Les varices non soignées, ça peut mal tourner !

Un chapelet de veines violettes boursouflées sur les mollets, voici un charme dont les dames se passeraient bien ! Et les messieurs aussi. Mais au-delà du souci esthétique, les varices provoquent souvent une impression de gêne et de lourdeur, voire de brûlure. Et surtout, avec le temps, elles peuvent se transformer en plaie. Seule l'intervention au bloc opératoire est réellement efficace. Le docteur Bianca Dona, chirurgien vasculaire à l'Hôpital Nord de Marseille et à l'Hôpital de Martigues, rassure les sujets variqueux.

podcasts

Qu’appelle-t-on précisément varices, et comment se forment-elles ?

Docteur Bianca Dona : Les varices sont des dilatations veineuses. Il s’agit de veines appartenant au système veineux superficiel et qui ont un diamètre supérieur ou égal à 3 millimètres. Elles sont situées à un niveau superficiel, sous la peau, et au-dessus des muscles. Ces veines sont visibles, avec un aspect tortueux, dilaté, souvent inesthétique. Il y a une proportion plus importante de femmes que d’hommes atteintes par ces pathologies. Mais la gêne fonctionnelle et esthétique que cela implique se réfère au deux sexes.

Quelles sont les causes des varices ?

L’étiologie des varices est plurifactorielle. Le facteur le plus important est l’hérédité. Les études menées dans les familles des patients variqueux montrent un important rôle de l’hérédité. Un patient qui a les deux parents atteints présente un risque de 90% de développer également une pathologie variqueuse. Ce risque tombe à 65% chez les filles et 25% chez les garçons qui ont un seul parent atteint (de varices). Dans 20% des cas, il n’y a pas de facteurs d’hérédité. Les autres facteurs sont l’âge, les grossesses et la profession. Ces pathologies apparaissent après 25 ans et sont plus fréquentes autour de la cinquantaine.

Les varices, ça commence avec les jambes lourdes et ça se termine avec des ulcères

Est-il dangereux, ou simplement disgracieux, de vivre avec des varices ?

La pathologie variqueuse implique surtout une gêne fonctionnelle frustre avec une symptomatologie typique comme les jambes lourdes en fin de journée, des douleurs. Plus la pathologie évolue dans le temps, plus on a des symptômes graves comme des oedèmes, l’apparition de la dermite ocre et des transformations de la peau – inflammation, atrophie – qui amènent le développement d’ulcères variqueux.

Le sang stagne dans ce réservoir de veines superficielles

Quels sont les traitements efficaces avant la chirurgie ?

On ne peut pas dire qu’il en existe. Car l’apparition même des varices implique une transformation dans la paroi des veines et dans le fonctionnement des valves. Ces veines ne fonctionnent plus, et en se dilatant les valves n’arrivent plus à garder leur mécanisme anti-pesanteur en fragmentant la colonne sanguine au niveau des jambes. Le sang n’est plus ramené vers le coeur et les valves fuient. Le sang stagne dans ce réservoir représenté par les veines superficielles et par les varices.

Quelles sont les techniques d’intervention chirurgicale ?

Il y a plusieurs techniques. Les classiques comme l’éveinage, qui comprend le stripping, les phlébectomies…

C’est-à-dire qu’on retire les veines affectées ?

On retire les veines affectées qui sont dilatées, les varices. On va interrompre la liaison entre le système veineux profond et le système veineux superficiel pour éviter que les varices se reforment. D’autres méthodes plus récentes sont l’ablation thermique avec le laser endoveineux ou la radiofréquence ainsi que la sclérose écho-guidée. Ou plus récemment encore la technique avec la colle biologique de type cyanoacrylate, qui n’est pas encore complètement validée en France.

90% du drainage sanguin est assuré par les veines profondes, ouf !

Ces veines retirées ne vont-elles pas manquer à une bonne circulation sanguine ?

Il s’agit de veines malades donc, une fois retirées, elles vont aider à la bonne circulation. Quand elles sont en bon état, les veines du système veineux superficiel sont responsables du drainage de seulement 10% du sang veineux vers le coeur et les poumons. Donc 90% du drainage est fait par le système veineux profond, des veines situées profondément dans les muscles.

Comment se passe le post-opératoire ?

Ce sont des suites simples. Un traitement antalgique anti-inflammatoire peut être administré au patient, associé à un traitement anticoagulant pour les méthodes thermiques. On peut avoir des ecchymoses en fonction du nombre de varices.

30% de récidive

Des varices sont-elles susceptibles de réapparaître après une intervention chirurgicale ?

Oui. Des patients présentent 30% de récidive après une première, une deuxième voire une troisième intervention chirurgicale car les facteurs de risque comme l’hérédité ne peuvent pas être changés. Et si on n’intervient pas sur d’autres facteurs de risque comme la profession et la prévention, les varices vont réapparaître. Par contre, les interventions chirurgicales proposées au patient en cas de récidive sont relativement plus simples – car il s’agit de retirer uniquement les varices -, de type phlébectomie ou sclérose avec la mousse pour éviter une intervention chirurgicale.

Quels conseils donner dans la vie quotidienne pour éviter l’apparition de varices, ou limiter leur gène ?

Eviter la sédentarité, réaliser une activité sportive régulière si ce n’est quotidienne. Garder une alimentation saine, éviter le surpoids et l’obésité. Réaliser un drainage déclive, avec la surélévation des membres pendant la journée, ou faire des mouvements de flexion-extension du pied qui font fonctionner la pompe musculaire du mollet et réalisent un drainage veineux vers le coeur et les poumons.

Porter des bas de contention… même si on n’a pas de varices !

Quelles sont les professions particulièrement à risque de provoquer des varices ?

Il s’agit de la restauration, des métiers qui impliquent une station debout ou assise avec une immobilisation.

Pour éviter les varices ou leur aggravation, il faut donc bouger ?

Il faut bouger car c’est la pompe musculaire qui est importante. Et éventuellement porter une contention élastique (NDLR: les fameux bas de contention délivrés en pharmacie sur prescription médicale, remboursés par la Sécurité sociale) même si nous n’avons pas une pathologie veineuse déjà existante. Cela diminue l’oedème en fin de journée, qui est physiologique, même pour les personnes saines. Et bien sûr éviter le surpoids et la mauvaise alimentation.

cet article vous a plu ?

Donnez nous votre avis

Average rating / 5. Vote count:

No votes so far! Be the first to rate this post.

Partagez vos commentaires.