« De ferme en ferme », une promenade entre plaisir et découverte

Neuf exploitations bas-alpines participaient à l’opération "De ferme en ferme", organisée par Agribio 04 et le Civam Paca. Une belle occasion pour tous de partir à la découverte des exploitations agricoles et de leur quotidien. Pour sa 8e édition, 786 personnes ont fait le déplacement.

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L’exploitation agricole Les Charentais a participé à l’opération « De ferme en ferme » organisée par le groupement régional des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Civam Paca) et Agribio 04. La pluie du samedi n’a pas empêché les visiteurs du circuit « Entre Lure et Durance » d’emprunter le chemin qui mène à l’exploitation d’Éric et Florian Jean, céréaliers et éleveurs de brebis. Le dimanche, plus lumineux, a vu la fréquentation doubler.

Un échange avec les acteurs de l’agriculture locale

Avec leur cheptel de 300 brebis préalpes du sud et quelques noires du Velay, père et fils, réunis en Gaec depuis quatre ans, produisent des agneaux nourris aux céréales et au fourrage biologique cultivés sur place, leur permettant d’être autonomes en alimentation : orge, avoine, ers, tournesol, triticale, vesce, luzerne, maïs.

Seul le sorgho fourrager est acheté à la coopérative du coin. Éric, dans le métier depuis 40 ans, a converti sa ferme en bio depuis 20 ans « sans labour, je ressème mes propres cultures, qu’importe la rentabilité » réalisant des économies en renonçant aux fongicides, insecticides et autres réducteurs de tige, ainsi que le temps et le carburant, il préfère produire moins mais propre.

Défenseurs des circuits courts

« Quand les autres récoltent six ou huit tonnes, moi, j’ai un rendement de deux tonnes mais je n’ai rien mis comme produit ». Depuis peu, les deux générations de paysans sèment des couverts par anticipation, font des associations telles que le vesce-avoine « Je sème le sorgho en plusieurs fois, tous les 10 jours, pour nourrir les bêtes sur la durée ». Mais aussi, culture de lin, pois chiche récoltés à la main, haricots coco et même le retour d’une plante messicole rustique : la vachère.

Ici, on tient particulièrement au concept de circuit court. Le fourrage et les aliments donnés aux animaux sont cultivés autour de la bergerie, tout comme le tournesol et le maïs proposés à la boutique familiale sous forme d’apéritif, huile ou popcorn. Il y a trois agnelages dans l’année et les agneaux sont abattus et découpés à l’abattoir de Digne-les-Bains, le plus proche.

Conscients de l’importance du bien-être animal qui joue aussi sur la qualité de la viande, les agriculteurs espèrent la concrétisation du projet d’abattoir mobile sur le territoire pour éviter le transport des ovins, et disposent déjà de la première presse à oléagineux mobile de la région. Le reste de la production est vendue au magasin Unis verts paysans à Forcalquier.

Ferme en Ferme
Éric Jean a eu à cœur de faire découvrir sa ferme et son métier au fil des différents ateliers. ©Espace Alpin

Un moment de partage

Seul, entre amis ou en famille, les visiteurs n’ont pas boudé leur plaisir, se déplaçant d’atelier en atelier pour en savoir plus sur la production locale, mieux connaître les enjeux de la profession et profiter du plaisir de la vie à la ferme. La maternité a notamment suscité beaucoup de questions. Passage obligé, les enfants s’approchaient des bébés avec curiosité et appréhension. Tous ont été conquis par la douceur de leur laine.

Partageant la passion de leur métier, les agriculteurs ont joué le jeu de ne rien cacher en expliquant patiemment les conditions de pousse, hauteur, récolte, fauchage, séchage de la moindre graine… ou les différentes étapes de l’agnelage, son astreinte, sa sélection, ses accidents et ses solutions de fortune pour sauver la brebis et l’agneau. Au milieu des parcs et outillages, entre poussière et odeur champêtre, les familles ont déambulé d’un hangar à l’autre, suivant les paysans de la bergerie à la culture des céréales, jusqu’à la presse des graines de tournesol.

Une immersion gustative et instructive

En fin de visite, la dégustation a permis de clôturer la découverte en beauté, en redécouvrant le vrai goût des bonnes choses et en se rappelant que, parmi les résolutions à prendre, il était plus qu’urgent de devenir locavore.

Encouragés par des saveurs bien loin des productions industrielles, les familles ont découvert la boutique sur place, ouverte toute l’année, afin que chacun puisse repartir avec un morceau de ferme à déguster à la maison et aux agriculteurs d’avoir un retour direct sur les qualités de leurs produits. Un réflexe à pérenniser pour les consommateurs qui privilégient la qualité à la quantité et comprennent l’intérêt des circuits courts.

Aurélie Mendez

Espace Alpin 412
L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin.fr

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