Vista, un ballon plus vert arrive sur les pelouses

Né à Marseille, le ballon Vista se veut moins polluant et plus respectueux de l’environnement que ses concurrents asiatiques. Créé pour durer, il s’adresse à une cible familiale de consom’acteurs en quête d’achats responsables.

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« Avoir la vista », dans le football ou dans d’autres sports collectifs, c’est « avoir une bonne vision de jeu », rappelle Jean-Baptiste de Tourris. D’où le nom de son ballon, Vista, qui s’est imposé comme une évidence. Une appellation qui résume aussi les valeurs portées par le couple à l’origine de ce projet innovant : solidarité, durabilité et agilité.

Naissance d’un ballon plus vert

C’est Agathe Delouvrier, l’épouse de Jean-Baptiste, qui a eu l’idée de ce ballon responsable et réparable, une première en France. « On privilégie le réparable au recyclable, mais les ballons T1 sont réalisés à partir des chutes de ballons T5 », explique-t-elle.

Jean Baptiste de Tourris et sa femme présentent le premier ballon marseillais écolo ©DVDM

La jeune maman a pratiqué le football à cinq durant ses études. Très sensible à la question des achats responsables, elle s’est rendue compte que les ballons de football utilisés en France étaient tous importés d’Asie et constitués à 100% de matières plastiques non recyclables.

« Un ballon, c’est 450 grammes de déchets non recyclables et il s’en vend plus 500 millions de ballons par an dans le monde, dont 8 millions en France cette année, du fait de l’effet coupe du monde de football », indique Jean-Baptiste.

La pollution engendrée par les ballons

Une longue quête

Confrontée à cette réalité, Agathe s’est d’abord demandée si des ballons « responsables » étaient disponibles sur le marché ; ensuite s’il était possible d’en fabriquer ici, en France. La réponse est clairement non. Pas de ballon éthique à l’horizon et peu de chance d’en produire dans l’hexagone, le savoir-faire français en la matière ayant disparu avec les ballons en cuir, délaissés au profit des ballons en plastique dans les années 1980/1990, du fait de leur plus grande fragilité et de leur sensibilité au froid, à l’humidité et aux ultra-violets. .

De recherches en voyages de l’autre côté de la Méditerranée, les deux Marseillais ont alors rencontré une ONG kényane, Alive and Kicking. Quinze ans plus tôt, ses membres s’étaient posé la même question : pourquoi acheter des ballons en plastique, très polluants et fabriqués par des ouvriers souvent très jeunes et toujours sous-payés ?

Une collaboration fructueuse

Alive and Kicking s’est donc mis à fabriquer des vessies de ballon à base de plastique vulcanisé, ainsi que les panneaux servant à la confection du ballon à partir de matières recyclées issues de revêtements de sièges d’avion ou de voiture et de déchets de tannerie.

Matériaux recyclés servant à la fabrication du ballon vista ©DVDM

C’est cette idée de l’ONG kenyane qui a inspiré Agathe et Jean-Baptiste. Une fine pellicule de plastique recouvre les panneaux pour garantir l’étanchéité du ballon. Colle incluse, il ne contient que 4 types de plastiques différents, contre au moins 6 pour un ballon standard, et se compose de 50% de matériaux recyclés. Il pollue donc deux fois moins que ses concurrents, son empreinte carbone est de 3,2 Kg de Co2, y compris le voyage en avion de Nairobi jusqu’à Marseille.

Dans un premier temps, le ballon Vista ne pouvait guère être fabriqué sur place, faute de pouvoir importer le matériel de base utilisé par les kényans pour sa confection, du fait de volumes trop faibles. Ils ont donc opté pour l’importation de ballons préfabriqués par l’ONG. Seuls la finition du ballon et le gonflage sont réalisés à Marseille. Une étape délicate puisque la dernière couture doit être très solide, mais invisible une fois le ballon terminé.

Fermeture du ballon par Hourik, ancien cordonnier ©DVDM

Une démarche solidaire

Encore fallait-il trouver une structure d’insertion dans le domaine de la confection pour faire aboutir le projet. « Notre but est de salarier des personnes éloignées de l’emploi, quel que soit le profil, du moment qu’elles sont motivées », assure Jean-Baptiste.

Fermeture du ballon à la main par Hourik ©DVDM

La rencontre avec La Ficelle, un chantier d’insertion basé rue Neuve-Sainte-Catherine, a été déterminante. Spécialisé dans la sellerie et la confection de sac à base de bâches de bateaux et autres matériaux marins recyclées, cet atelier a embauché Hourik, un ancien cordonnier, pour la finition des premiers exemplaires entièrement cousus main et réparables.

Des idées plein la tête

Depuis, les ballons ont passé avec succès les tests réalisés par une entreprise d’équipement sportif. Ils répondent en effet aux normes de la FIFA en termes de rebond, de poids et de résistance aux chocs. Avec déjà quelque 200 ballons vendus en précommande  (de 30 à 50€ selon la taille, qui va de 1 à 5), le jeune couple mise sur la vente de 5000 ballons cette année. Un sacré défi pour leur entreprise née en juillet 2020.

Pour s’imposer sur un marché très concurrentiel, ils ont toutefois quelques idées. Notamment une formule de location avec réparation garantie du ballon en cas de défaillance.

Rendez-vous dans un an pour savoir s’ils ont eu, ou non, « la vista » en se lançant dans cette aventure.

Diane Vandermolina

Prise de vue vidéo: Paola Lentini/Interview et photos: Diane Vandermolina

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