Avec la certification, des exploitations toujours plus vertueuses pour satisfaire le consommateur

Quand on est agriculteur, déterminer quelle certification adopter n’est pas toujours chose aisée. Toutes ont leurs avantages et leurs contraintes, mais toutes reposent sur la qualité des productions et/ou de l’exploitation dans son ensemble.

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Agriculture biologique (AB), Haute valeur environnementale (HVE), vergers écoresponsables…. Une certification de l’exploitation agricole est de plus en plus demandée par les clients, qui veut ainsi répondre aux exigences des consommateurs, qu’elle soit qualitative ou environnementale.

Toutes ont leurs avantages, leurs contraintes et leurs spécificités, qui peuvent varier selon les pratiques d’origine des agriculteurs.

L’Agriculture biologique est l’un des signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO), au même titre que les AOP, les IGP ou le Label Rouge. Elle repose sur le maintien et le développement de la fertilité naturelle du sol, l’interdiction d’utiliser des produits chimiques de synthèse en production végétale et leur emploi restreint en élevage, le maintien et le développement d’un écosystème diversifié, le respect des besoins et du bien-être des animaux au sein des élevages, ainsi que l’interdiction d’utiliser des OGM.

Favoriser une conversion plus sereine

Les avantages et les contraintes liés au passage en agriculture biologique peuvent être très variés en fonction du système en place. Parmi les avantages, un cahier des charges européen et un label de qualité reconnu par les consommateurs, une valorisation économique possible et des marchés porteurs en fonction des produits, des aides spécifiques qui permettent d’aborder la conversion plus sereinement, une valorisation des pratiques, une réponse aux attentes sociétales, une exemption du conseil stratégique phyto pour le renouvellement du certiphyto comme pour la HVE…

Les contraintes peuvent être les suivantes : un cahier des charges strict qui demande parfois des adaptations techniques importantes, le coût des intrants est très élevé et certains investissements peuvent être à prévoir lors de la transition (matériel de travail du sol, filets antiinsectes, paillage, épandeur, etc.). Certains peuvent également observer des baisses de rendements, il faut donc bien réfléchir à la valorisation des produits avant de se lancer.

Avant de pouvoir commercialiser des produits certifiés AB, les exploitants doivent passer par une phase de conversion des terres et des animaux. Pour démarrer la phase de conversion, il leur faut d’abord s’engager auprès d’un organisme certificateur agréé pour le contrôle bio.  Il faudra ensuite payer chaque année la certification, qui correspond notamment au coût du contrôle annuel et se déclarer à l’Agence Bio gratuitement en ligne.

De plus en plus d’adeptes

C’est à partir de cette date qu’il faut respecter la réglementation relative à l’agriculture biologique. La période de conversion, entre deux et trois ans, dépend du type d’activité. Il est toutefois possible de réduire cette période de conversion pour pouvoir commercialiser ses produits en bio plus tôt, s’ils ont été produits sur des parcelles en prairie ou en friche, exemptes de tout traitement avec des produits interdits en bio pendant trois ans au moins. Dans ce cas, il faut faire valider les modalités à son organisme certificateur.

Le 10 juin, l’Agence bio a publié les données précises de l’état du bio en France. Elles permettent de connaître la situation réelle, alors que beaucoup d’observateurs et de médias parlent d’un repli du bio.

Un constat que souhaite nuancer Sandrine Faucou, élue à la chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et présidente de la commission bio à la chambre régionale d’agriculture. « Pour ces constats alarmants, c’est l’ensemble de l’agroalimentaire qui a été fléché, tous réseaux confondus, explique-t-elle. Selon moi, il faut relativiser ces baisses. Par exemple, les ventes de farines, qui ont baissé de 18 % en bio et de 20 % en non-bio, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le label bio reste un label de confiance, avec une certification à tous les stades, de la semence au magasin. Le marché du bio en France a doublé en cinq ans et représente 13 millions d’euros, ce qui nous place juste derrière l’Allemagne. Mais si on se réfère au nombre d’habitants, nous en consommons plus qu’eux, poursuit-elle. 95 % des produits bio sont consommés à la maison. Il ne faut pas oublier que le développement du bio est allé de pair avec celui de la vente directe. Les débouchés sont une question cruciale et il va falloir s’y intéresser, au même titre que ce que l’on a fait pour la conversion, car il existe de grandes disparités régionales et entre les filières au sein des régions. »

Des certifications cumulables

Autre certification qui a le vent en poupe, la Haute valeur environnementale (HVE), née du Grenelle de l’environnement, en 2007. Fortement soutenue par les pouvoirs publics depuis 2012, son but est d’engager les agriculteurs français dans une transition vers des systèmes de production multi performants et de valoriser des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Cette certification concerne l’ensemble des filières agricoles et a pour objectif de valoriser les exploitations agricoles inscrites dans une démarche environnementale. Elle se concentre sur plusieurs sujets comme la fertilité des sols, l’amélioration de la qualité de l’eau, la diversité des assolements, la limitation des produits phytosanitaires…etc.

Cette démarche est complémentaire à d’autres dispositifs, comme l’agriculture biologique ou les vergers écoresponsables.

Les exploitations certifiées HVE en niveau 3 peuvent valoriser leurs pratiques, mais également accéder à certains marchés. Depuis le 1er janvier, dans le cadre de la loi Egalim,  les repas proposés au sein de la restauration collective doivent en effet comprendre 50 % de produits dits « durables », dont au moins 20 % de produits biologiques. Les filières et circuits de distribution sont également de plus en plus demandeurs de produits porteurs de ces sigles de qualité. Ils peuvent imposer la certification HVE à leurs fournisseurs.

Processus de certification HVE 2

La qualité au centre de la réflexion

Depuis septembre 2021, la certification HVE fait partie intégrante de la nouvelle politique agricole commune (Pac) européenne. Les exploitations certifiées HVE ou AB ont directement accès au niveau 2 de l’écorégime. Il représente un enjeu financier non négligeable : 82 €/ha de surface admissible.

Dans le cadre du Plan de relance, un crédit d’impôt de 2500 € par exploitation (ou de 2500 € par associé, dans la limite de 10 000 € pour un Gaec) est accessible en une fois sur l’exercice 2021 ou 2022. Ce crédit d’impôt est cumulable avec le crédit d’impôt bio dans la limite de 5000 € par exploitation (ou de 5000 € par associé dans la limite de 20 000 € pour un Gaec).

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Conseil départemental accompagne la chambre d’agriculture pour la réalisation des pré-audits HVE (niveau 3), préalables à un audit de certification, de contrôle ou de renouvellement. Les pré-audits HVE réalisés par la chambre d’agriculture sont donc gratuits pour les exploitants. Ce pré-audit non-obligatoire est fortement conseillé, car il permet de positionner l’exploitation vis-à-vis des quatre thématiques de la HVE et permet de juger des points à améliorer pour garantir le succès lors de l’audit de certification.

Certification HVE

Certification, la garantie d’une qualité

Pour les arboriculteurs, un autre label de qualité existe depuis 2010, les « Vergers écoresponsables ». Celui-ci concerne la production de pommes, poires, pêches, nectarines et abricots. Il a été un des premiers labels environnementaux et écoresponsables créé pour l’arboriculture. Il garantit des fruits cueillis à la main ; la préservation de la biodiversité avec la présence d’insectes butineurs notamment des abeilles avec l’implantation de ruches dans les vergers ; des aménagements garantissant la biodiversité : haies, bandes fleuries ; la limitation de l’utilisation de produits phytosanitaires en favorisant la lutte biologique et les techniques de biocontrôle ; une gestion rigoureuse de la ressource en eau et un recyclage strict des déchets.

Quelle que soit la certification choisie, elle traduit toujours la volonté de l’exploitant de tendre vers des pratiques plus vertueuses, une recherche constante d’amélioration de la qualité des produits et de respect de la terre ou des animaux.

Alexandra Gelber

Espace Alpin 412
L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin.fr

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