Transdev sur les rails pour concurrencer la SNCF sur le réseau TER régional

Economie

La Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur entre dans l’histoire ferroviaire française en étant la première à libéraliser le marché de la desserte des TER, monopole historique de la SNCF.  Le groupe Transdev et la SNCF ont été désignés lauréats, le 29 octobre dernier, de la procédure d’ouverture à la concurrence engagée en 2017 par la Région Sud Paca. Les deux opérateurs débuteront en juin 2025, avec la promesse d’un service en nette amélioration, conformément aux exigences du cahier des charges de l’autorité organisatrice des transports.https://youtu.be/B9RTImTu0WY

Transdev, filiale de la Caisse des dépôts et consignation (CDC) à 66%, vient de remporter 10% du marché des trains express régionaux de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, dans le cadre d’un appel d’offres portant sur deux lots. Le géant français de la mobilité a été sélectionné pour exploiter, entre 2025 et 2035, la ligne TER Marseille/Toulon/Nice. Une décision qualifiée d’historique par Renaud Muselier, le président de la Région Sud, à l’origine en 2017 de cette mise en concurrence destinée à challenger l’opérateur historique national. 

Cette concession de 870 M€ à Transdev sera assortie de l’arrivée de 16 rames électriques commandées par la Région, pour un montant de 75 M€. En contrepartie, la région a relevé son niveau d’exigence tant en termes de fréquence, de ponctualité, de fiabilité et de sécurité que de confort. Sur la période, la région réclame un doublement de l’offre, que passera de 7 à 14 allers-retours quotidiens entre 6 et 22 heures.

©SNCF

Améliorer le quotidien des Français

Un défi que Thierry Mallet, Pdg de Transdev, ne craint pas de relever, compte tenu de l’expérience du groupe sur les réseaux étrangers. « Nous exploitons 70 lignes ferroviaires dans cinq pays et nous transportons chaque année 180 millions de voyageurs, a-t-il indiqué, rappelant que nous sommes un opérateur français qui n’avait pas le droit jusqu’à présent d’opérer en France. » Selon Thierry Mallet, «  le développement durable et l’ouverture à la concurrence vont permettre d’améliorer le quotidien des Français, d’accélérer la transition écologique, de désenclaver certains territoires et de renforcer l’attractivité des villes et des régions. Cette ligne sera une vraie alternative à la voiture. » Le Pdg de Transdev a également annoncé un partenariat avec le groupe NGE pour construire le futur centre de maintenance à Nice.

Transdev, qui emploie 3800 salariés en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, s’est également engagé à créer localement un centre de formation en partenariat avec Aix-Marseille Université et à promouvoir l’insertion professionnelle.

L’Association Française du Rail (Afra), qui fédère les opérateurs alternatifs à la SNCF, a salué la décision de la Région Sud de briser le monopole en France. « C’est une opportunité historique pour rendre le train plus attractif. Un enjeu d’autant plus majeur à l’heure de la transition écologique. Avec plus de trains, plus de qualité de service et plus d’innovation, les habitants de la Région Sud vont pouvoir choisir bien plus facilement le train pour leurs déplacements quotidiens », a réagi Franck Tuffereau, délégué général de l’Afra.

Inciter les gens à prendre le train

Concrètement, SNCF Voyageur remporte le lot 2, composé de la desserte des lignes de Cannes-Grasse, Les Arc-Vintimille et Nice-Tende, qui représente 23% du marché. La fréquence des trains passera de 69 allers-retours par jour aujourd’hui à 120 allers-retours quotidiens en 2025. « Vous êtes un client exigeant et votre insatisfaction était légitime », a admis Christophe Fanichet, Pdg de SNCF Voyageurs, s’adressant au président de la collectivité. 

Outre le nouveau centre de maintenance en partenariat avec NGE, SNCF Voyageurs a également annoncé la création d’un nouveau centre opérationnel, toujours à Nice. En 2025, 23 rames seront remises à neuf par la Région. « Nous avons une option biocarburant sur la ligne Nice-Breil-Tende. Notre objectif étant d’atteindre la neutralité carbone en 2025 sur la ligne littorale », a assuré Christophe Fanichet.

De son côté la Région annonce une stabilité tarifaire pour les voyageurs. « Le billet unique sera cher mais l’abonné de paiera pas plus cher. Nous voulons inciter les gens à prendre le train », a expliqué Renaud Muselier.

La plus mauvaise région de France pour sa piètre qualité du réseau TER en 2016 aura quasiment mis dix ans pour remettre son réseau ferroviaire régional sur de bons rails…

Nathalie Bureau du Colombier

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