Infarctus, AVC, hypertension : les montagnards refusent la fatalité

Plus de 160 personnes réunies jeudi soir à Gap pour apprendre à prévenir et vivre avec les maladies cardiovasculaires ! Des médecins au top pour les informer. Une initiative de MProvence et une mobilisation qui démontrent que les patients se prennent en main. Et ils ont raison. Car dans cette région montagneuse on manque de cardiologues.

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2 heures d’échanges autour du coeur et des artères, une conférence de haute volée avec une dizaine de soignants devant plus de 160 personnes dans l’amphithéâtre universitaire de Gap plein comme un oeuf et… pour finir la dernière question qui tue:  « Comment avoir un rendez-vous avec un cardiologue ? »

Cette interrogation basique faisait suite à la présentation du programme de prise en charge de l’insuffisance cardiaque dans les Hautes-Alpes, qui suppose justement d’être adressé par un spécialiste du coeur. Chef du service de cardiologie à l’hôpital de Gap, le Dr Jacques Quilici reconnaissait au terme de la soirée la très grande difficulté à voir un spécialiste. « Souvent les cardiologues de ville ne prennent plus de nouveaux patients car ils sont pleins, et à l’hôpital nous avons très peu de créneaux car nous devons aussi gérer les urgences. »

 

La situation va s’aggraver pendant 10 ou 15 ans

Bienvenue dans le désert médical français ! Et le Dr Quilici prévient : la situation risque de s’aggraver encore pendant au moins dix à quinze ans. Le temps de former de nouveaux praticiens (si on est optimiste…), ou de donner une formation complémentaire à des médecins généralistes et des personnels paramédicaux, comme les infirmières voire d’autres profils. En attendant, chacun fait de son mieux. Et personne ne baisse les bras comme on l’a vu ce jeudi soir dans le cadre de la conférence « Votre coeur et vos artères ont besoin de vous », organisée par MProvence avec le soutien du Centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (CHICAS).

Dans la salle, de nombreux retraités, des mères de famille, des professionnels de santé et du secteur social. Tous ont conscience qu’il est urgent de se prendre en main et de renforcer la prévention de ces maladies. Venue de Marseille avec les docteurs Julien Bertolino et Juliette Lafuma, la professeure Gabrielle Sarlon (hôpital de la Timone) est spécialiste de l’hypertension artérielle. Elle se réjouit de voir la mobilisation des montagnards. Cependant, elle met en garde les femmes (et par ricochet leurs hommes) quant au manque de prise en compte des pathologies cardiovasculaires qui les frappent. Il faut dire que les signaux d’alerte sont moins « classiques ».

 

Une injustice pour les femmes

« L’homme qui fait un infarctus aura la poitrine écrasée, une mâchoire qui fait mal, c’est un tableau typique. Chez la femme, dans un cas sur deux, elle n’aura pas ces symptômes. Elle aura une fatigue, un petit essoufflement, un petit malaise, et on va dire ‘non, cette femme est stressée, elle est surmenée, elle est hystérique’, bref tout ce qu’on entend en général sur les femmes, déplore Mme Sarlon. Défaut de prévention, méconnaissance, symptômes atypiques : tout cela provoque un retard de prise en charge, peu de recherches scientifiques, peu de traitements, etc. Autour de la femme, et de la prise en charge des maladies cardiovasculaires, il y a tout un engrenage négatif. Le but de cette communication est d’inverser la tendance et pour que la femme s’approprie ce risque et qu’on puisse tous ensemble modifier ces chiffres. »

Chaque jour en France, 200 femmes et 200 hommes succombent à des maladies cardiovasculaires. Elles sont la première cause de décès chez les femmes de tous âges, bien loin devant le cancer du sein qui est la première réponse qui émerge quand on interroge une salle comme celle de ce jeudi soir. « Elles tuent six fois plus » rappelle la Pr Sarlon.

1,5 million de Français ont un coeur faiblard

Autre pathologie évoquée, parfois consécutive à un infarctus, l’insuffisance cardiaque : quand le coeur ne pompe plus assez pour irriguer suffisamment le corps. Un million et demi de Français en sont atteints, et 70.000 en décèdent chaque année. Beaucoup ignorent que cette intense fatigue qu’ils ressentent en permanence, qui s’accompagne souvent de chevilles gonflées par l’oedème, est une conséquence de ce coeur faiblard.

Face à ce tableau sombre, la lumière est venue de la prévention. Le Dr Thébault, cardiologue au CHICAS, promeut l’activité physique. Les fameuses 30mn par jour, par exemple de marche, plus 3 fois 45 minutes d’exercice plus soutenu dans la semaine comme de la marche rapide ou avec du dénivelé, où l’on doit se sentir essoufflé. Petit test dans l’amphi gapençais : qui suit ces recommandations ? 90% des bras se lèvent. A la montagne, on ne se laisse pas abattre !

Prenez un chien, ça ira mieux !

L’activité physique réduit de 25% le risque de faire un accident vasculaire cérébral, de 15 à 29% le risque de cardiopathies, et plus globalement de 30% la mortalité prématurée. L’impact sur le recul du stress – un puissant poison pour nos artères – est radical. La docteure Léa Quérion a même précisé qu’il est démontré qu’avoir un chien réduit le stress de son maître. Et comme en plus vous serez obligé d’aller le promener… Donc ça vaut le coup d’acheter une paire de baskets !

Et bien sûr, impossible de parler de prévention des maladies cardiovasculaires sans évoquer l’alimentation. Ce fut dans ces montagnes une ode au fait-maison, aux bons petits plats de nos grands-mères. La diététicienne-nutritionniste, Mme Pascal, invite les patients à cuisiner et à rejeter les aliments ultra transformés de l’industrie agroalimenaire qui font exploser les taux de cholestérol et de diabète. Les présents ont pu repartir avec un petit guide de conseils offert par l’hôpital de Gap, en présence de sa directrice Marie-Anne Ruder, et de la présidente de la commission médicale d’établissement, la Dr Emmanuelle Sarlon.

Faites le test des escaliers

Vous voulez maintenant calculer votre capacité physique selon l’échelle d’évaluation du Pr François Carré ? Facile ! Elle est égale au nombre d’étages montés quatre à quatre sans être forcé de s’arrêter.

  • 1 étage: c’est très faible
  • 2 étages: c’est faible. Un épuisement aux 1er ou 2e étages évoque une santé fragile nécessitant un changement de mode de vie et une consultation médicale.
  • 4 étages : vous avez une bonne capacité
  • 6 étages: très bonne
  • 8 étages : excellente
  • 10 étages : vous êtes un sportif d’endurance de haut niveau !

Encore 3 conférences à Toulon, Nice et Marseille

MProvence vous invite à rencontrer des médecins et soignants à l’occasion de 3 autres conférences publiques et gratuites sur cette thématique :

  • Jeudi 25 janvier à 17h30 à Toulon. Rendez-vous à la salle de conférence de l’hôpital Sainte-Musse, 54 rue Henri Sainte-Claire Deville. En partenariat avec le Centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne-sur-Mer
  • Mardi 30 janvier à 17h30 à Nice. Rendez-vous au Centre Universitaire Méditerranéen, 65 Promenade des Anglais. En partenariat avec le Centre Hospitalo-Universitaire de Nice
  • Mercredi 31 janvier à 17h30. Rendez-vous à Aix-Marseille Université, amphi Gastaut, jardin du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille. En partenariat avec le Centre Hospitalo-Universitaire de Marseille

 

Retrouvez les autres articles sur les maladies cardiovasculaire ici : https://mprovence.com/category/votre-coeur-et-vos-arteres-ont-besoin-de-vous/

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