anne, 83000 Toulon. Avec le Dr Caroline Prieux-Klotz, gastro-entérologue et cancérologue, le Dr Candide Bayama, hépato gastro-entérologue, le Dr Leïla Sinayoko, gastro-entérologue et endoscopiste, le Dr Stéphane Bourgouin, chirurgien digestif, le Pr Paul Balandraud, chirurgien digestif, le Dr Anne Vauthier, gastro-entérologue et cancérologue, le Dr Ludivine Gan, hépato gastro-entérologue et endoscopiste. Entrée libre mais inscription obligatoire par mail : masanteprovence@gmail.com en indiquant vos nom, prénom et le nombre de personnes, ainsi que votre numéro de téléphone. Cette conférence est organisée par MProvence avec le CRCDC et la FFCD, l’Hôpital Sainte-Anne, en partenariat avec France Bleu Provence, et le soutien institutionnel des laboratoires Bayer et MSD. |
Toulon est bien armé face au cancer du côlon !
L'hôpital militaire Sainte-Anne a déployé une stratégie agressive face au cancer du gros intestin, l'un des plus meurtriers. Lundi 20 mars à 18h, lors d'une conférence gratuite ouverte au public, sept médecins spécialisés dans sa prise en charge exposeront leur connaissances et répondront aux questions. Le docteur Caroline Prieux-Klotz, gastro-entérologue et cancérologue, dévoile les formidables progrès en matière de soins et appelle les + de 50 ans à se faire dépister.
Santé
- 16 Mar 2023
- 4 minutes
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