Tour de chauffe pour les pellets de Montclar

Economie

Aux Mauris, sur les hauteurs de Sous-la-Roche, à Montclar (Alpes-de-Haute-Provence), l’entreprise Joël Hermitte qui est spécialisée dans la charpente, la menuiserie et la construction en ossature bois, s’est lancée dans la fabrication de granulés destinés à alimenter les appareils de chauffage.

Une initiative d’autant plus intéressante qu’elle permet de recycler les résidus, appelés ici des connex : à la sortie de la scierie où le bois est débité, les délignures et les chutes sont dirigées vers le broyeur. Là, elles sont déchiquetées puis séchées dans de grands conteneurs, avec des ventilateurs qui se chargent en air sous la toiture, dans un caisson préchauffé par les tôles. Les plaquettes séchées sont ensuite stockées dans un grand hangar, puis chargées dans un silo à l’entrée de la fabrication.

Des astuces pour optimiser le rendement

À la sortie, les pellets sont conditionnés en big-bags ou en sachets de 15 kg, stockés sur des palettes fabriquées maison, mais peuvent également être livrés en vrac et soufflés dans des silos pour alimenter les chaufferies des particuliers ou des collectivités.

Les ingénieux montclarins ont aussi multiplié les astuces pour optimiser le rendement. Les sacs sont ainsi plus grands que d’habitude, afin de pouvoir être ressoudés et réutilisés deux ou trois fois pour limiter leur coût et le gaspillage de plastique. Des connex (copeaux, plaquettes forestières, sciure) sont également achetés à la scierie haut-alpine de La Bâtie-Neuve, qui les expédiait avant en Italie pour alimenter des centrales électriques avec, on l’imagine, un bilan carbone désastreux.

600 000 euros d’investissement

Après plusieurs semaines de tests dans des poêles, chaudières et chaufferies, le produit est validé et prêt à être commercialisé. Les silos pleins n’attendent que d’être vidés : la machine à ensacher peut en conditionner 200 kg à l’heure et l’objectif est de produire et d’écouler 200 tonnes de pellets par an, sur place aux Mauris ou livrés à domicile aux alentours de 300 € la tonne, le prix du sac avoisinant 4,50 €, mais pouvant baisser lors de sa réutilisation.

« Une entreprise du bois, la conjoncture qui conduit de plus en plus vers l’utilisation d’énergies renouvelables, la relation était simple avec une entreprise de transformation du bois qui transforme aussi son déchet », explique Joël Hermitte, à la tête d’une entreprise de cinq personnes, dont son fils Adrien, qui se prépare à prendre la relève. Il s’est spécialisé dans la conduite de machines connectées acquises en Italie, d’où une panne peut être décelée.

L’investissement a représenté 600 000 €. Les bâtiments n’ont pas été subventionnés, mais les machines (240 000 €) ont bénéficié d’environ 50 % d’aides de la Région et de l’État. Prochains objectifs : construire un site Internet et équiper la toiture de panneaux photovoltaïques pour fonctionner en auto-consommation. La boucle sera alors bouclée.

Gilbert Mathieu pour L’Espace Alpin

L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin

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