Acteur de l’économie circulaire né en 2018, Uzaje propose des solutions industrielles de mutualisation du lavage de contenants alimentaires, notamment en métal ou en verre. Ces solutions ont pour avantage une très faible consommation d’eau, d’énergie et de lessives.
Qui est concerné par les solutions Uzaje ? Tout d’abord, les acteurs de la restauration collective et commerciale et les industriels de l’agroalimentaire.
Un centre de lavage sur le MIN d’Avignon
Depuis début janvier, le centre de lavage industriel de la toute jeune société Uzaje est opérationnel. C’est le jeudi 10 février qu’Emmanuel Auberger, président-fondateur de la société, l’a inaugurée, en présence de ses deux premiers clients en région Sud, Terres de cuisine et la ville d’Avignon, qui ont décidé d’arrêter complètement d’utiliser des contenants en plastique jetables. Terres de cuisine confie déjà à Uzaje les contenants de 20 000 repas/jour et la ville d’Avignon de 4000 repas jour.
Sur la route de la transition écologique
Il est vrai que Cécile Helle, maire (PS) d’Avignon, a instauré le « zéro plastique » dans les cantines municipales depuis le mois de janvier 2022, soit trois ans avant l’obligation légale interdisant les contenants alimentaires en plastique dans la restauration scolaire. Une décision qui signe le retour des bacs en inox réutilisables… et du lavage entre chaque utilisation. Un appel d’offre a donc été lancé pour répondre à ce nouveau besoin et Uzaje l’a emporté. Cécile Helle se félicite ainsi « d’avoir impulsé un cercle vertueux, où vont de pair politique volontariste en matière de protection de l’environnement et de santé publique, et création d’emplois. »
Plusieurs institutions soutiennent la démarche, comme la Banque des territoires, Restau’Co, le réseau interprofessionnel de la restauration collective et Citeo (ex-Eco-emballages), qui finance les initiatives autour de la gestion des emballages usagés.
Avignon, 2e site en France
Avignon est le second site d’Uzaje avec celui de Neuilly-sur-Marne, en Ile-de-France, où l’entreprise à son siège social. Il compte aujourd’hui un seul tunnel de lavage par aspersion dédié aux lunch box, plats, bocaux, bacs inox et couverts. Un second tunnel de lavage, par immersion celui-là, est en phase d’étude pour le lavage des bouteilles en verre. L’association des vins AOC Ventoux a déjà fait connaître son intérêt pour cette solution, tout comme Daily Pic, la société de la célèbre chef Anne-Sophie Pic, à Valence.
Objectif : 35 millions d’unités par an
L’investissement dans le site de lavage d’Avignon s’élève à 1 million d’euros, alors qu’il a fallu une levée de fonds de 4 millions d’euros pour le financement du site de Neuilly-sur-Marne, équipé des deux types de tunnels.
Sur le site d’Avignon, Uzaje a la capacité de travailler pour le compte d’entreprises installées sur l’ensemble du sud-est. À l’horizon 2025, l’entreprise projette ainsi de créer 40 emplois locaux en production, pour le lavage de plus de 35 millions d’unités par an. Plusieurs milliers de tonnes de déchets plastique pourraient ainsi être économisés. Et les bouteilles en verre à nouveau réutilisées, comme au temps de la consigne chez l’épicier du coin.
Accompagnement vers le réemploi
Selon Emmanuel Auberger, « cet outil industriel d’Avignon répond à la très forte demande de solutions pour le réemploi dans le sud-est. Cela permet aux acteurs de passer concrètement à une économie circulaire, en utilisant des contenants alimentaires réemployables. » Uzaje propose ainsi d’accompagner les acteurs privés ou publics qui souhaitent réussir leur passage au réemploi. « Nous sommes une entreprise à mission et nous apportons nos conseils pour optimiser les installations de lavage déjà présentes au sein des entreprises quand elles en possèdent », explique son fondateur et patron. Qui envisage un déploiement rapide dans toute la France, avec des implantations prévues à Lille, Nantes, Toulouse, Strasbourg et Lyon.
Il faut cela pour espérer tenir les objectifs nationaux et européens en matière de recyclage. Selon Christine Leuthy-Molina, directrice régionale sud-est de Citeo, l’objectif est « d’accroître la part d’emballages réemployables à 5% des emballages mis sur le marché d’ici 2023, et à 10% d’ici 2027 ». Une ambition qui semble modeste, mais s’y tenir ferait déjà de grosses différences.
Un contexte porteur
Quoi qu’il en soit, le contexte n’a jamais semblé aussi favorable. La plateforme make.org a lancé une vaste consultation citoyenne sur l’environnement, point de départ de sa grande cause « Agissons Ensemble pour l’Environnement ». Résultat : 90% des 540 596 Français qui y ont participé souhaitent voir diminuer, sinon supprimer le suremballage et les emballages individuels, en trouvant des alternatives. Les 150 citoyens de la convention citoyenne pour le climat ont appelé à remettre en place et à généraliser le vrac et la consigne sur les emballages en verre d’ici 2025.
Sur le plan législatif, de nombreux articles de la loi Agec conduisent au réemploi et la loi Egalim conduit à l’interdiction du plastique dans les cantines scolaires dès 2025. Reste à savoir si ce sera suffisant.
Joëlle Cambonie
Photo de Une : Emmanuel Auberger, président-fondateur d’Uzaje
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