La Provence promise à CMA/CGM

Xavier Niel et Rodolphe Saadé, les deux milliardaires qui s’affrontaient pour reprendre la groupe La Provence depuis la mort de Bernard Tapie, sont parvenus à un accord. C’est le géant marseillais du transport maritime qui devrait rafler la mise, pour peu que le tribunal de commerce de Bobigny valide son offre le 30 septembre prochain.

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La bataille aura duré presque un an. Elle s’est achevée mardi 30 août avec la signature d’un accord entre les deux belligérants, qui se disputaient le contrôle du groupe de presse marseillais depuis la disparition de son propriétaire, l’homme d’affaires et ancien président de l’OM, Bernard Tapie, décédé en octobre 2021.

Selon les termes de cet accord, le géant des télécoms Xavier Niel s’engage à céder les 11% du groupe qu’il détient depuis 2019, ce qui met fin de facto aux procédures judiciaires enclenchées par le géant des télécoms contre l’armateur marseillais, qui reste donc seul en lice pour racheter les 89% restants, toujours propriété du Groupe Bernard Tapie (GBT) et dont le sort dépend de la décision du tribunal de commerce de Bobigny, en charge de la liquidation judiciaire de GBT.

Pax romana

Avec la « pax romana » signée entre Xavier Niel et Rodolphe Saadé, la validation de l’offre de reprise de CMA/CGM ne semble faire aucun doute, d’autant que la somme avancée par l’armateur pour ce rachat, 81 millions d’euros, excède très largement la valorisation du groupe de presse marseillais, estimée autour de 20 millions d’euros, soit peu ou prou la somme que proposait Xavier Niel pour racheter les parts de GBT. La décision du tribunal de Bobigny devrait être rendue publique le 30 septembre, comme annoncé au début de l’été.

Soulagement chez les salariés

Informés de cet accord mardi 30 août par un courrier interne signé par leur Pdg, Jean-Christophe Serfati, les quelque 800 salariés du groupe de presse ont accueilli la nouvelle avec soulagement. « Etant donné la situation financière très tendue du journal et de l’atmosphère irrespirable qui s’était installée dans l’entreprise depuis le début de cette bagarre entre Niel et Saadé, on est tous très satisfaits que ça se termine, avouait mardi soir un journaliste de La Provence, mais les inquiétudes sur l’avenir de La Provence et de Corse-Matin n’ont pas disparu, notamment parce qu’on ne sait pas comment Rodolphe Saadé va diriger le groupe, même s’il a semblé afficher les meilleures intentions au moment où lui et Niel rivalisaient de promesses mirifiques pour nous séduire. »

Imprimerie commune dans le Var

A ce petit jeu, c’est indéniablement le patron de CMA/CGM qui avait pris l’ascendant. Très peu soutenu en interne au début de la procédure, il avait en effet réussi à rallier à sa cause une majorité des 800 salariés du groupe, à commencer par le Syndicat national des journalistes (SNJ), majoritaire au sein de la rédaction, qui s’était très clairement prononcé en faveur du projet de reprise de l’armateur, de même que Force ouvrière, le syndicat majoritaire dans les services administratifs et chez Eurosud, la régie publicitaire du groupe La Provence.

Une partie des salariés restaient toutefois très sceptiques, notamment vis-à-vis de l’une des promesses formulées au fil du temps par Rodolphe Saadé , celle de continuer à imprimer le journal à Marseille, alors que le siège actuel de La Provence et son imprimerie, avenue Roger-Salengro, vendus au promoteur immobilier Cogedim, devront être libérés au plus tard fin 2023. Une incertitude désormais levée, puisque l’accord signé mardi entre les deux milliardaires prévoit également la construction d’une imprimerie dans le Var, commune à La Provence et à Nice Matin, un projet cher à Xavier Niel, propriétaire du quotidien niçois depuis 3 ans.

Le 5e propriétaire depuis la Libération

Si rien ne vient entraver la mise en œuvre de cet accord et que le tribunal de Bobigny valide l’offre CMA/CGM, Rodolphe Saadé deviendra le 5e propriétaire du quotidien marseillais depuis qu’un groupe de résistants aux ordres de Gaston Defferre a pris les armes à la main le siège du « Petit Provençal », le 23 août 1944. En 1987, un an après la mort de son patron, le groupe de presse qu’il avait constitué était en effet revendu au groupe Hachette-Filipachi Médias de Jean-Luc Lagardère, avant d’être repris par le groupe Hersant en 2007 puis par Bernard Tapie 7 ans plus tard.

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