La Fiesta entre dans une nouvelle ère

Du 6 au 8 octobre, artistes internationaux et locaux viennent égayer les soirées automnales de ce début de mois sur l’esplanade du J4 : pour les trente ans du festival, le fondateur historique de la Fiesta des Suds, Bernard Aubert, a transmis le flambeau de la programmation à Frédéric André, co-programmateur du 6MIC à Aix en Provence.

culture

Le passage de témoin à la nouvelle génération marque étonnamment un retour aux sources musicales de la Fiesta des Suds. Ces dernières années, la musique électronique avait dominé la programmation, au détriment de rythmes organiques, la crise sanitaire ayant empêché la venue de nombreux artistes internationaux.

Souvenirs, souvenirs

Trente années ! Et combien de têtes d’affiche de la scène musicale internationale ont défilé au fil du temps. Car la Fiesta s’étalait sur 2 à 3 week-ends courant octobre, c’était il y a dix, quinze ans déjà. Un temps fort était dédié aux minots le mercredi et les soirées s’enchaînaient pour le plaisir des aficionados. Aujourd’hui, resserrée sur trois jours et demi, cet événement reste néanmoins le rendez-vous incontournable de l’automne.

La Banda du Dock en ouverture de la Fiesta des Suds @Jean de Peña

Natalie Solia, la directrice précise « cette année, on a mis en place des petits recoins pour que les gens puissent partager un verre entre amis et on a repris le principe des déambulations musicales. Car certaines personnes viennent pour passer un moment en famille, pas seulement pour voir un concert. Certains veulent juste profiter de l’été indien marseillais. C’est ça aussi la fiesta ».

Elle a toujours su s’adapter : depuis l’incendie qui avait ravagé son site historique, l’obligeant à vagabonder durant quelques années d’exodes en différents sites, puis ré-installée tout prêt de l’ancien Dock des Suds, sous une passerelle d’autoroute avec ses chapiteaux, à sa ré-implantation au J4 de ses débuts, elle a déployé ses soirées festives contre vents et marées. Surtout contre les vents contraires ! Ô, souvenirs d’un soir d’octobre glacial lors du concert de Suzanne Vega, légèrement vêtue, surprise par la froidure du Mistral qui avait envahi le parterre et la scène.

Fiesta des Suds © Jean de Peña

Pour Natalie Solia, «  trente ans, ça donne un peu le vertige, certains membres du staff n’étaient pas nés en 1992. Mais, avec l’équipe en place, et les fondateurs qui nous soutiennent, on a encore beaucoup de défis à relever : il faut qu’on soit à la hauteur pour offrir à l’ensemble du territoire un beau festival avec beaucoup d’artistes et de diversité. »

Une nouvelle page se tourne pour la Fiesta des Suds

« On sort de deux ans de doute. Cette année, c’est l’année test et on a décidé de repartir sur 3 scènes avec des propositions musicales de groupes « physiques ».  C’est une édition de transition, de renaissance et de renouvellement. Mais si on peut offrir trois soirées avec 8 à 10 artistes par soir à un prix abordable, c’est grâce au soutien des institutions. Sur un budget d’1 million 350 000 euro, on a environ 500 000 euro de subvention publique » poursuit-elle.

Fiesta des Suds © Jean de Peña

La Fiesta des Suds est désormais portée par une équipe de quadra dynamiques. Fraîchement arrivé, mais habitué du festival, Frédéric André a les yeux rivés sur l’avenir. Bien qu’elle soit confortablement installée dans le paysage musicale, elle ne doit pas se reposer sur ses lauriers, « il faut voir loin, plus loin, sur une dizaine d’année » pour inscrire une nouvelle dynamique. Non pas qu’elle soit encore essoufflée. Le nouveau programmateur trace les grandes lignes des Fiestas à venir.

Cette programmation, que dit-elle ?

On retrouvera avec plaisir de nombreux artistes du continent africain. Citons Bonga, qui fête ses 50 ans de carrière, et Pongo, une jeune pousse montante du néo-kuduro la soirée d’ouverture, le 6 octobre ; Youssou Ndour, artiste emblématique ayant fait le tour du monde en collaborant avec Sting, Néné Cherry ou encore Peter Gabriel et un tout jeune groupe de jeunes béninoises la Star Feminine Band, orchestre formé par une bande d’adolescentes âgées de 11 à 18 ans, également KT Gorique, une rappeuse ivoirienne aux influences hip hop, seront de la partie la deuxième soirée. Sans oublier pour la clôture, Oumou Sangaré, la diva malienne qu’on ne présente plus.

Des femmes et des Marseillais

Les femmes viennent en force cette année encore. Avec Juliette Armanet, les artistes féminines ont le vent en poupe : Docile, une jeune Marseillaise révélation RIFFX (lire notre encadré) propose une ode à la femme (le 6), Hollie Cook, fille du batteur des Sex Pistols, nous plonge dans les années 70 avec son tropical pop (le 7).

Docile, révélation RIFFX du Crédit Mutuel ©Fabrice Leru

Ce ne sont pas moins de 10 groupes originaires de Marseille qui occupent le plateau de la Fiesta. Temenik Electric (le 7), David Walters, Chinese Man, Baja Frequencia et Watcha Soundclash meets Pati avec Siska sont les plus connus. Pour Natalie Solia, « on ne pouvait pas fêter les 30 ans sans qu’il y ait une belle représentation de la scène locale : on souhaitait offrir un instantané de la scène marseillaise que ce soit au J4 ou au dock des suds pour les afters du fiesta club. »

L’occasion de découvrir Zar Electrik (le 8) : le trio mêle transe gnaouie, musique subsaharienne et électro. Anass Zin, né à la Casablanca, habite Marseille depuis 8 ans. Avec les marseillais Arthur Peneau et Did Miosine, c’est la première fois qu’ils jouent à la Fiesta : « après les trente ans de la Friche cet été, on est heureux de faire les trente ans de la Fiesta. On attend un public chaud bouillant et festif qui donne de l’énergie. On est à la maison, c’est la famille, les potes, c’est Marseille » confie-t-il. Après une soixantaine de dates en France et en Europe, le groupe qui vient d’enregistrer un EP en proposera un avant-goût à l’occasion de cet anniversaire.

Zar Electrik ©DR

Une programmation éclectique qui renoue avec les racines afro-cubaines des débuts tout en s’ouvrant aux nouvelles formes de musique hip hop et de groove. Diane Vandermolina

Toutes les infos sur fiestadessuds.com /tarifs de 20 à 29 € par soir.

RIFFX by Crédit Mutuel

Depuis 14 ans, le Crédit Mutuel accompagne la Fiesta. Les tremplins RIFFX ont été imaginés pour permettre la révélation de jeunes artistes locaux.Depuis 2019, c’est Frédéric Barraquier, à la tête de l’agence Pelletan du Crédit Mutuel Méditerranéen qui est en charge de ce partenariat.

A ce titre – l’agence étant située dans le 3ème arrondissement de Marseille, lieu de l’événement – on peut le présenter comme le banquier de la Fiesta des Suds en tant que premier soutien financier et premier accompagnateur de l’association « Latinissimo » organisatrice de la manifestation.

Frédéric Barraquier, à la tête de l’agence Pelletan – située dans le 3ème arrondissement de Marseille – du Crédit Mutuel Méditerranéen, peut être présenté comme le « banquier » de la Fiesta des Suds. Crédit : F.B

Âgé de 50 ans, Frédéric a toujours été très investi dans la musique avec une longue expérience de DJ durant sa jeunesse pour des participations à plusieurs grandes manifestions et festivals de musique sur Marseille et toute sa région. Le guitariste, qui a encore contribué à lancer plusieurs groupes localement, entend mettre toujours plus sa passion musicale et ses connaissances au service de la politique culturelle en la matière du Crédit Mutuel.

Dans l’entretien qu’il nous a consacré, il annonce la volonté dès l’année prochaine « de mettre en avant le visuel avec le musical » à l’occasion de la prochaine édition en organisant une exposition qui sera dédiée à toutes les affiches des trente années de la Fiesta. Les photos souvenirs des nombreux artistes ayant participé à l’événement seront également proposées dans ce cadre, pour rendre hommage notamment à ceux disparus comme Jacques Higelin ou Alain Bashung.

Bruno Angelica

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.