C’était en 2015, par une douce nuit d’octobre. Un petit groupe déambulait sur le Vieux-Port et s’arrêtait à chaque terrasse. Ce n’était pas la soif qui provoquait ces étapes, mais le fait que dans ce groupe figurait une « star américaine » qui, sans cesse reconnue, devait se prêter tous les vingt pas au jeu des selfies et autographes. Les autres, profitant de l’anonymat des « parfaits inconnus », patientaient en consommant une boisson (avec la modération qui s’impose à Marseille comme nulle part ailleurs). Parmi eux se trouvaient un trio d’Aveyronnais venus présenter au Marseille Webfest le pilote de leur websérie intitulée Mortus Corporatus. Et même en refaisant le monde à chaque étape, ils n’imaginaient certainement pas le succès et l’impact de leur projet.
Un humour noir plutôt rare dans les comédies françaises
Mortus Corporatus, c’est une comédie très drôle et très noire, qui suit les péripéties du pire employé de La Mort incorporated, une multinationale qui se charge de faire passer les humains de vie à trépas lorsque leur heure est venue. Ce fâcheux « faucheur », c’est Gaspard, un tire-au-flanc de première qui cherche avant tout à en faire le moins possible et dont la motivation est inversement proportionnelle à sa maladresse.
Dans le premier épisode, Gaspard se voit confier un jeune apprenti, Cyprien, qui va bousculer sa tranquillité. Jouant sur un humour noir plutôt rare dans les comédies françaises et réalisée avec brio par Fabien Camaly, Mortus Corporatus va immédiatement récolter une pluie de récompenses, dans pratiquement tous les festivals spécialisés et terminer son glorieux parcours sur le site de replay de la chaine TF !. Pas mal du tout pour une « petite série » de Millau produite grâce à une campagne de dons par une toute jeune société de production (AnderAnderA, basée à Saint-Affrique dans l’Aveyron).
Un casting pour le moins étonnant
Mais le succès de cette série et le grand plaisir que l’on prend à la regarder repose aussi sur sa distribution, une brochette de comédiens et comédiennes qui ont depuis tracé de beaux chemins et qui ferait aujourd’hui pâlir d’envie le producteur le plus ambitieux. Frédéric Saurel (L’École buissonnière, Donne moi des ailes…) interprète un truculent Gaspard à qui l’excellent Julien Joerger donne la réplique. Le duo se confronte, avec une complicité et un plaisir visibles, entre autres à Nicolas Ullman (Demain nous appartient), Lola Dewaere (Astrid et Raphaëlle), André Penvern (50 ans d’une carrière brillante au cinéma et à la télévision) et José Bové qui y fait même une apparition.
Une websérie qui tue
Le succès de cette première saison de dix épisodes, que nous vous offrons ce mois-ci a entrainé en 2017 la production d’une seconde saison, toute aussi savoureuse. Elle a également lancé la société de production AnderAnderA qui ne cesse depuis de prouver qu’on peut, en province, rivaliser d’audace et d’imagination avec les plus grosses productions parisiennes. On peut donc affirmer, au propre comme au figuré, que Mortus Corporatus est une websérie qui tue !
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