« Aujourd’hui, les meilleurs recruteurs de la clinique sont les médecins »

La Clinique Bonneveine, située dans le 8ème arrondissement de Marseille, un établissement privé appartenant au Groupe AVEC, est en plein développement avec une stratégie devenue un exemple à suivre aujourd’hui : proposer des parcours de soins individualisés avec une variété de départements de soins pensés par les médecins. « Nous misons sur des parcours de prise en charge structurés autour d’équipes pluridisciplinaires, avec des professionnels qui s’enrichissent les uns des autres. Nous ne sommes pas sur des moments donnés » explique le directeur de la clinique, Fabrice Julien. Rencontre.

Santé

« Nous n’avons pas ici un environnement hospitalier habituel. Nous bénéficions de beaucoup de verdure, d’une vraie dimension pavillonnaire, les patients s’y sentent bien. » Fabrice Julien déborde d’énergie. Le directeur de la Clinique Bonneveine vit à 100 à l’heure. « Dès le lycée, très jeune, et mes amis d’enfance pourront vous le confirmer, je répétais avoir un rêve en tête : devenir directeur d’une clinique. J’avais très vite décidé de faire des études dans ce sens pour y arriver : un Baccalauréat économique et social, Sciences-Po à Aix-en-Provence avec un mémoire réalisé sur l’hospitalisation privée. Puis l’IAE à Puyricard pour des études de gestion avec un tout premier stage en entreprise à effectuer, et c’était déjà ici, au sein de la Clinique Bonneveine ! »

Des patients qui viennent aujourd’hui de toute la région

Revenu dans l’équipe de direction de l’établissement hospitalier alors que ce dernier était en grande difficulté, il est parvenu, à partir de 2016, à impulser une restructuration méthodique des lieux avec « un management axé sur trois piliers à équilibrer entre les médecins, les patients, les équipes. Aujourd’hui, les meilleurs recruteurs de la clinique sont les médecins. »

Depuis les dernières années et davantage les derniers mois, l’image dégagée par sa clinique a évolué. Les partenariats se sont développés, à l’image de celui dernièrement acté avec l’Hôpital Saint-Joseph. Et l’établissement « des quartiers sud de Marseille », au fil des dernières années et sur ses projets référents – à l’exemple de ceux sur le centre de soins de support en oncologie et sur la prise en charge des personnes en situation de handicap – attire de plus en plus de patients de Gap, Nice, toute la région.

Des nouveaux départements de soins qui se multiplient

« Nous venons de finaliser un nouveau département pour la partie rééducation avec une prise en charge des personnes malades du Parkinson sur la phase de rééducation » poursuit-il, « là-encore, on s’est lancé dans un projet innovant : celui de prendre en charge les personnes, après un bilan sur quatre semaines, avec différents intervenants : un coach vocal, des kinés, des coachs sportifs, des orthophonistes, des psychologues… Nous avons encore créé en 2022 un parcours de soins au féminin pour les problèmes de santé en rapport avec les problématiques gynécologiques. Il s’adresse à toutes les femmes ayant besoin d’une prise en charge. Avec des bilans individualisés et réalisés par plusieurs intervenants. Une nouvelle fois, le projet fonctionne grâce à la concertation entre nos professionnels, avec une transversalité qui fait notre force dans nos différents parcours de prise en charge. »

Sur l’année 2021, la Clinique Bonneveine a réalisé un peu plus de 10 000 séjours hospitaliers et 100 000 passages. Crédit : B.A

Différents métiers regroupés qui composent les équipes médicales

Fana de football et de l’esprit club qui ne lâche jamais incarné selon lui à merveille par les « Reds » de Liverpool et leur célèbre chant : « You’ll never walk alone » (« Tu ne marcheras jamais seul »), Fabrice Julien ne cesse de muscler son jeu et ses équipes dans le respect du collectif. « Mon plus grand plaisir est quand un médecin vient dans mon bureau pour me parler d’un projet. Mon rôle est de l’aider à le concrétiser. Il y a toute une dynamique à impulser dans ce but. Au sujet du projet de soins de support en oncologie, le docteur Michel Brun, à l’occasion de notre première rencontre, m’avait tout de suite avoué que l’on avait su créer à travers l’accueil de la clinique un état d’esprit propice à développer son projet. Car nous regroupions ici tous les métiers dont il avait besoin sur un établissement réactif. Il savait qu’il allait tout avoir à disposition à Bonneveine, de manière rapide.”

« L’hôpital fait peur, est déstabilisant. Un sentiment décuplé pour les personnes souffrant de troubles du comportement »

Un projet spécifique a toujours tenu un rôle à part pour le directeur : l’accueil des personnes en situation de handicap. La clinique a décidé de les prendre en charge avec des locaux spécialement dédiés. « A l’image des celles qui souffrent de troubles du comportement, nous ne voulons surtout pas rejeter et cacher ces personnes en les mettant au fond du jardin. Au contraire, nous voulons écrire de belles histoires à leurs côtés. Je n’ai jamais connu de personnes en situation de handicap dans ma propre famille, mais j’ai toujours été conscient de toutes les difficultés quotidiennes qu’elles devaient endurer avec leurs familles. Cette question a été synonyme pour moi, dès le départ, d’un véritable combat professionnel à mener. Le sentiment de peur est celui que j’ai toujours le plus ressenti à l’écoute des soignants et proches de ces patients. J’ai voulu chasser de la clinique cette notion. Car l’hôpital fait peur, est déstabilisant. Un sentiment décuplé pour les personnes souffrant de troubles du comportement. Aujourd’hui, dans la clinique, la peur dans l’accueil des patients a disparu. Les équipes commencent à les prendre en charge sur le parking, s’il le faut, cela fait partie de notre culture. Et nous devons à l’avenir mieux communiquer car trop de gens ne connaissent pas encore tout ce que nous pouvons faire ici pour elles.”

Christophe Pignol, ici à la Clinique Bonneveine, devenu indispensable sein du service ou département de centre de soins de support depuis son arrivée en janvier 2022. Crédit : B.A

Un peu plus de 10 000 séjours hospitaliers et 100 000 passages sur l’année 2021

Les dernières années, les paris du directeur et de ses équipes ont payé. Les créations d’un grand centre dentaire ou d’un laboratoire de biologie médicale regroupant sur place un plateau technique avec deux biologistes, sont là pour le prouver. Et les choix assumés de tenter, d’innover, ont dopé les effectifs : 300 au sein de la clinique entre salariés et libéraux. Dans son centre de consultation, l’établissement rassemble en 2022 plus de 60 spécialités médicales et paramédicales, avec 100 professionnels de santé qui interviennent. Sur l’année 2021, la clinique avait réalisé un peu plus de 10 000 séjours hospitaliers et 100 000 passages.

Un axe fort : l’accès à la santé en direction des populations vulnérables

Le responsable de la clinique se souvient : « fin 2021, le docteur Michel Brun m’avait appelé un vendredi après avoir reçu Christophe Pignol, l’ancien footballeur professionnel, devenu premier onco-coach en France dans le domaine médical, qui avait postulé ailleurs mais n’avait pas obtenu de réponse. Son message était clair : il voulait qu’on l’intègre à nos équipes. J’ai décidé de vite recevoir Christophe, dès le lundi. Nous avons discuté et il m’a convaincu. J’ai compris que son apport serait un vrai plus. Nous avons ici un axe fort : l’accès à la santé en direction des populations vulnérables. Et ce que nous avons développé en termes d’onco-coaching pour des personnes fragilisées en rémission du cancer, je suis persuadé qu’on peut le mettre en place pour celles en situation de handicap, leurs aidants familiaux et professionnels. Cela a du sens. Et j’ai envie qu’on le tente, ce sera une belle réussite. »

Christophe Pignol, passeur décisif de retours à la vie

 

Une culture faite de proximité et de réactivité à propager  

Il poursuit : « à un moment donné, quand les aidants familiaux se donnent autant jour et nuit, ils prennent moins soin d’eux, ont un grand besoin d’aide, et pas seulement venant des professionnels de santé. Nous avons recruté Christophe car nous avons des équipes très ouvertes. L’ancien sportif de haut-niveau a eu de plus en plus d’importance depuis son arrivée en janvier 2022. En juin dernier, nous avons décidé ensemble d’augmenter son temps de travail, pour passer de deux à quatre jours. Et désormais l’équipe de direction de la clinique a envie de recruter un autre onco-coach, à ses côtés. »

Devant l’émulation des nouveaux projets portés par ses médecins et équipes, le directeur avoue les derniers mois « devoir travailler à absorber toujours plus de patients ». Il annonce aussi : « il nous faut trouver de nouveaux espaces pour pouvoir prendre soin de nos malades. Nous avons très peu de turn-over et recrutons beaucoup de professionnels de santé, notamment de médecins. Mon job est d’aider tout le monde, d’être dans l’innovation, de travailler sur cette culture présente ici, faite d’un mélange de proximité et de réactivité. Avec une question toujours en tête : que peut-on faire au sein de cette clinique qui n’est pas réalisé ailleurs ? »

 

Le docteur Michel Brun : « On ne traite pas ici une maladie, mais un être humain »

Le docteur Michel Brun dans la salle d’accueil de son service. Crédit : B.A

Le docteur Michel Brun, est oncologue médical à l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) et à la Clinique Bonneveine. Après avoir bien identifié l’établissement dirigé par Fabrice Julien pour proposer de lancer son projet, il a ainsi réussi à convaincre le directeur de l’établissement d’accueillir son département ambulatoire de soins de support en cancérologie. Ouvert le 1er janvier 2021, le centre de soins ou département prend en charge globale des patients malades du cancer, à la fois pendant et après la maladie.

Depuis le départ, après l’arrivée d’un infirmier coordinateur du service, le docteur Michel Brun a voulu renforcer son équipe de psychologues cliniciens (onco-psychologues), diététiciens, kinés, psychomotriciennes, orthophonistes, enseignants en activités physiques adaptées. Mais encore d’une sexologue, d’un onco-coach avec Christophe Pignol, d’une praticienne en médecine traditionnelle chinoise.

Le docteur Michel Brun s’est longuement confié à nous pour évoquer son organisation, la manière de combattre au mieux le cancer aujourd’hui, le rôle dévolu à l’ancien footballeur professionnel Christophe Pignol.

B.A

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