Le développement d’une filière Papam dans les Hautes-Alpes prend chaque jour un peu plus d’épaisseur. Autour de Chambre départementale d’agriculture qui apporte son savoir-faire technique, et du pôle de compétitivité Innov’alliance, présidé par le chef d’entreprise basalpin Yves Faure, cette ambition est aujourd’hui très largement partagée. Elle a même réussi à fédérer les quatre Groupe d’action locale (GAL) du département (1), qui poussent tous dans le même sens.
Une collaboration d’une centaine d’acteurs !
C’est actuellement une centaine d’acteurs de tous horizons qui collaborent autour d’un même objectif financé grâce à des fonds européens et régionaux. 500 000 € sont ainsi engagés dans ce programme via des financements Leader.
Mercredi 4 mai, les animateurs du projet avaient organisé une rencontre sur le site du laboratoire Acanthis, à Lardier-et-Valença, afin de présenter la filière, ses acteurs et les avancées du projet. Mais également d’inaugurer la distillerie flambant neuve du laboratoire qui traitera les productions locales.
De nombreuses personnalités du département avaient fait le déplacement : les deux députés Claire Bouchet et Pascale Boyer, le sénateur Jean-Michel Arnaud, la préfète Martine Clavel, Chantal Eymeoud, vice-présidente de la région et Patrick Ricou, vice-président du Département et président de l’Agence de développement.
Préserver la nature
Accueillis par le maire de la commune, Rémi Costorier et le directeur de l’Agence de développement Yvan Chaix ils ont pu déambuler au milieu de la dizaine de stands pour découvrir, sentir, goûter, tester les produits haut-alpins issus de cette filière pleine d’avenir.
Dans son propos introductif, Yvan Chaix avait rappelé que les Plantes aromatiques à parfum et médicinales, dans les Hautes-Alpes, représentaient 400 hectares de culture, 150 emplois et plusieurs centaines de variétés de plantes.
Rémi Costorier le maire a exprimé sa fierté de voir l’entreprise Acanthis être un exemple de développement et d’innovation, d’autant plus en agriculture biologique.
Simon Segretain d’Agribio 05 a souligné la chance que représentait Végét’Alpes pour la fragile ressource végétale haut-alpine en permettant de faire diminuer la pression causée par la cueillette. Lionel Orcière, élu de la chambre d’agriculture confiait que ce projet faisait prendre tout son sens à la vocation d’accompagnement et de défense des agricultures et des agriculteurs des Hautes-Alpes. Il exprimait aussi sa satisfaction de pouvoir mettre la technique et les techniciens de la chambre au service de ce projet.
Yves Faure, d’Innov’Alliance, a détaillé l’accompagnement que le pôle de compétitivité délivrait au projet à plusieurs niveaux : la recherche et développement, les analyses sensorielles, la commercialisation et le financement grâce à un partenariat avec la Banque Populaire Auvergne-Rhône-Alpes.
La filière PAPAM, un projet fédérateur
Le président de l’Agence de développement Patrick Ricou a loué un projet en parfaite adéquation avec l’identité du département, la qualité de son environnement, de son climat et de son air. « Nous sommes dans le vrai et dans ce qu’attendent nos concitoyens. Il y a encore des potentiels inexplorés et une grande capacité d’innovation chez nos producteurs », déclarait-il.
Les élus présents ont tous félicité les parties en présence et ont exprimé leur satisfaction de voir cette filière se structurer tout en mettant en valeur le territoire.
La préfète, à qui le mot de la fin est revenu, a tenu à mettre en lumière les hommes et les femmes qui font la richesse du territoire et sans qui il ne pourrait y avoir d’innovation et de création d’entreprises. « Ils savent mettre à profit des ressources avec des valeurs sociales, humaines tout en protégeant l’environnement. Nous avons besoin d’une agriculture qui se diversifie et qui aille de plus en plus loin dans son développement pour garder de la valeur ajoutée sur le territoire. L’État est là pour accompagner ces projets et les faire aboutir », concluait-elle.
La fin du projet Végét’Alpes est fixé à la fin de l’année 2023, d’ici là de nombreux rendez-vous sont encore prévus dont un colloque sur les PAPAM à l’automne. Une dizaine de stands permettait de goûter, sentir et toucher les produits des acteurs de la filière PAPAM haut-alpine.
Une distillerie transparente et économe
Benoit Articlaux, le directeur général d’Acanthis Laboratoire est très fier de son nouvel outil qu’il a voulu à l’image de son entreprise « transparent et économe ». Créé il y a 18 ans le laboratoire emploie aujourd’hui 35 salariés et génère plus quatre millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 15 à 17 % de sa production qui sont exportés (Japon, Belgique, Roumanie, etc.).
Il a souhaité se doter d’une unité de distillation pour ne plus être dépendant de fournisseurs d’huiles essentielles extérieurs et pouvoir traiter la production locale. « C’est une grande fierté pour nous, expliquait-il. Nous avons initié ce projet en même temps que notre entrée dans le projet Végét’Alpes. Nous avons créé la ferme expérimentale et la distillerie pour absorber les volumes des producteurs tout en les aidant à se diversifier. »
Un fabrication 100% française
La distillerie est aujourd’hui opérationnelle même si la structure n’est pas encore totalement finie, puisqu’à terme, elle sera couverte et adossée à un bâtiment supplémentaire de plus de 1 000 m². Elle est entièrement de fabrication française tout comme la chaudière à gaz. Il s’agissait d’une priorité pour le chef d’entreprise, afin de rester fidèle à ses convictions et ses valeurs profondes. Cet appareil économique consomme 20 % de moins d’énergie est réalisé 100 % en inox afin d’être conforme à la réglementation actuelle. « Nous avons voulu un outil évolutif pour pouvoir nous adapter si le projet prend de l’ampleur et qu’il faut y adjoindre une cuve plus grosse », poursuit Benoit Articlaux.
Actuellement, elle est équipée de deux cuves, l’une d’1 m 3 et une autre de 2,3. « Cet équipement nous permet de faire un produit qualitatif adapté à la cosmétique, à l’alimentaire, etc. C’est comme cela que nous l’avons dimensionné. Nous n’y mettrons pas de vert broyé, uniquement des plantes qualitatives, précise le chef d’entreprise. Nous l’avons voulu tout en transparence afin que les producteurs puissent venir voir comment nous traitons leurs produits. »
Pour le moment, trois producteurs ont contractualisé avec le laboratoire et plusieurs discussions sont en cours pour que d’autres les rejoignent.
Alexandra Gelber
- (1) : Sisteronais-Buëch, Gapençais, Serre-Ponçon-Ubaye-Durance et Grand-Briançonnais.
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