Le succès de Airbnb et des autres plateformes de locations entre particuliers est loin de ne faire que des heureux ! Dans les mairies, on note de plus en plus d’investissements à but purement locatif qui obligent les ménages à s’exiler en périphérie. Du côté des copropriétés, on ne compte plus les plaintes pour des fêtards qui s’enjaillent jusqu’au bout de la nuit… Et même plus tard parfois ! Le profil des adeptes du clic rapporte souvent en un mois estival quasiment autant qu’une année de location « classique » !
Le phénomène a donc proliféré sur les bords de la Méditerranée, et à l’image de Barcelone, Amsterdam, Los Angeles et d’autres spots à travers la planète… certaines grandes villes sudistes ont décidé de sonner la fin de la récré.
Nice s’engage contre les nuisances
Rien que dans la cité niçoise, près de 20 000 logements en ligne sur les différentes plateformes de locations saisonnières (Booking.com, Airbnb…etc.) sont à portée de clic. Un cheptel qui place Nissa la Bella sur la deuxième marche du podium français en nombre d’annonces… juste derrière Paris. Une performance qui, vous l’aurez compris, est loin d’être encourageante, même si elle est également synonyme de revenus pour le secteur touristique. En effet, du côté de la mairie, il ne faut pas perdre de vue que les recettes de la taxe de séjour, imposée aux locataires passant par la plateforme Airbnb seule, ont permis d’empocher la bagatelle de 1,2 million € en 2021.
Mais attention, l’attrait financier ne doit pas être le seul moteur, surtout quand il va à l’encontre des intérêts des habitants et des commerçants. Dès 2014, Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, a donc décidé de passer des paroles à l’acte en mettant en place un dispositif d’encadrement. Plus loin, en 2018, il a été conforté dans son action par la loi ELAN qui favorise les contrôles et les sanctions pour les loueurs et plateformes ne respectant pas les textes.
Un travail conjoint avec les plateformes de locations
Concrètement, il s’agit de mieux identifier les changements d’usage au travers d’un référencement des mises en location, préalable à leurs annonces sur les plateformes. Cela passe par une demande de signalisation de la part des propriétaires, avec un numéro d’enregistrement émis par la ville Plus loin, ils doivent s’assurer que le règlement de copropriété autorise la mise en location saisonnière. Rien que cette mesure permet d’en limiter le nombre.
Il est également important de souligner que Airbnb joue le jeu et n’hésite pas, depuis février, à retirer automatiquement toutes les annonces qui ne comportent pas ce numéro. En août 2020, Airbnb a interdit toutes les fêtes dans les locaux loués, mais également les rassemblements de plus de 16 personnes. Ajoutez à tout cela la mise en place d’une plateforme relativement efficace à l’attention des voisins… Compliqué de continuer de dire que l’opérateur ne fait rien !
Il ne faut pas perdre de vue que légalement, la responsabilité des nuisances engendrées par une location reste l’affaire des propriétaires. Plus que la répression, il est donc préférable de travailler en amont. C’est le cas, à Nice, pour le service « Mission Protection des Logements », créé en 2018, qui œuvre conjointement avec les plateformes et la police municipale afin de rassurer les habitants niçois et métropolitains avec une réglementation efficace. Résultat : les propriétaires sont invités à se mettre en règle, les locations abusives sont limitées…
Plus loin encore, différentes actions sont testées règulièrement par la mairie :
- Obligation pour les loueurs de compenser sur le marché immobilier les appartements mis en location dès le second logement mis en location pour les personnes physiques et dès le premier pour les personnes morales
- Mise en place d’un dispositif partenarial à la fois expérimental et innovant, inédit en France, permettant une location « mixte » étudiants/tourisme.
Sur le terrain, un service municipal de six agents assermentés a été créé pour vérifier le respect des législations. Du coup, en 2021, plus de 1 00 contrôles ont été opérés, qu’ils soient aléatoires à la suite de dénonciations, de refus d’autorisation… Du côté du renouvellement des autorisations, on est passé à un cycle annuel, « sous réserve que des nuisances n’aient pas été constatées par des agents en charge du contrôle des troubles à l’ordre public ». De fait, la durée maximum accordée à un particulier est de cinq ans. Diverses restrictions sont également prévues comme l’interdiction de la location d’une résidence principale plus de 120 jours par an !
Cannes surveille de près les meublés de tourisme
Pas très loin, à Cannes, ce marché représente 80% de l’offre touristique contre 20% pour les hôtels. Une constatation qui n’est pas sans inquiéter la mairie qui, là aussi, entre dans la danse avec la mise en place d’une déclaration préalable, assortie d’un numéro d’enregistrement.
Récemment, la municipalité n’avait pas hésité à dire non à quatre opérations qui visaient à transformer des immeubles d’habitation du centre en meublés de tourisme. « Les opérations massives commerciales par acquisition d’immeubles, les vidant de leurs habitants, doivent être combattues, car elles accentuent la crise du logement et génèrent une concurrence déloyale vis-à-vis des hôteliers », expliquait David Lisnard.
Marseille fait la guerre aux locataires trop bruyants
Nice ou Cannes ne sont pas seules dans le Sud de la France à passer à l’acte. A Marseille, c’est la guerre aux locataires trop bruyants qui a été officiellement lancée. Dans la cité phocéenne, Airbnb a décidé de favoriser l’installation de boitiers en capacité de mesurer en temps réel le niveau sonore dans un logement, développés par Roomonitor, une entreprise espagnole.
Rien n’est obligatoire pour les propriétaires, mais la plateforme propose de subventionner une partie de l’achat des détecteurs vendus 150 euros. Plus loin, il est même fortement question de recruter une véritable brigade du silence. « Si un appel aux locataires ne permet pas de faire revenir le calme, on peut aller plus loin, explique ainsi Marine Cornu, responsable de Roomonitor dans le sud de la France. Nous ferons intervenir en moins de 30 minutes notre brigade du silence ».
La volonté n’est donc pas d’éradiquer les « locations Airbnb », mais bien de favoriser la cohabitation entre les différentes parties. Une tâche qui ne s’annonce pas aisée, mais qui reste la garantie de vacances réussies pour tout le monde !
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